Le 22 janvier 1516, le roi François 1er et les reines[i], suivis de toute la cour, font leur entrée triomphale dans la ville de Marseille, devenue française depuis 1481. Les Marseillais réservent au roi et aux reines un accueil enflammé en dansant des morisques dans toutes les rues et sur toutes les places.
La danse de la Morisque: l’armée noire contre l’armée blanche
La Morisque fait son apparition au début du XVème siècle. Cette forme d’expression qui tient autant de la danse rituelle que du jeu dramatique, est en relations multiples avec le théâtre médiéval religieux ou profane[ii].
Katja Gvozdeba souligne que « tout en étant la danse la plus souvent mentionnée au XVe siècle, la morisque résiste aux tentatives de définition et de description (…) Le sens précis de ces chorégraphies rituelles n’est pas toujours facile à retrouver. […] Entre les différentes parentés thématiques […] il est extrêmement difficile de lire une structure ou une évolution ».
En effet c’est une danse qui, partie d’Espagne, se répand dans toute l’Europe où elle continue de survivre aujourd’hui sous diverses formes : en Angleterre avec la Morris Dance, en France avec la Morisque d’Istres, en Espagne, enItalie enfin avec la Morisque de Salento. A l’origine, la Morisque est un combat. Dans sa représentation la plus ancienne, elle a été exécutée à Lerida en Aragon, en 1150 : cette danse armée, exécutée à l’occasion d’un mariage royal, représentait « la confrontation entre deux rangs de combattants : l’armée blanche et l’armée noire ». Plus tard en Espagne, cette danse permet de présenter des représentations commémoratives de la « Reconquista ».
Dès l’origine ainsi, la Morisque est un tableau animé qui est une forme théâtrale de représentation. Le thème de cette « représentation » varie selon les Morisques et suivant les pays. Il varie également suivant la personne à qui elle est destinée : car c’est une danse-spectacle, souvent jouée par des acteurs professionnels, qui illustre en tableaux vivants des passages caractéristiques d’une œuvre ou d’une histoire. Il y a donc des centaines de Morisques distinctes qui représentent chacune des histoires ou des tableaux différents.
Le nom de Morisque n’a rien à voir avec l’expulsion des Morisques d’Espagne[iii] car c’est une forme d’expression qui lui est antérieure. Apparue au XVème siècle, elle lui est cependant liée par le fait qu’elle met en scène, sous forme de repoussoir le Maure, l’expression de « l’armée noire ». L’espace méditerranéen est en effet, au XVème siècle, tout entier dominé par les incursions sauvages sur tous les littoraux (d’Espagne et des Baléares, de Corse et de Sardaigne, de France, d’Italie) des corsaires barbaresques qui capturent des villages entiers pour les emmener en esclavage.
Le Maure devient théâtralement, l’expression rituelle de toutes les angoisses, de toutes les peurs. Dans les pays qui ne sont pas en rapport avec les Maures comme l’Adriatique, c’est la figure du Turc[iv] qui s’impose pour l’armée noire, alors que les arabes avec lesquels Venise est en relations commerciales[v] sont paradoxalement, l’armée blanche. On danse la Morisque dans les populations créoles de la première colonisation espagnole en Amérique mais l’armée noire y est représentée par les envahisseurs.
Vers 1480 Sculpture par Erasmus GRASSER (b. ca. 1450, Schmidmühlen, d. ca. 1518, München) diamètre 0,174 Stadtmuseum, Munich Photo Web Gallery of art Lien et Lien Musée
Car, si la Morisque s’impose partout, c’est qu’elle incorpore naturellement des contextes locaux : « elle ne se limite pas à mettre en scène le conflit entre les chrétiens et les musulmans : elle est capable d’exprimer toutes sortes d’oppositions ethniques et religieuses en modifiant souvent la distribution des rôles que le scénario de la Reconquista proposait » note Katja Gvozdeba. D’où la difficulté de comparer des Morisques de différents pays aux sujets ou tableaux très différents mais jouant une fonction identique dans l’imaginaire collectif.
