Le nom des Borgia est presque devenu synonyme de crime, d’inceste, de népotisme, de simonie. A un tel point que leur nom même apparaît diabolique et suscite l’effroi. Il s’agit aujourd’hui de démêler le vrai du faux pour tenter d’expliquer les motifs de la légende noire des Borgia. Pourquoi le mythe des Borgia est-il toujours aussi fort cinq cents ans plus tard à un tel point que Victor Hugo lui édifiera une pièce de théâtre et que plusieurs séries télévisées lui sont aujourd’hui consacrées ?
Avant de lire cet article ou après, le lecteur est invité à lire les 5 articles de ce Blog consacrés aux Borgia :
L’ascension des Borgia : de Calixte III à Alexandre VI
La saga des Borgia 1 : Giulia Farnese
La saga des Borgia 2 Lucrece Borgia
La saga des Borgia 3 Cesar Borgia Première partie Le cardinal de Valence
La saga des Borgia 3 Cesar Borgia Deuxième partie Le duc de Valentinois
Lucrece Borgia drame de Victor Hugo Affiche du théatre de la porte Saint-Martin 1833 Image Gallica BNF
Le Pape : autorité spirituelle ou temporelle
Le Pape est pour la Chrétienté une autorité spirituelle qui détient un contrôle hiérarchique et financier sur les ecclésiastiques de tous les pays chrétiens. En ce sens, le Pape s’ingère dans la politique des Etats à travers les dignitaires religieux qui, dans chaque pays, exercent un réel pouvoir. D’autant plus que les clefs du savoir sont, jusqu’à la Renaissance, exclusivement détenues par l’Eglise.Les hauts dignitaires des administrations royales sont souvent des clercs ou des dignitaires ecclésiastiques. L’université de Paris est sous le contrôle de l’Evêque de Paris et ses programmes régentée par le Pape (voir l’article sur ce Blog L’Université de Paris : un corps de maîtres jaloux de ses privilèges).
Pourquoi l’Eglise a-t-elle des territoires sous son contrôle à la renaissance ?
La reconquête par les byzantins de l’Italie sur les Goths au VIème siècle organise l’Exarchat de Ravenne, sous domination Byzantine, en 567. Les territoires italiens de l’Exarchat sont progressivement grignotés par les Lombards qui conquièrent définitivement Ravenne en 751.
A cette date, les territoires de l’Exarchat dans la région de Rome, sont passés sous l’autorité du Pape. Les Etats de l’Eglise vont, du nord au sud, de la région de Viterbe jusqu’à Terracina, à la frontière des duchés de Traetto et de Bénévent (soit environ 170 km) et d’ouest en est, de Terracina, sur la côte méditerranéenne, à Sora près du Monte Cassino (soit 70 km). Puis les Etats de l’Eglise sont intégrés à l’empire de Charlemagne.
Italie en 1100 Carte créée avec Euratlas Periodis Expert © Euratlas-Nüssli 2010, tous droits réservés
De 800 à 1176, date de la paix de Venise, les Etats pontificaux sont intégrés au Saint Empire romain germanique qui reconnait l’indépendance de ces derniers. L’Eglise s’étend alors de la Méditerranée à l’Adriatique, d’ouest en est, de Rome à Ancône (300 km), et du nord au sud, d’Orvieto à Terracina (160 km).
Au treizième siècle, les Etats pontificaux atteignent leur extension maximale en englobant Ferrare et Bologne, qui sont soustraits au Saint-Empire, tandis que les villes à l’ouest de la frontière, soit Sienne, Florence et Modène restent sous contrôle du Saint Empire.
A partir de 1400, les cités-Etats les plus importantes, soit Venise, Milan, Florence et Sienne, tendent à s’agrandir aux dépens des villes moins florissantes, tandis que dans les Etats de l’Eglise, au contraire, tend à se développer une féodalité nouvelle que les Papes sont dans l’impuissance de contenir. Cette tendance est le résultat de l’affaiblissement de l’Eglise lié au grand schisme occidental qui va durer pendant quarante ans de 1378 à 1425. Des condottieres et des familles influentes dans chaque cité, en profitent pour capturer le pouvoir (les Baglioni à Pérouse, les Malatesta à Rimini, les Montefeltre à Urbin, les Bentivoglio à Bologne, etc…). Cette féodalité nouvelle vient concurrencer les grandes familles romaines qui s’étaient constituées d’immenses fiefs : les ducs d’Orsini à Bracciano, les Colonna aux Monts Albins (lac d’Albano), les Caetani autour du duché de Sermoneta (à 30 km au sud du lac d’Albano).
