Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard Français 599, fol. 27v, Penthésilée BNF
Il s’agit du trentième portrait de la galerie des cent-six Cleres et nobles femmes de Boccace, qui aborde ici le mythe de Penthésilée, la reine des Amazones, d’ascendance divine, fille d’Otrérès et d’Arès, qui vint au secours de Troie et vint mourir de la main d’Achille. Selon Pline l’ancien, elle a inventé la hache.
Le site Mediterranées.net dans son article sur Penthésilée, rapporte les variantes de la littérature grecque sur ce personnage[i] :
“Selon Appolodore, Epitome, 5. 1-2,
“Penthésilée, la fille d’Otrérès et d’Arès, avait tué involontairement Hippolyté, et elle avait été purifiée par Priam. Au combat, elle tua de nombreux [ennemis], et parmi eux, Machaon. Plus tard, elle mourut de la main d’Achille, lequel, après sa mort, tomba amoureux d’elle et tua Thersite qui se moquait de lui.
“Hippolyté était la mère d’Hippolyte ; on l’appelait aussi Glaucé et Mélanippé. À la cérémonie de mariage de Phèdre, Hippolyté se présenta armée, en compagnie de ses Amazones, et elle déclara qu’elle avait l’intention de tuer les hôtes de Thésée. Un combat éclata et elle mourut. C’est sa compagne Penthésilée qui la tua, sans le vouloir, ou bien Thésée ou bien encore ses compagnons : face à l’attitude des Amazones, ils se hâtèrent de refermer les portes, la neutralisèrent à l’intérieur et la tuèrent.
“Selon Diodore de Sicile, Bibliothèque II, 46-47,
“Cependant on raconte que, plusieurs années après l’expédition d’Hercule, on remarqua dans la guerre de Troie Penthésilée, fille de Mars et reine des Amazones, qui avait échappé à l’extermination ; qu’elle s’était enfuie de sa patrie pour se soustraire à la vengeance d’un meurtre, et que, combattant vaillamment dans les rangs des Troyens, après la mort d’Hector, elle tua un grand nombre de Grecs, et tomba enfin glorieusement sous le fer d’Achille. Ce fut la dernière Amazone renommée pour son courage ; ce qui restait de cette nation a fini par disparaître entièrement.
“Selon Pausanias, Periegesis, X 31,
“Au-dessus de Sarpédon et de Memnon, Polygnote a représenté Pâris, jeune encore et sans barbe ; il bat des mains d’une manière assez rustique, et par ce bruit il semble inviter Penthésilée à approcher. Penthésilée le regarde, mais on juge à son air qu’elle n’a que du mépris pour lui. Sa figure est celle d’une jeune vierge ; elle tient un arc tout semblable à ceux des Scythes, et une peau de léopard lui couvre les épaules.
(Le mépris de l’héroÏne est probablement dû à l’offre d’argent que Pâris lui fait pour la persuader à rester à Troie : en effet, on le verra, elle voulait rentrer chez elle – note de l’auteur de l’article).
“Selon Quintus de Smyrne, Posthomerica, 1. 18 sqq,
“C’est alors que, laissant les bords profonds du Thermodon, parut Penthésilée, semblable aux déesses ; elle aimait les guerres cruelles, et voulait en même temps sous les murs de Troie échapper à la honte et aux reproches de sa nation ; car elle avait tué sa soeur Hippolyte, éternel objet de ses regrets ! elle l’avait tuée à la chasse d’un coup de javelot, sans le vouloir, en poursuivant une biche. La guerrière, animée du souffle d’Arès, venait donc sur la terre de Troie, pour se purifier de la souillure du meurtre et apaiser les Erinnyes terribles, qui, au nom de sa soeur, la suivaient sans relâche dans l’ombre. Car ces déesses ne quittent jamais la trace des impies et le criminel ne les évite jamais. Avec elle étaient venues douze autres guerrières, toutes nobles, tout amoureuses de la guerre et des combats sans trêve ; elles lui obéissaient, quoique nobles, et au-dessus d’elles brillait Penthésilée.
“Telle que, du haut de l’Olympe éternel, l’Aurore, fière de ses chevaux blancs, s’élance avec les Heures aux beaux cheveux et les surpasse toutes par sa beauté brillante, quoiqu’elles soient belles ; ainsi Penthésilée vint dans la ville de Troie, belle entre toutes les Amazones. Autour d’elle les Troyens se précipitaient et, pleins d’étonnement, contemplaient cette fille de l’insatiable Arès, aux jambes bardées de fer, semblable aux déesses ; son visage terrible était doux quand elle souriait ; à l’ombre de ses sourcils, ses yeux charmants brillaient comme les rayons du jour ; la pudeur rougissait sa joue, sur laquelle une grâce divine s’épanouissait au milieu d’une mâle énergie, et tout le peuple était rempli d’allégresse, malgré sa longue affliction.
“Ainsi le peuple troyen, en contemplant dans ses murs la terrible Penthésilée pleine d’ardeur pour les combats, se livrait à la gaieté. Car l’espérance, en entrant dans le coeur de l’homme, en bannit bientôt la tristesse. Dans l’âme de Priam jusqu’alors triste et désolée naquit aussi un peu de joie.
“Il avait de la joie, mais il avait plus de peine encore à cause de ses fils massacrés. Il conduisit la reine dans sa demeure et l’honora, avec une grande bienveillance, comme une fille qui serait revenue vers lui après vingt ans. Il lui fit servir un repas somptueux, tel qu’en offrent les rois généreux lorsqu’après avoir soumis les peuples ils se livrent à la joie du festin en l’honneur de la victoire. Il lui donna des présents beaux et riches, et lui promit de lui en donner plus encore si elle secourait les Troyens abattus. Et elle promit, promesse que nul homme n’avait faite ! de vaincre Achille et, après avoir détruit les troupes nombreuses des Argiens, de brûler leurs vaisseaux. Insensée ! elle ne connaissait pas le terrible Achille et sa force invincible dans les combats des guerriers.
(Cette confiance fera naître l’amère compassion d’Andromaque, qui vient de perdre son mari Hector – note de l’auteur de l’article).
“Selon Tzetzes, Posthomerica, 14
“Hellanicus, Lysias et d’autres écrivains dignes de foi disaient que Penthésilée vint à Troie pour démontrer sa valeur, augmenter sa gloire et pour se marier. En effet elles ont la coutume de monter sur le lit des hommes qu’elles ne parviennent pas à vaincre au combat. Ils disent donc qu’alors Penthésilée arriva à Troie“.
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[i] Site mediterranees.net: Penthésilée dans la littérature gréco-romaine classique.
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