Un exorcisme dans la danse
Car chaque peuple a ses peurs, ses angoisses qu’il s’agit d’exorciser. Dans ce derniers cas l’origine de la danse se situe dans des rites apotropaïques[vi] : il s’agit donc de phénomènes beaucoup plus anciens ayant repris les caractères, les personnages et la chorégraphie de la morisque.
Ainsi la morisque populaire de Salento en Italie, désignait le combat contre le poison de la tarentule, une araignée venimeuse qui provoquait le « tarantismo[vii] » soit des convulsions hystériques assimilables à l’épilepsie. La danse est un véritable exorcisme à caractère musical et théâtral.
La figure du Maure, du Turc, de l’armée noire, se confond avec l’image du mal absolu qu’il s’agit de vaincre ou de ridiculiser. « La perspective apotropaïque réduit au dénominateur commun nombre de différents scénarios dramatisant la lutte entre les valeurs positives de la communauté, propre identité ethnique ou religieuse, civilisation, santé, belle saison d’un côté et les valeurs négatives, étrangers, païens, dragons, épidémie, hiver etc. de l’autre », poursuit Katja Gvozdeba.
Pour symboliser l’homme noir ou sauvage, on utilise des visages noircis, des grelots, des tenues exotiques parfois très onéreuses[viii].
Cette approche apotropaïque est aujourd’hui partagée par la plupart des historiens de la morisque. Cette danse puiserait ses racines dans le fond des âges qui aurait emprunté les codes de la morisque. La danse met en scène des rangs de danseurs, armés d’épées ou de bâtons qui s’opposent symboliquement : l’armée blanche et l’armée noire.
Le rôle de la femme
Et puis vient la femme. Car « Si certains affirment que c’est la bataille entre le bien et le mal des rites apotropaïques qui constitue la forme embryonnaire de cette danse, ce qui fait ressortir le modèle des rangs guerriers comme primaire et la ronde comme secondaire, d’autres considèrent au contraire «la ronde de fertilité des rites apotropaïques» comme le noyau à partir duquel la morisque s’est développée » note Katja Gvozdeba.
La ronde rituelle qui entoure un personnage ou un objet a une signification différente : elle crée, au contraire de la précédente « un espace sacré de l’adoration ». Elle intervient lors des fêtes saisonnières (le carnaval, les coutumes du cycle de mai[ix]) ou des rites de passage (les noces par exemple). Ainsi note Katja Gvozdeba, « si la forme circulaire de la morisque dont on a vu l’origine dans les rondes magiques de fertilité exprime l’aspiration vers l’Autre dont on se rapproche (le printemps, la femme), la forme martiale des rangs qui relève du geste apotropaïque remplit la fonction du rejet de l’Autre maléfique (envahisseur, hiver, épidémie).
Comme les différentes mises en scène de la morisque le démontrent, les deux formes, guerrière et érotique, peuvent se manifester indépendamment l’une de l’autre, mais elles peuvent aussi être combinées dans le cadre de la même représentation, le mal repoussé par les rangs des combattants, le bien entrant en scène comme une figure féminine, ce qui amène à la chorégraphie de la ronde. » Il peut donc y avoir des morisques d’hommes qui opposent des combattants (Morris Dance) et des morisques combinant des hommes dansant autour de femmes qui vont constituer progressivement la chorégraphie de base de nombreuses morisques.
Dans cette chorégraphie, les hommes dansent en rond autour d’une femme en exprimant des gestes désordonnés et grotesques. Il s’agissait d’une forme de dérision permettant de ridiculiser l’adversaire : l’armée noire, l’épidémie, le Mal…
Le rôle du Fou
L’apparition du fou, qui est un des personnages typiques de la Morisque est à relier à la ronde des jeunes compagnons : le fou pourrait incarner « l’esprit joyeux de la jeunesse dont les corporations se présentent comme des sociétés de fous et de sots. En même temps, dans la chorégraphie de la danse le fou est tourné vers le public, tandis que les figures masculines sont toutes tournées vers la jeune fille : le rôle du fou dans le cadre de la danse rituelle des jeunes reviendrait à mettre en valeur le double aspect, à la fois fascinant et dangereux du mariage».