Carte Etats pontificaux 1400 arte créée avec Euratlas Periodis Expert © Euratlas-Nüssli 2010, tous droits réservés
Dans les campagnes de l’Italie centrale, fleurissent alors les guerres privées, le brigandage et l’anarchie. Les Papes successifs ajoutent encore au désordre en désignant des proches comme seigneurs de cités qui, tout en devant s’acquitter annuellement d’un cens à Rome, deviennent alors quasiment indépendantes. C’est le cas à Ferrare, où les Este, vicaires de l’Eglise, sont nommés par le Pape ducs de Ferrare et prennent leur indépendance et à Forli, donnée par le pape Sixte IV à son neveu Girolamo Riario, marié à Caterina Sforza.
Quand les Borgia arrivent au pouvoir, la question de la reconquête de l’Italie pontificale sur les seigneurs féodaux se pose avec insistance depuis plusieurs générations, sans qu’aucun pape n’ait vraiment les ressources intrinsèques (moyens financiers et militaires) pour y parvenir.
L’enjeu de la reconquête de l’espace intérieur italien pour les Papes, c’est de rétablir l’ordre, augmenter les ressources de l’Eglise et renforcer la puissance des Etats pontificaux.
La puissance temporelle de l’Eglise est-elle légitime ?
L’idée d’un pouvoir temporel territorial n’est pas partagée par tous.
Les accords de Latran en 1929, ont limité le territoire géographique de l’Eglise au Vatican, soit un simple quartier de Rome.
Au début du seizième siècle cependant, personne ne conteste au Pape de régner sur un territoire géographique.
En réalité, le Pape qui gouverne Rome, ce n’est pas qu’une puissance spirituelle pour la Chrétienté : c’est également une puissance temporelle qui détient un contrôle théorique sur le royaume napolitain qui doit s’acquitter d’un cens annuel à la papauté. Pour contrôler cet Etat pontifical, il faut une police, une justice, une milice et des armées, louées à prix d’or à des condottieres.
Car si le Pape est élu par un conclave, il règne ensuite comme un roi en son royaume. Et ses enfants deviennent alors des princes qui s’unissent à toutes les dynasties des cités Etats de la péninsule. Ces derniers sont gouvernés par des princes de fraîche date, souvent issus de condottiere. Cette oligarchie arriviste, souvent d’origine militaire a besoin d’ancrer dans des relations familiales avec les Papes successifs, sa propre légitimité à gouverner.
En ce sens, l’arrivée du clan Borgia au pouvoir à Rome, c’est-à-dire, du Pape et de sa famille, n’est ni nouvelle ni étonnante pour ses contemporains. Certes, le népotisme est régulièrement condamné par les cardinaux mais non pas pour des questions de morale et d’éthique, mais parce qu’il permet à une coterie étrangère à la Curie, de truster des places lucratives, barrant ainsi la carrière des autres princes de l’Eglise. Il existe tout de même des voix pour condamner la déshérence des mœurs. Mais ces voix ne sont ni écoutées ni entendues.
Le Pape au pouvoir à Rome, ce sont des fonctions laïques importantes comme celles de capitaine général des troupes pontificales, de Préfet de Rome, de Gouverneur du Château Saint-Ange, qu’il faut confier à des hommes de confiance, des proches, des membres du clan qui savent que le Pontife une fois disparu, ils devront également disparaître.
Car le Pape ne peut pas appuyer son pouvoir sur une administration pérenne dont la plupart des principaux titulaires changent régulièrement avec chaque nouvelle élection. Comme dans une royauté, il y a des partis politiques qui s’affrontent, des coteries, des cercles d’influence, des partis étrangers (de la France, de l’Espagne, de l’Empire) qui s’entre-déchirent. La seule coterie solidaire pour le nouveau Pape est constituée de sa propre famille dont le sort est totalement dépendant du sien. En même temps, en tant que nouveau Prince de la Chrétienté, le Pape souhaite que sa famille perdure dans ce rôle et il aimerait bien qu’elle puisse se constituer des entités politiquement pérennes.
Pourquoi le nom de Borja s’est-il transformé en Borgia ?
L’histoire des Borgia est contée dans l’article de ce Blog consacrée à l’ascension des Borgia : de Calixte III à Alexandre VI.
Alfonso de Borja[i], né en 1378, le futur pape Calixte III, reçoit le chapeau de cardinal le 2 mai 1444.
A cette occasion, son nom est latinisé en Borgia. Nom que son neveu Rodrigo, devenu plus tard, Alexandre VI, a conservé. Les membres de la famille restés en Espagne, ont continué à s’appeler Borja.
Alfonso de Borja Evêque de Valence Pape Calixte III Musée de la cathedrale de Valence
Pourquoi le Pape Alexandre VI obtient-il du roi d’Aragon, Ferdinand, le duché de Gandie ?
A l’origine, le cardinal de Valencia en Espagne, Rodrigo Borgia, a rendu un signalé service aux rois catholiques. Cette histoire est racontée dans l’article sur l’ascension des Borgia.
Rodrigo Borgia est expédié à Valence pour négocier l’accord des rois Espagnols pour financer la nouvelle croisade contre les Turcs organisée par le Pape.
La réception par le roi Jean II d’Aragon, frère d’Alphonse V, est royale.
