Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard FrançaisFrançais 599, fol. 69v, Julia Caesar BNF
Il s’agit du soixante-dix-neuvième portrait de la galerie des cent-six Cleres et nobles femmes de Boccace, qui présente Giulia, fille de Jules César, mariée par ce dernier à Pompée, dont il recherche l’alliance politique.
Plutarque, dans la vie de Pompée, raconte l’attachement passionné de Julia pour son époux.
“Mais tout ce qu’il fit depuis ne prouva que trop qu’il s’était entièrement livré aux volontés de César. Car peu de temps après, contre l’attente de tout le monde, il épousa Julie, fille de César, déjà promise à Cépion, qui devait l’épouser bientôt ; et pour calmer le ressentiment de celui-ci il lui donna sa fille, dont le mariage avec Faustus, fils de Sylla, était arrêté. (…)
“Cette magnificence lui mérita de nouveau l’admiration et la bienveillance du peuple ; mais bientôt il ne fut pas moins l’objet de son envie, quand on le vit abandonner à ceux de ses lieutenants qu’il chérissait le plus ses gouvernements et ses armées, et passer son temps à se promener avec sa femme dans ses plus belles maisons de plaisance, soit qu’il fût toujours amoureux d’elle, soit qu’en étant tendrement aimé il n’eût pas la force de s’en séparer, car on en donne cette dernière raison.
“Il est vrai que l’amour de Julie pour Pompée était connu de tout le monde, non qu’il fût d’âge à être aimé si passionnément ; mais la tendresse de cette femme prenait sa source dans la sagesse de son mari, qui n’aimait point d’autre femme qu’elle, et dans sa gravité naturelle, qui n’avait rien d’austère et était tempérée par une conversation remplie de grâce, propre surtout à s’insinuer dans l’esprit des femmes ; car on ne peut révoquer en doute le témoignage que lui rendait sur ce point la courtisane Flora.
“Un jour d’assemblée pour l’élection des édiles, on en vint aux mains ; plusieurs personnes furent tuées auprès de Pompée, qui, étant tout couvert de sang, fut obligé de changer d’habit. Ses esclaves coururent rapporter chez lui ses vêtements souillés de sang ; leur précipitation ayant causé du trouble et du tumulte dans la maison, Julie, qui était enceinte, s’évanouit à la vue de cette robe ensanglantée ; elle eut beaucoup de peine à reprendre ses sens ; et l’inquiétude, la frayeur qu’elle avait eue, la firent avorter.
Cet accident inspira tant d’intérêt pour elle, que ceux qui condamnaient le plus l’attachement de Pompée pour César ne pouvaient blâmer sa tendresse pour sa femme. Elle devint grosse une seconde fois, et accoucha d’une fille ; mais elle mourut dans son travail, et l’enfant ne lui survécut que peu de jours. Pompée se disposait à la faire inhumer dans sa terre d’Albe, lorsque le peuple, usant de violence, emporta le corps au champ de Mars, moins pour faire plaisir à César et à Pompée, que pour témoigner la compassion que lui inspirait cette jeune femme ; et dans les honneurs qu’il lui rendait il paraissait en faire beaucoup plus pour César absent, que pour Pompée, qui était alors à Rome“.
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[i] Plutarque Les Vies des hommes illustres Pompée p 216 et p 223.
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