St. Josaphat Speculum historiale (BNF Fr. 51, fol. 171), 1463
Ces éléments permettent de dresser les deux principales interprétations de la morisque : des rangées d’hommes armés de bâtons ou d’épées, se confrontent dans une lutte contre le mal d’une part et d’autre part, des rondes rituelles autour d’une femme située au centre, qui tient un anneau ou une pomme : c’est une danse de combat et de séduction dans laquelle les hommes tentent d’acquérir l’anneau ou la pomme, tandis que le fou est expulsé du groupe[x].
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=htpM_id7KSQ[/youtube]
La morisque est donc une danse, principalement populaire, qui disparaîtra du vocabulaire chorégraphique entre la renaissance et l’âge classique, au profit d’autres formes d’expression artistique. Elle survit néanmoins aujourd’hui à travers diverses danses folkloriques comme la Morris Dance, la danse morisque d’Istres en Provence ou les danses d’épée en Italie du nord, en Bosnie et en Croatie.
Mais la morisque est également un spectacle et une danse vivante. En tant que spectacle, elle permet de réaliser des tableaux animés pour toutes les grandes manifestations aristocratiques de la Renaissance, pour lesquels le scénario chorégraphique lui est emprunté. On oppose alors l’armée blanche ou croisée à l’armée noire maure ou l’on se confronte avec les peuples sauvages comme dans le divertissement de Binche[xi].

L’armée des Courtisans face aux Sauvages Divertissement de Binche 1549 Photo de l’oeuvre par JoJan – artwork by anonymous via Wikimedia Commons Article du site Binchen Images
La morisque participe également du culte des valeurs, comme le rappelle l’humaniste Giambattista Giraldi Cinzio (1504-1573), dans « L’homme de cour »: L’auteur recommande aux jeunes combattants de pratiquer la morisque afin de canaliser leur violence et de s’interdire les combats privés et il illustre ce conseil par l’exemple suivant : « Chez les Romains, des prêtres appelés Saliens, en sacrifiant à Mars, leur dieu de la guerre, maniaient les épées et les boucliers en une mesure de temps bonne et appropriée comme nous le voyons faire aujourd’hui dans des moresques, par des mouvements du corps vigoureux et légers en temps de musique[xii]».
On peut se demander du reste si la présence du Maure avec un bandeau, dans le drapeau corse, bien que personne n’ait fourni cette filiation, ne rappelle pas celle du visage noirci avec un bandeau de la morisque, très vivante en Corse comme le rappelle Ferdinand Gregorovius[xiii], cité par Ludmila ACONE : « Pour un peuple libre et viril, je ne connais pas de plus noble distraction que la Moresca, qui est comme la fleur poétique du courage militaire. C’est le seul drame national des Corses, qui, n’ayant pas d’autres plaisirs, représentaient par la danse les hauts faits de leurs ancêtres sur le sol même autrefois baigné par leur sang»[xiv].
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La morisque de cour
La morisque de cour emprunte à la morisque populaire son rythme binaire et ses claquements de talons en tenant les doigts de pied fermés. On y retrouve les visages noircis, les grelots attachés aux jambes : les danseurs se font face en exécutant des pantomimes et en frappant le sol ou les armes de leurs adversaires en cadence. S’agissant d’une représentation à caractère théâtral, toutes formes d’activités humaines peuvent être présentées, le principal étant de respecter le rythme de la musique et la cadence des autres danseurs.
Ludmila ACONE note qu’en 1475, à Pesaro, lors des noces de Costanzo Sforza et de Camilla d’Aragona, les convives assistent à une morisque qui présente tous les aspects du rituel paysan et du travail agricole :
« Douze jeunes aux courts habits blancs […] font une danse joyeuse en forme de morisque […]. Ils font semblant de piocher, de semer et de moissonner et de remplir des sacs de blé et de foin […] et travaillent avec leurs « divers outils agrestes, dorées et argentés » respectant tous « le temps et la mesure, et toujours dansant avec un très bel ordre.