Rodrigo se rend ensuite en Castille où le roi Henri IV, taxé d’impuissance, laisse une fille héritière, Jeanne, que les mauvaises langues attribuent aux œuvres du favori du couple, Beltran de la Cueva. La sœur du roi, Isabelle de Castille, s’est préparée à une éventuelle prise de pouvoir en épousant son cousin, Ferdinand d’Aragon, héritier de l’Aragon, un mariage non reconnu par Henri IV qui le qualifie d’incestueux. La guerre civile est proche à l’arrivée du cardinal Borgia.
Mais ce dernier rencontre Isabelle et Ferdinand. Il conseille au Pape de régulariser le mariage en accordant les exemptions de consanguinité, apportant ainsi un appui décisif à Isabelle de Castille. En contrepartie de cet appui, Rodrigo aimerait bien un cadeau royal. Il y a justement un duché disponible, celui de Gandie, à proximité de Valence : ce duché, créé en 1399 est tombé en déshérence en 1361 et a été rattaché à la couronne d’Aragon. Entre Ferdinand et Rodrigo, un accord implicite est admis : si le mariage se fait et si les deux époux viennent à unir les couronnes d’Aragon et de Castille, alors, Ferdinand, dès qu’il accèdera au trône d’Aragon, lui accordera le duché de Gandie pour la personne qu’il désignera.
Cette personne, c’est Pedro-Luis, fils aîné de Rodrigo Borgia.
Pedro-Luis aussitôt nommé duc de Gandie, se met au service des rois catholiques et combat bravement au siège de Ronda. Le roi Ferdinand lui offre d’épouser sa nièce, dona Maria Enriquez.
Mais Pedro-Luis meurt en 1488, avant d’avoir convolé. Le Pape, à son élection, demande au roi d’Aragon, de permettre à Juan son deuxième fils, de relever le duché de Gandie et d’épouser Maria Enriquez. Ce qui est accepté.
Les trois premiers enfants de Rodrigo Borgia sont-ils de Vanozza Catanei ?
Pedro-Luis, le fils aîné est né en 1468, puis c’est le tour en 1469 de Girolama et enfin, en 1470, celui d’Isabella, tous de mère inconnue.
On sait que lorsque Rodrigo affiche sa liaison avec Vanozza Catanei en 1472, Vanozza a environ trente ans, ce qui est un âge avancé pour une femme à cette époque. N’oublions pas que les femmes se mariaient, à peine nubiles, vers douze ou quatorze ans. A trente ans, c’est presque le seuil de la vieillesse. C’est un âge déjà tardif pour un premier enfant.
Portrait présumé de Vanozza Catanei Innocenzo Francucci da Imola Galerie Borghese
Or, d’après des sources citées par Ivan Cloulas, Vanozza Catanei serait d’origine de Mantoue. Rodrigo aurait pu rencontrer Vanozza à Mantoue en 1459, lors du voyage effectué par le pape Pie II. A cette époque, Vanozza aurait été âgée de dix-sept ans.
Entre les dates de naissance des trois premiers enfants et celles des trois suivants, survient le changement de Pape : Paul II meurt en 1471 et Sixte IV le remplace.
Il n’y a aucune preuve en faveur de l’une ou l’autre hypothèse. Car aucun des enfants Borgia n’a été élevé par Vanozza. Les deux premières filles ont fait, comparativement aux trois enfants suivants, des petits mariages avec des nobles romains. Mais, à l’époque, Rodrigo n’est que cardinal et du reste, les deux premiers époux envisagés pour Lucrèce, par Rodrigo, avant qu’il ne devienne pape, sont des nobles espagnols.
Le futur Alexandre VI est un homme fidèle à chacune de ses maîtresses, qu’il aime passionnellement, chacune tour à tour. C’est un épicurien mais plutôt fidèle.
Que les trois premiers enfants de Rodrigo soient également de Vanozza Catanei reste donc une possibilité.
Pourquoi, dès l’élection d’Alexandre VI, la jalousie entre Cesare Borgia et son frère Giovanni est-elle féroce ?
César est le fils aîné de Rodrigo et Vanozza Catanei. Il est donc destiné à la carrière reine, celle de l’Eglise, comme son père. Le fils aîné Pedro Luis est destiné à une carrière militaire. Mais ce fils aîné meurt prématurément en 1488. Giovanni, le fils cadet est donc naturellement destiné à le remplacer.
César Borgia qui est doué naturellement pour les jeux de guerre, pour la tactique et la stratégie, n’arrive pas à supporter que son frère qu’il a tôt fait de juger incapable, va truster tous les honneurs qui lui sont refusés à lui, parce qu’il est destiné à embrasser une carrière d’Eglise, pour laquelle il ne se sent aucune affinité.
