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Paulina, victime d’Agrippine

26 mars 2016 by Philippe Laisser un commentaire

 

Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard FrançaisFrançais 599, fol. 77v, Paulina taillant un vêtement BNF

Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard FrançaisFrançais 599, fol. 77v, Paulina taillant un vêtement BNF

 

Il s’agit du quatre-vingt-douzième portrait de la galerie des cent-six Cleres et nobles femmes de Boccace, qui  présente Lollia Paulina, une très belle romaine riche, troisième femme de Caligula, que ce dernier répudia car elle ne pouvait pas avoir d’enfant. Dix ans plus tard, l’empereur Claude songe à se remarier, après la mort de sa première épouse Messaline. On évoque alors le nom de Lollia Paulina, parmi les épouses possibles, avant de s’arrêter finalement sur celui d’Agrippine, la fille de Germanicus et l’arrière petite fille de l’empereur Auguste.

L’écrivain romain Dion Cassius, raconte les premiers jours après la prise de pouvoir de l’empereur Claude[i]:

« Par suite de ces révélations, Claude revint en hâte à Rome, et, à peine arrivé, livra au supplice un grand nombre de citoyens, entre autres Mnester, et fit mourir Messaline elle-même, {retirée dans les jardins d’Asiaticus, jardins qui n’avaient pas peu contribué à la perte de leur maître}. Peu après, il épousa sa nièce Agrippine, mère de Domitius surnommé Néron: elle était belle, visitait souvent l’empereur, s’entretenait en particulier avec lui, en sa qualité d’oncle et se conduisait à son égard d’une façon trop tendre pour une nièce. {Silanus avait la réputation d’homme de bien, et Claude l’estimait si fort, qu’il le décora, encore enfant, des ornements triomphaux, lui fiança sa fille Octavie, le nomma préteur bien avant le temps fixé par les lois, fit les frais des jeux que Silanus devait donner, jeux pendant lesquels il vint lui-même, comme un chef de parti, lui demander une permission, et ordonna à haute voix tout ce qu’il s’apercevait que le peuple désirait. Mais Claude fut tellement esclave de ses femmes, que, pour elles, il tua ses deux gendres.}

32] Agrippine ne fut pas plutôt dans la demeure du prince que, femme habile à tirer parti des choses, elle s’empara de l’esprit de Claude et s’attacha par la crainte ou par de bons offices ceux qui avaient quelque bienveillance pour lui.(…)

Agrippine élevait son fils} pour être le maître un jour, lui donnait Sénèque pour précepteur, lui amassait des richesses incalculables, sans reculer devant aucun moyen, même les plus infâmes, de se procurer de l’argent, caressant tout le monde, pour peu qu’on fût riche, et faisant périr plusieurs citoyens pour ce seul motif. Il y eut aussi des femmes illustres qui furent victimes de sa jalousie; c’est ainsi que Paulina Lollia fut punie de mort pour avoir autrefois eu quelque espérance d’épouser Claude« .

Voici comment Virginie Girod évoque  Lollia Paulina et les motifs de son élimination par Agrippine[ii] :

«  »La deuxième tête qu’Agrippine fit tomber dès son installation au palais, fut celle de Lollia Paulina. Cette femme belle, noble et riche, avait été l’épouse de Caligula. On peut supposer sans prendre de grands risques que la haine d’Agrippine remontait aux années 30. Ses mauvais sentiments s’étaient rallumés quand Calliste avait proposé à Claude de l’épouser. 

En théorie, Agrippine n’avait rien à redouter de celle que Claude avait éconduite. Voulait-elle sa mort parce qu’elle en était jalouse ou profitait-elle de l’occasion pour mettre la main sur sa fortune ? 

Toujours est-il qu’Agrippine lui trouva des délateurs pour l’accuser d’avoir consulté des mages et la statue d’Apollon de Claros au sujet de son mariage avec Claude. Ces pratiques étaient alors interdites à Rome (bien que nombreux étaient ceux qui avaient recours à la voyance en cachette, y compris dans la Domus augusta). Claude lui-même, se laissa gagner par la haine contagieuse d’Agrippine et accusa l’infortunée d’avoir de funestes projets pour l’Etat. 

Lollia Paulina vit ses biens lui être confisqués avant d’être exilée. Peu de temps passa avant qu’un tribun ne vienne la trouver dans sa retraite forcée pour trancher son joli cou« .

 

________________

[i]  Dion Cassius Histoire romaine Livre LX 32

[ii] Virginie Girod Agrippine – Sexe, crimes et pouvoir dans la Rome Impériale, Tallandier 2015.

Classé sous :Boccace, Une image Une histoire Balisé avec :Robinet Testard

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Qui suis-je

logo.jpg Après une première vie dans la Finance, je me suis reconverti dans l'écriture. Ma spécialité c'est l'Histoire. Mon genre ? Le roman historique.

Mon nom ? Philippe Gendre. J'ai adopté un nouveau nom, Gratien, car ma nouvelle vie est totalement indépendante de la précédente : c'est une re-naissance d'où l'époque historique de mon premier roman.

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