Elle poursuit par un autre exemple : en 1455, Domenico da Piacenza organise certaines danses pour la fête de mariage de Tristano Sforza, en particulier deux morisques. La première mettait en scène six danseurs, ici apparemment des professionnels, aux visages et aux mains noircies, la bande blanche autour du front, la veste de même couleur, les sonnettes et les jeux d’épée. Lors de la seconde, les visages noircis sont remplacés par des masques, les épées par des bâtons. »
Danser la Moresque pour un courtisan est parfaitement accepté pour Baldassarre Castiglione. Mais il doit pratiquer cette danse de façon stylisée sans se mêler au vulgaire, soulignant implicitement au passage que les deux formes de morisques populaire et aristocratique, coexistaient. S’il veut pratiquer la moresque populaire, il doit être masqué : « En privé dans une chambre (…) il lui est permis, (au Courtisan) de danser les morisques et branles ; mais il ne doit pas le faire en public, à moins d’être travesti. Car de cette manière, bien qu’il fasse en sorte que chacun le reconnaisse, il ne fâche personne ; au contraire, pour se montrer dans de tels exercices dans les spectacles publics, avec ou sans armes, il n’y a point de meilleur moyen que celui-ci, car le travesti permet une certaine liberté et licence ».
La danse morisque – Israhel Van Meckenem 1475 – Gravure diamètre 0,174 m. Stadtliche Museen Berlin – Photo Web Gallery of art
La morisque de cour, stylisée, offre l’illustration allégorique d’un spectacle dansé par des professionnels. Ludmila ACONE donne ainsi l’exemple des fêtes du carnaval d’Urbino en 1513 raconté par Baldassarre Castiglione. On veut y célébrer la victoire du nouveau duc d’Urbin Francesco Maria della Rovere contre les Français :
« Il apparût un homme armé dansant une très belle moresque et brandissant une épée nue, qui, après avoir écarté de l’Italie, comme s’il leur portait des estocades et d’autres coups, tous ces barbares qui l’avaient pillée, revint vers elle, en dansant toujours sur un rythme d’une très belle moresque, lui posa de nouveau une couronne sur la tête et, l’ayant revêtu d’un manteau royal et doré, l’accompagna hors de la scène, sur le même pas de danse »
La morisque polymorphe, danse de combat, danse de séduction, théâtre de cour, a aujourd’hui disparu. Mais c’est un facteur de l’identité provençale.
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Il est particulièrement difficile d’identifier aujourd’hui des musiques et des danses qui permettent de comprendre ce qu’était la Morisque sous la renaissance. On sait qu’il y avait un musicien, qui jouait alternativement d’un instrument (flute ou luth) ou du tambourin et qu’il était accompagné des grelots attachés aux jambes des danseurs qui claquaient des talons en cadence. Ces danseurs frappaient leurs épées ou leurs bâtons sur un rythme binaire mais ils pouvaient également danser en ronde autour d’une femme tenant une orange ou un anneau.
En fait on peut retrouver d’un côté des musiques, souvent plus tardives et des danses, ayant incorporé les registres folkloriques locaux[xv]. On pourrait s’en faire une idée en tentant d’inventer un mix des deux comme le fit Zeffirelli avec la Maurée dans Roméo et Juliette.
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Mais la Morisque est avant tout un spectacle de rue. Pourquoi ne pas tenter de la ressusciter, à Marseille ou ailleurs en Provence, par une fête de la morisque pour revisiter le séjour royal de François 1er ?
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[i] Claude de France, l’épouse de François 1er, Louise de Savoie, sa mère et Marguerite d’Angoulême, sa sœur.
[ii] Voir à ce sujet le remarquable article de Katja Gvozdeba de l’Université Humboldt de Berlin : « Les rangs et les rondes de la morisque dans le Chastel de joyeuse destinée »
[iii] Voir à ce sujet l’article très complet « Les morisques au XVIème siècle » du Centre Interdisciplinaire d’Etudes du Religieux : les morisques sont les descendants des « mudejar », sujets musulmans que la « Reconquista » faisait passer sous l’autorité de princes chrétiens. Le décret de l’Alhambra signé en 1492, trois mois après la conquête de Grenade par les Rois Catholiques, avait décidé l’expulsion des juifs d’Espagne. L’expulsion des Morisques d’Espagne fut exécutée elle, entre 1609 et 1612.