Et ce qui fait enrager César, c’est que le Pape est aveuglé par son amour pour Giovanni, au point qu’il ne veut pas voir que les échecs de Giovanni sont directement imputables aux insuffisances de son fils. Ainsi, lors de l’affaire du siège de Bracciano, la forteresse des ducs d’Orsini, c’est le duc d’Urbin qui est taxé par le Pontife de légèreté et Giovanni exempté de toute responsabilité.
Pourquoi le Pape semble-t-il faire une grande différence entre Giovanni, Cesare et Lucrezia d’une part et Geoffroy d’autre part ?
Le quatrième enfant de Vanozza naît en 1482. A l’époque où le royaume de Naples, isolé politiquement et menacé en 1494, par la revendication du trône de Naples par Charles VIII, cherche l’alliance avec Rome, Alexandre VI ne cache pas au roi de Naples qu’il estime que Geoffroy, bien que légitimé par ses soins comme ses autres enfants, n’est pas de lui. Il pense qu’il résulte d’une infidélité de Vanozza.
Le roi de Naples fait comme s’il n’avait rien entendu. L’épouse qu’il propose pour Geoffroy, Sancia, est une jolie fille, c’est une princesse napolitaine, mais c’est une bâtarde comme les enfants Borgia.
Dans leur politique matrimoniale, Alexandre VI et son fils, Cesare, sont-ils vraiment des stratèges ?
Il semble que les mariages des uns et des autres sont totalement improvisés et décidés dans l’urgence sans une réflexion approfondie.
Ainsi, de Lucrèce par exemple. A son arrivée au pouvoir, Alexandre VI constate qu’il a besoin d’un allié contre Naples : ce sera Milan. Il faut donc trouver un Sforza. Le cardinal Ascanio, le frère de Ludovic le More, le duc de Milan, trouve un de ses cousins, Giovanni Sforza, comte de Pesaro sur la côte adriatique de la Romagne.
Puis, l’alliance avec Milan tourne court car on se réconcilie avec Naples par le mariage de Geoffroy et Sancia et il n’est plus vraiment utile d’être associé avec Milan. Le pape lorgne du côté de Naples : et si Cesare pouvait hériter un jour du royaume de Naples ? Il faut donc resserrer les liens avec Naples.
Mais la seule possibilité de le faire est d’utiliser Lucrèce. Celle-ci est mariée. Qu’importe, on va annuler le mariage. Pas si facile, même pour un pape. Par la menace et les promesses on va arriver à la signature d’un contrat par lequel Giovanni reconnaît qu’il n’a pas consommé son mariage.
Le mariage en grande pompe entre Lucrèce et Alphonse d’Aragon, encore un bâtard, est réalisé. César envisage alors d’épouser Charlotte, la fille légitime du roi de Naples.
Mais César est né hors mariage alors que Charlotte est une héritière légitime. Le roi de Naples se refuse absolument à ce qu’il considère comme une mésalliance. Le mariage contraint de Lucrèce avec Alphonse d’Aragon n’aura servi à rien !
Le mariage de Lucrèce avec Alphonse d’Aragon ne présente plus aucun intérêt pour César ! Le destin d’Alphonse d’Aragon est scellé.
Cesare Borgia amène-t-il à Louis XII une bulle d’annulation de son mariage ?
Il s’agit d’une erreur extrêmement fréquente, que de postuler que Cesare apporte à Louis XII une bulle annulant son mariage. Ce n’est malheureusement pas dans les pouvoirs d’un Pape mais dans celui d’un tribunal jugeant en droit canon ou bien d’un accord amiable.
Alexandre VI est bien placé pour connaître la procédure car il a dû, peu de temps auparavant, obtenir l’annulation du mariage de sa fille Lucrèce, obtenu par la signature d’un acte, par Giovanni Sforza, reconnaissant la non consommation du mariage. Alexandre VI n’aurait évidemment pas pu accorder à un autre une décision qu’il n’aurait pas pu prendre pour sa famille !
Anne de Bretagne Musée Louvre
Ce mariage tant espéré ne sera pas prolifique pour le roi: la vérité c’est que Louis XII était le petit-fils de Louis 1er d’Orléans, frère cadet de Charles VI, le roi fou, tandis qu’Anne de Bretagne était l’arrière-petite-fille du même duc d’Orléans. Et leur proximité consanguine nécessitait une autorisation du Pape. Du reste, Louis XII n’aura pas de chance dans sa postérité puisque tous ses fils avec Anne de Bretagne vont mourir, préparant la voie à l’avènement de la branche cadette d’Angoulême de François 1er. .
Sans nul doute, les relations étaient trop consanguines. Un autre exemple avec le mariage consanguin d’Isabelle de Castille avec son cousin germain Ferdinand d’Aragon : leur fille Jeanne devient folle et leur fils Juan, marié à Marguerite d’Autriche, a une santé précaire et meurt rapidement.
Ces faits sont racontés dans l’article de ce Blog : le procès en annulation du mariage de Louis XII.
