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Proba Falconia, l’art du centon

27 mars 2016 par Philippe Laisser un commentaire

Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard FrançaisFrançais 599, fol. 83, Anicia Faltonia Proba BNF

Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard Français 599, fol. 83, Anicia Faltonia Proba BNF

Il s’agit du quatre-vingt-dix-septième portrait de la galerie des cent-six Cleres et nobles femmes de Boccace, qui  évoque une poétesse du IVème siècle de notre ère, Proba Falconia, sous le règne d’Honorius (384-423).

“On sait peu de chose de Proba, et encore sont-elles incertaines. Proba Falconia vécut au IVème siècle, sous le règne d’Honorius ; épouse de Claudius Celcinus Adelphus préfet de Rome, elle s’est convertie au christianisme, devint poétesse et composa à la toute fin du IVème siècle un centon, “Cento Vergilianus de laudibus Christi”, souvent appelé L’Histoire sainte , composée de six cent-quatre-vingt-quatorze hexamètres virgiliens.
“Il s’agit à la fois d’un récit épique et d’une prière lyrique, composé en diptyque, récit de la Création et récit de la Passion,  entrecoupé de vers à la première personne où s’épanche l’énonciatrice, après un renoncement à l’épopée profane dans le  proemium. Pour comprendre comment s’est fixée, à la fin de l’empire romain, cette forme singulière du centon, l’explication la plus sûre est la définition qu’en donne Ausone dans la lettre-préface à son Centon nuptial.
Le centon virgilien apparaît aux premiers siècles de l’ère chrétienne mais pas seulement en contexte chrétien, comme le prouve justement le centon ausonien. Sous couvert d’une « nonchalante dépréciation », Ausone donne une définition sous forme de récit, récit de sa propre pratique du centon virgilien auquel il recourt pour écrire un épithalame, le Cento nuptialis. 
Dans sa lettre-préface, Ausone énonce les règles qui feront foi pendant des siècles : « La charpente, pour ainsi dire, du poème, se constitue de multiples passages et phrases différentes,agencées de façon que, soit deux demi-vers se joignent en un seul, soit un vers entier et le demi- vers suivant se joignent à un demi-vers. Car il serait maladroit de placer à la file deux vers qui se suivraient  originellement ; quant à une séquence de trois vers, ce serait pure sottise ». Le centon est donc un poème composé exclusivement de citations brèves, agencées selon les lois de l’hexamètre dactylique. La longueur des fragments cousus ensemble est extrêmement contraignante. La source des extraits semble être limitée à Homère et Virgile, pour lui, il s’agit d’un jeu (comme un jeu d’osselets) qui prête à rire et sans valeur, mais qui est réussi si l’agencement crée un effet de continuité à partir des lambeaux, décrivant donc, sous couvert de facilité ludique, une vraie prouesse littéraire, syntaxique et rythmique“[i]. 
“Condamnée sévèrement par Jérôme, qui souhaitait expulser Proba et les autres auteurs de centons hors de l’univers chrétien, Proba se retrouve de fait sans cesse louée, copiée, étudiée puis imprimée du milieu du Moyen-Âge jusqu’à la fin du XVème  siècle. Elle est devenue un exemple dans les listes de femmes célèbres et un argument permanent pour prouver la capacité créatrice des femmes“.

Michele Clément précise que “à partir de Boccace qui a consacré à la vie de Proba le chapitre 97 du De claris mulieribus (1374), intitulé De Proba Adelphi Coniuge (« Sur Proba, femme d’Adelphus »), Proba fait partie de presque toutes les listes de femmes célèbres de l’Ancien Régime. Christine de Pisan fait son éloge dans le chapitre 29 du premier livre de sa Cité des dames (1401) sous le nom de « Probe la romaine ». Les humanistes, à l’exception d’Érasme, vont en général la louer, depuis Symphorien Champier dans sa Nef des dames vertueuses (1503), Ortensio Lando dans ses Forcianæ Quæstiones (1550), Hélisenne de Crenne dans ses Epistres familieres et invectives (1539) jusqu’à Henri Estienne dans ses Parodiae morales et centonum exempla (1575)”.

 

 

 

 

 


________________

[i] Voir notamment l’article Proba Falconia sur le site Siefar.org par Michele Clément. Voir également du même auteur, l’article sur Academia.edu. En ce qui concerne le texte du centon lui-même, on pourra le trouver sous le lien suivant: Centones Virgiliani Ad Testimonium Veteris Et Novi Testament. 

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Catégorie(s) : Boccace, Une image Une histoire Étiqueté : Robinet Testard

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logo.jpg Après une première vie dans la Finance, je me suis reconverti dans l'écriture. Ma spécialité c'est l'Histoire. Mon genre ? Le roman historique.

Mon nom ? Philippe Gendre. J'ai adopté un nouveau nom, Gratien, car ma nouvelle vie est totalement indépendante de la précédente : c'est une re-naissance d'où l'époque historique de mon premier roman.

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