[iv] Avec le sultan Mehmed 1er, la totalité des Balkans passe sous contrôle Ottoman et en 1460, ce sont les despotats de Serbie et de Bosnie, à la frontière vénitienne.
[v] L’essentiel de la richesse de Venise était lié au commerce des Epices dont le sultanat Mamelouk du Caire détenait le Monopole pour les arabes, Venise en détenant le monopole pour l’occident chrétien. Voir l’article sur ce site sur « L’Ambassade de Louis XII au Soudan d’Egypte ».
[vi] Du grec « apotropaios » qui signifie détourner les maux. Selon le Larousse, se dit d’un objet ou d’une formule servant à détourner vers quelqu’un d’autre des influences maléfiques.
[vii] Voir à ce sujet l’article sur Wikipedia en italien « Tarantismo » qui décrit les origines païennes et chrétiennes de cette danse qui se pratiquait également en Espagne.
[viii] Les Comptes et mémoriaux du roi René font apparaître des sommes élevées pour le paiement des costumes de danses morisques.
[ix] Voir l’article Wikipedia sur L’arbre de Mai : il s’agit d’un rite de fécondité lié au retour de la frondaison.
[x] Voir l’article Historia
[xi] Le divertissement de Binche, en Wallonie, fut offert en 1549 à l’occasion du triomphe organisé pour Philippe, le fils de Charles Quint, qui venait de faire le tour de ses Etats à la demande de Charles Quint. Un divertissement fut organisé au Palais, en forme de danse moresque entre deux rangs de danseurs : les chevaliers-courtisans (l’armée blanche) et les hommes sauvages (l’armée noire). Ce divertissement montrait la forte influence que la moresque avait acquise dans la sphère aristocratique tout en changeant de nature et en prenant une dimension allégorique.
[xii] Voir l’article « Le corps de l’homme en mouvement entre danse et combat : le courtisan dans les cours italiennes de la Renaissance » par Ludmila ACONE, doctorante en Histoire médiévale. Texte de communication présenté lors de la Journée d’études : «Le corps et ses genres. Les dimensions corporelles des différences sexuées », organisée à Paris les 1er et 6 juin 2009. Texte revu, septembre 2009.
[xiii] Ferdinand Gregorovius, Corsica, Bastia,Ve E. Ollagnier, 1883-1884.
[xiv] La présence de la Morisque en Corse est attestée à travers de nombreux témoignages artistiques, des musiques, des danses ou des arrangements dramatiques mêlant tous les genres (voir sur Youtube la vidéo « A Moresca di Corsica » spectacle mis en scène par Jean Pierre Lanfranchi). La Corse a vécu, à travers son occupation par les Maures, puis sa libération, une histoire équivalente à celle de la Reconquista en Espagne. Il n’est donc pas surprenant que cette danse soit arrivée en Corse, en y empruntant des caractères culturels spécifiques à l’âme corse.
[xv] Il convient de faire la différence entre la danse moresque, encore pratiquée dans le nord de l’Italie, sous sa forme de danse des épées et le spectacle des Moresche de la région napolitaine. Comme le rappelle très justement extramuros dans une conversation de 2007 sur le site apermutam.org ou Forum des Musiques Médiévales, les Moresche ne sont pas des danses, mais des pièces polyphoniques conçues comme des imitations de farces de la commedia de l’arte napolitaine. Il s’agît de dialogues assez vivants. qui alternent des fragments mélodiques très variés, parfois aussi à l’allure de danse, mais très courts et contrastés. La confusion vient du fait que, avec le mot Moresca, on indiquait à Naples un genre de chanson ou de farce comique au language très explicite, qui avait comme personnages principaux des esclaves maures (notamment turcs).
[…] danse morisque représentée dans le dessin ci-dessus (voir Les Danses morisques sur ce Blog), offre ce même caractère de danse déhanchée grotesque. Mais, dans la danse […]