Le népotisme d’Alexandre VI
Il est certain qu’Alexandre VI utilise sa position pour faire avancer sa famille. Il procède, ce faisant, comme la plupart des Papes qui l’ont précédé. Car les Papes sont à la tête de l’Etat pontifical pour peu de temps et il faut profiter de cette puissance pour permettre l’enrichissement de la famille. Les grands féodaux que sont les Orsini, les Colonna, les Caetani n’ont pas procédé autrement. Ils ont tous bénéficié, à un moment ou à un autre, des largesses d’un pontife pour se constituer des fiefs.
Alexandre VI est-il plus népotique que ses prédécesseurs ? Sans doute pas.
Pour son fils Giovanni, il choisit d’élever les possessions du Vatican dans le royaume Napolitain autour de la ville de Bénévent, en duché qu’il offre à son fils. Mais Giovanni n’a pas le temps de profiter de son duché car il meurt peu après. Et lorsque les rois d’Espagne viendront protester quelques années plus tard contre les actions du Pape, qui semblent davantage inspirées des intérêts de sa famille que de ceux de la chrétienté, Alexandre VI va répondre, non sans humour, en enlevant à son petit-fils, le fils de Maria Enriquez et de Giovanni Borgia, le duché de Bénévent qui est à nouveau rattaché aux domaines de l’Eglise.
Pour les autres enfants, la manière de procéder est particulière : le pape choisit de déshabiller des fiefs appartenant à des opposants politiques pour en revêtir des membres de sa famille.
Ainsi, pour les deux enfants de Lucrèce, Jean et Rodrigue : l’un est élevé duc de Sermoneta et l’autre, duc de Nepi. Le Pape a d’abord liquidé ses opposants politiques Caetani en confisquant leurs biens et le duché de Sermoneta. Puis Lucrèce rachète pour son fils Rodrigo, pour 80 000 florins les biens des Caetani auprès du Vatican (sans les payer bien sûr car l’argent est remis par un trésorier pontifical) afin de lui attribuer leur fief, le duché de Sermoneta. Pour son fils bâtard, Jean, c’est la seigneurie de Nepi qui est confisquée au cardinal Ascanio Sforza, qui a rejoint Ludovic Le More à Milan et qui est parti se réfugier auprès de son neveu, l’Empereur, époux de sa nièce.
Quant à la dotation de César, il ne s’agit ni plus ni moins que de ramener dans le giron de l’Eglise, des fiefs qui en étaient sortis, à titre individuel pour les réunir dans un duché de Romagne, vassal de Rome, constitué après la conquête. Rien de choquant.
D’autres papes ont fait bien pire : tel Paul II, le pape vénitien Pietro Barbo, qui a donné à Ferrare son premier duc en 1470, permettant à cette principauté de prendre son indépendance, soit une perte sèche pour l’Eglise. Sa décision était-elle inspirée par l’intérêt de l’Eglise où par celui de sa ville natale, Venise ?
Un autre Pape, élu en 1534, Paul III, Farnèse, dont personne ne parle, a fait mieux encore : il a distrait un énorme patrimoine de l’Eglise, élevé en duché, le duché de Castro, puis les villes de Parme et de Plaisance, tous biens de l’Eglise, élevées en duchés, pour les offrir à son fils, Pierre-Louis, un condottiere à la réputation diabolique qu’il a de plus nommé capitaine général des forces pontificales. Sans nul doute, le cardinal “jupon” qui avait dû sa nomination aux faveurs de sa soeur, Giulia Farnèse, maîtresse d’Alexandre VI (voir l’article sur ce Blog sur Giulia Farnese), s’était inspiré de l’exemple d’Alexandre VI et de César Borgia.
A la question posée on peut donc répondre oui : le pape Borgia est népotique. Mais ni plus ni moins que ses prédécesseurs et successeurs et plutôt beaucoup moins que le pire de tous, Paul III.
Le Pape Alexandre VI vole-t-il les caisses de l’Eglise pour favoriser sa famille ?
A cette question on peut répondre oui sans aucun doute. En fait, il considère les ressources de l’Eglise comme son argent de poche. Il n’y a pas de contre-pouvoir installé pour limiter l’autorité du Pape qui utilise l’argent de l’Eglise pour ses enfants. Les sommes déplacées pour l’ambassade de Cesare Borgia à Paris seront énormes : plus de 250 000 ducats intégralement payés par les finances pontificales ! Entre ce pape et ceux qui l’ont précédé, la différence n’est pas dans la nature mais dans le niveau du vol. Peut-on parler de vol d’ailleurs ?
Car en devenant Pape, le cardinal se débarrasse de tous ses biens accumulés toute sa vie. Sa maison est même livrée à la population de Rome pour être pillée. Pourquoi conserver des biens en particulier quand on dispose librement de tout ?
Le Pape Alexandre VI est-il simoniaque ?
Incontestablement. La plus grande partie des ressources données à Cesare pour son ambassade chez Louis XII et sa guerre en Romagne, sont issues de la vente des promotions de cardinaux. En revanche, il n’a fait que poursuivre la politique de vente des indulgences engagée par Sixte IV pour financer notamment les travaux de la chapelle Sixtine.
Le Pape et Cesare Borgia ont-ils des relations incestueuses avec Lucrèce Borgia ?
Il est certain que non d’après Ivan Cloulas. En fait l’origine de cette légende noire est appuyée par des preuves juridiques indiscutables, mais qui sont des faux : c’est un montage juridique, permettant de légitimer et de doter l’enfant naturel de Lucrèce Borgia avec Pedro Caldes (voir l’article sur ce Bloc La saga des Borgia 2 Lucrèce).
Le nouveau-né de Lucrèce et de Pedro Caldes, assassiné par Cesare Borgia, Jean Borgia, né en 1498, sera légitimé le 1er septembre 1501 juste avant que Lucrèce ne parte pour Ferrare. L’opération a été réalisée en deux bulles : la première pour légitimer Jean, l’infant romain, reconnait qu’il est le fils de Cesare et d’une femme non mariée. Le recours à Cesare permet de contourner les lois canoniques qui interdisent au pape de reconnaître un bâtard né pendant son pontificat ; mais cette reconnaissance par César n’assure pas au petit Jean, le droit de jouir du duché de Népi que le pape lui a donné (aux dépens des domaines d’Ascanio Sforza et des Orsini). La deuxième bulle, destinée à rester secrète, reconnait que l’enfant est en réalité le fils du Pape. Le duché de Nepi qui lui est octroyé devient de ce fait une propriété aussi irrécusable que les propriétés de l’Eglise données au duc de Gandie ou à Cesare.
La filiation est parfaitement fausse mais elle va donner naissance à la légende noire des Borgia sur l’accusation d’inceste entre Cesare et sa sœur et entre le Pape et sa fille.
Dans toutes ses actions, Alexandre VI tient en effet à respecter un juridisme strict permettant de fonder des droits pour l’avenir. On n’est jamais certain de cet avenir quand on est au Vatican et des décisions d’un pape peuvent si facilement être contredites par un autre pape !
Ainsi des droits de cet enfant au duché de Nepi ou de ceux de Rodrigo, le fils de Lucrèce et d’Alphonse d’Aragon, au duché de Sermoneta, grâce au rachat des biens confisqués aux Caetani.
Cesare Borgia est-il l’assassin de son frère ?
Cette histoire est racontée dans La saga des Borgia 3 Cesare Borgia Première partie Le cardinal de Valence.
A cette question, la réponse est oui, selon toute probabilité, selon un faisceau d’indices concordant. Tout d’abord, il y a l’enquête lancée par le Pape qui apprend rapidement les conclusions des enquêteurs et qui décide d’arrêter l’enquête sans déclencher de poursuite. A l’évidence, quelqu’un de très haut placé est responsable. Alexandre VI est muselé : s’il réagit contre son fils, cela fera l’objet d’un scandale inouï qui peut l’emporter, lui, le Pape !
Il se contente donc de prendre ses distances momentanément avec son fils.
Alexandre VI recourt-il au poison pour éliminer ses opposants politiques ?
Il n’y a aucune preuve officielle dans un sens ni dans l’autre. C’est possible qu’il ait utilisé le poison. Cependant, mon opinion est plus nuancée : on a pu en effet observer que si l’on entre au Château Saint-Ange, il est possible d’en sortir vivant. Ainsi Caterina Sforza, accusée d’avoir voulu empoisonner le Pape quand elle réside au Vatican, dans les six premiers mois de 1500, est enfermée ensuite au château Saint-Ange et en ressortira à mi 1501 sous la pression d’Yves d’Alègre (voir sur ce Blog l’article sur Caterina Sforza).
Des prisonniers meurent très opportunément en prison. S’agit-il nécessairement de poison ? Il y a mille raisons de mourir de mort naturelle : parce que le sujet est vieux par exemple et soumis à des courants d’air et à l’humidité ? Ou encore par suite de mauvais traitements pour une santé fragile ? Ou encore par suite de maladie qui ne s’arrête pas aux portes de la prison ? Ou encore par suite de tortures ?
Il est certain que quand l’initiateur est Cesare Borgia, la séquence fatale est rapidement consommée. Mais là, nul besoin de poison ! Cesare Borgia utilise ses sbires pour expédier ses victimes dans le Tibre, après avoir été étranglées, lestées d’un boulet aux pieds.
Le crime est une arme usuelle de Cesare Borgia mais ne semble pas être utilisé de façon aussi ouverte de la part d’Alexandre VI qui tue davantage par omission : en laissant tuer sans réagir. Ainsi lors du meurtre de son premier fils par Cesare : il ne réagit pas. Lorsque Cesare fait une première tentative contre Alphonse d’Aragon, le Pape se satisfait d’une simple protestation de Cesare, ce qui permet à ce dernier d’aller assassiner, tout à fait officiellement son beau-frère, sans réaction du Pape.
Le Pape est-il responsable de l’assassinat à Naples de Paul Orsini ? Ce meurtre l’arrange mais a-t-il vraiment donné un tel ordre si compromettant ? Lorsque le prince Djem meurt à Naples ? Est-ce vraiment la main du pape ? Ivan Cloulas semble davantage imputer la maladie.
Du reste, à l’époque, toute mort suspecte permet d’incriminer le poison car les connaissances médicales sont si faibles que l’on dit un peu n’importe quoi. Lors de ce fameux dîner à la suite duquel Césare reste alité et qui provoque la mort d’Aexandre VI, des avis très autorisés ne manqueront pas de diagnostiquer un empoisonnement à l’arsenic : or le corps du Pape est très vite dans un état de décomposition avancé alors que l’arsenic entraîne au contraire la conservation des chairs. La probabilité la plus forte est celle d’un empoisonnement par une viande avariée.
Cesare Borgia est-il un grand stratège ?
Incontestablement la reconquête de la Romagne sur les seigneurs féodaux indépendants est une œuvre collective, aidée par le Pape, précédée d’une intense activité diplomatique et ayant recouru à la guerre psychologique. La stratégie imprègne tous les actes de César et de son père, d’autant qu’il faut gérer le roi de France Louis XII.
Mais Cesare Borgia s’est vu remettre des effectifs importants de l’armée française qui permettent de faire la différence. Ainsi la forteresse de Caterina Sforza est-elle emportée dès le premier assaut. Immola est conquise par la trahison du capitaine de la comtesse de Forli, passé au service de Cesare Borgia. Malatesta à Rimini préfère, compte tenu de la disproportion de forces, signer un accord amiable. A Pesaro, malgré des moyens de défense importants, Giovanni Sforza préfère prendre la fuite.
Comme les grands stratèges de l’histoire, César a compris que pour l’emporter rapidement, il est nécessaire de créer le surnombre et de surprendre l’adversaire par des déplacements rapides, coordonnés et imprévisibles.
Là où Cesare Borgia emploie clairement la stratégie c’est pour prendre Urbin : il fait semblant de faire le siège de Camerino à 90 km au sud, puis il fait converger trois troupes différentes, sans déclaration de guerre, sur Urbin. Grâce à la conquête d’Urbin qui soutenait officieusement Camerino et Faenza, il peut achever la conquête de la Romagne.
Pourquoi César Borgia soutient-il l’élection du pire ennemi de son père le cardinal della Rovere ?
Il est encore malade de son empoisonnement dans une phase très délicate. Il n’a manifestement pas tous ses moyens alors que tous ses amis le lâchent. Puis, les capitaines espagnols qui le servent sont placés dans l’obligation de le quitter. Désemparé, alité, Cesare se rattrape aux moindres lueurs d’espoir : à la surprise incrédule de Machiavel il va croire Jules II lorsque ce dernier lui promet de le maintenir. Et Cesare lui apporte le soutien décisif des cardinaux espagnols qui va entraîner le ralliement des autres cardinaux.
Michel Ange et Jules II Casa Buonarotti
Mais évidemment rien ne vient confirmer les espoirs de Cesare qui est au contraire arrêté et enfermé dans la tour Borgia des appartements Borgia du Vatican.
Pourquoi Cesare Borgia est-il arrêté par Gonzalve de Cordoue qui venait de lui accorder un sauf-conduit ?
Sur demande des rois catholiques. Maria Enriquez venait de déposer une plainte pour l’assassinat par Cesare Borgia de Juan Borgia, duc de Gandie, son époux. Peut-être la plainte a-t-elle été déposée suite à une suggestion d’Isabelle de Castille, proche de Maria Enriquez ? César est expédié en Espagne pour y être incarcéré le temps de réaliser l’instruction de son procès.
Il est certain que les rois catholiques détestaient Cesare Borgia pour plusieurs raisons : il .était responsable sans avoir été jugé, de la mort d’un noble, sujet des rois catholiques, le duc de Gandie, très proche de la famille royale. Il avait assassiné un membre de la famille royale de Naples, un Trastamare comme Ferdinand d’Aragon. Enfin, il s’était sali les mains dans de nombreux crimes, ce qui le rendait particulièrement odieux à nombre de princes de la Chrétienté et pour tout dire, infréquentable.
Pourquoi Louis XII refuse-t-il de verser à Cesare Borgia le solde non versé de la dot de son épouse ?
Après la mort d’Alexandre VI, Cesare Borgia n’a aucune espèce d’utilité. Sa présence est désagréable, ses crimes sont odieux. Il est urgent de se défaire de lui. Lorsque Ferrare échangera avec Louis XII sur le fait qu’au bout de cinq ans, Lucrèce Borgia n’ait pas donné d’héritier au duc, Louis XII suggérera purement et simplement de renvoyer Lucrèce. ! Ce que ne fera pas le duc qui avait de l’honneur et qui aimait sa femme. Celle-ci lui donnera du reste une ample descendance plus tard.
Mais lorsque César Borgia parvient à s’enfuir de sa citadelle espagnole et qu’il envoie son intendant à la cour de Louis XII, ce dernier déclare que le duc de Valentinois l’a trahi et qu’il n’a rien à attendre du roi de France. Il saisit cette opportunité pour lui reprendre la ville d’Issoudun qu’il lui avait donnée.
Pourquoi un tel revirement du roi Louis XII ?
D’abord, Louis XII, dégrisé, peut contempler l’effet des crimes des Borgia grâce à une abondante communication de Jules II. Peut-être croit-il comme le reste du monde, Lucrèce, incestueuse, un crime abominable, qui expliquerait son comportement à l’égard du duc de Ferrare. Louis XII sait bien que Cesare était malade au moment du Garigliano et que ce n’est pas l’appoint des deux mille hommes promis par Cesare Borgia qui aurait pu sauver l’armée française.
Mais il est peut-être au courant, en revanche, des tentatives engagées officieusement par Cesare Borgia pour négocier avec Gonzalve de Cordoue, qu’il n’a pas dû franchement apprécier alors qu’il lui avait apporté une aide décisive pour la conquête de la Romagne.
Il est certain que pour Louis XII, il convient de gommer le plus vite possible l’épisode des alliances avec les Borgia.
A Viana, Cesare Borgia meurt-il en héros ?
Si pour un général commandant en chef, le fait de charger seul une troupe d’une centaine de cavaliers est un fait héroïque, alors Cesare Borgia est mort en héros.
Cette odyssée individuelle est simplement suicidaire. C’est l’action d’un homme qui cherche à en finir avec la vie car il n’a plus d’espérance.
L’achèvement de la conquête de la Romagne par Jules II
Jules II le pape terrible, qui va contraindre Michel Ange à abandonner les ciseaux du sculpteur pour les pinceaux de la chapelle Sixtine, est également un homme de guerre. Il va reprendre à son compte la politique d’Alexandre VI et opérer l’achèvement de l’expulsion des seigneurs féodaux de Romagne : les Baglioni sont expulsés de Pérouse et les Bentivoglio de Bologne, achevant ainsi la politique amorcée par Alexandre VI et Cesare Borgia.
La postérité des Borgia
Le premier acte de la légende noire est révélé par l’ennemi implacable des Borgia, Jules II qui informe les chancelleries des relations incestueuses de la famille Borgia en produisant les deux bulles d’Alexandre VI qui suscitent l’indignation de tous devant un crime aussi abominable.
Le deuxième acte de la légende noire naît du Prince de Machiavel. Voir les deux articles consacrés à Machiavel sur ce Blog dont Niccolo Machiavel: une oeuvre qui a bouleversé le monde. Machiavel décrit dans le Prince les moyens de prendre le pouvoir dans une principauté, et de le conserver. Le Prince a été lu par toutes les générations successives depuis cinq cents ans. C’est l’oeuvre fondatrice de la science politique.
Le Prince fait une référence explicite à plusieurs épisodes de la conquête de la Romagne par Cesare Borgia en tendant à ériger sa conduite comme un modèle du point de vue de la simple efficacité de l’action. Or le nom de César Borgia est couvert d’opprobre. La référence à ce personnage diabolique va, à chaque génération successive, réalimenter l’opprobre et la polémique, à un tel point qu’elle va occulter pendant très longtemps la valeur universelle du livre de Machiavel qui n’emprunte que peu de passages (une vingtaine de pages tout au plus) à Cesare Borgia.
Le troisième acte de la légende noire naît peut-être (c’est plutôt une thèse à démontrer) de la volonté de l’Eglise de se réformer suite aux excès du siècle précédent, ayant directement conduit à la Réforme protestante. A partir du moment où les oeuvres de Machiavel sont mises à l’index, l’Eglise choisira de focaliser toutes les dérives de l’Eglise sur un seul pape, censé incarner, à lui seul toutes les turpitudes de l’Eglise. En vouant à l’opprobre une famille, on pouvait dévier les attaques sur l’Eglise en désignant un bouc-émissaire, une attitude parfaitement machiavélique.
Mais il est de fait que les turpitudes des Borgia sont celles de toute une série de papes successifs qui s’expliquent avant tout par l’inexistence de contre pouvoirs au sein du Vatican. L’inceste en moins mais on sait aujourd’hui que cette accusation était parfaitement fausse.
Il est cependant un domaine où les Borgia ont été plus condamnables que tous leurs prédécesseurs et successeurs, celui du rôle joué par le fils du Pape, Cesare, dont les crimes personnels, comme celui de Pedro Caldes, ont éclaboussé la tunique blanche du Saint-Père d’une traînée de sang.
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[i] Cet article est intégralement issu du remarquable ouvrage d’Ivan Cloulas, Les Borgia, 1987 publié chez FAYARD.
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