Au moyen-âge, les enfants apprenaient à lire sur des abécédaires. Ces colonnes de lettres de l’alphabet figurent en général dans beaucoup de livres religieux et notamment dans les livres d’heures à l’usage de la femme et dans les « Manuscrits Pontificaux »[i], ces livres contenant la description de l’ordonnancement des cérémonies conduites par les Evêques, qui participaient à toutes les grandes étapes de la vie de leurs diocésains.
Abécédaire et prière
Dans ces Pontificaux, nous dit Danièle Alexandre-Bidon[ii], les abécédaires étaient immédiatement suivis d’une première prière, en général le « deus in adintorium meum intende ». Or c’est précisément cette prière que devaient réciter les enfants à l’étude, comme le montre la miniature suivante de Louis IX enfant apprenant à écrire.
Louis IX apprenant à lire, Heures de Jeanne de Navarre, BNF manuscrits occidentaux, NAL 3145, f°85V, vers 1336 © Bibliothèque nationale de France.
Le choix de cette prière comme premier texte suivant l’abécédaire, poursuit l’auteur de l’article, tirait son origine de l’une des grandes cérémonies de l’Evêque, la bénédiction initiale d’une église en cours de construction : l’évêque devait en effet écrire avec la pointe de sa crosse sur le sol non encore pavé un double alphabet grec et romain en forme de croix de saint André puis prononcer les mots du « deus in adintorium meum intende» en se tournant face à l’autel.
Cette prière était associée à une autre, récitée au lever des enfants, le « domine labia mea aperies et os meum annunciabit laude tuam ». Ce verset était récité juste après la récitation de l’Ave Maria. L’auteur note que Dante appliquait volontiers ce verset aux gourmands : il devait être récité avant la collation du matin. Ce texte aurait eu une valeur exemplaire et moralisatrice visant à réfréner les passions.
Ce verset s’associe avec l’Ave Maria, élevée au rang de prière majeure par le concile d’Albi en 1254. L’Ave Maria devint la principale prière ouvrant tous les livres d’heures à partir de la fin du XIVème siècle. On la retrouve associée aux abécédaires de façon quasi systématique dans les livres d’heures à partir de la fin du quinzième siècle.
Ces premières prières étaient des textes à caractère pédagogique, spécialement sélectionnés pour l’enfance afin de faciliter l’apprentissage de la lecture : on y faisait appel aux capacités de mémorisation des enfants pour apprendre ce qui constituait à vrai-dire un premier catéchisme en associant des vertus à chacune des lettres.
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Livre d’heures à décor d’alphabet Horae ad usum romanum. Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 1171
La croix Depardieu
Le document suivant, rarissime, est un abécédaire « de part Dieu » (de parte dei : au nom de Dieu), qui se présente en cercle, encadré par les animaux représentatifs des quatre évangiles (voir l’article sur le livre d’heures) et qui énonce en rouge l’A, B, C des Chrétiens, chaque lettre associée à une vertu : A, Amitié, B Bénévolence, C Crainte, D Douceur, etc…[iii]
« Les « Croix de par Dieu » sont des abécédaires et les tout premiers livres de catéchisme. Il s’agit de minces volumes contenant un alphabet moralisé (à chaque lettre correspond une vertu de morale qui commence par la même initiale), les prières majeures, les articles de la foi, la liste des péchés et des vertus, bref l’ensemble du savoir religieux que les enfants sont alors obligés d’apprendre et de savoir par cœur » nous dit l’Exposition BNF sur « L’enfance au Moyen age ».
Source : Paris, BnF, département des Manuscrits, Rothschild IV. 4. 145, fol. 1v. Images extraites du site Classes BNF L’Enfance au Moyen Age
Le Comput digital
Pour mémoriser plus facilement les grands principes de la foi et le calendrier des fêtes liturgiques, on doit connaître sa leçon « sur le bout des doigts », comme le montre l’illustration suivante :
Comput digital[iv], XVe siècle Paris, BnF, Département des Manuscrits, NAL 1090, fol. 82v.
Comme le dit l’exposition BNF, La main est le premier « manuel » scolaire de l’enfant : sur les doigts on apprend les notes de musique, écrites en lettres d’alphabet, le calcul et le comput digital, pour connaître la date des fêtes mobiles : « Qui veut savoir le calendrier, sur la main comme le berger, avant tout ouvre sans songer, a b c d e f g« .
L’apprentissage de la lecture
Pour apprendre à lire, les enfants pouvaient utiliser des « tablettes abécédaires » comme le montre l’image ci-dessous dans laquelle la dame Grammaire qui tient dans sa main une table abécédaire, conduit l’enfant à la Tour de l’Ecole. Comme le dit l’exposition BNF « la Grammaire entraîne à l’école un enfant en âge d’apprendre à lire, son cartable au côté. Le bâtiment dont elle ouvre la porte, qui ouvre l’enfant à la connaissance, se compose de plusieurs étages. Au rez-de-chaussée, la petite école où le maître enseigne le Donat. Ensuite, le collège et l’université. L’enseignement culmine avec Pierre Lombard et la théologie. L’enfant, en grandissant en âge et en savoir, grimpe d’étage en étage ».
Gregor Reisch, « Margarita Philosophica nova », 1515 Paris, BnF, Impr. Rés. R. 813. Image tirée du site « Senate House Library » de l’Université de Londres
Les très jeunes enfants, pour apprendre à lire, pouvaient utiliser des supports pédagogiques variés tels que « l’écorce, les gâteaux, le bois, le plâtre, les textiles et le cuir, la terre cuite et l’orfèvrerie [v]».
Les alphabets alimentaires sont nés du double sens « nourrir » qui, dans toutes les langues latines (français, espagnol, italien) signifiait alimenter ou « éduquer » suivant le contexte. On façonnait pour l’enfant des gâteaux en forme de lettres qu’on lui donnait afin de mémoriser ces dernières.
Pour donner un intérêt à la lecture, on créait des jeux de piste : il s’agissait par exemple de retrouver une lettre disparue. Les heures de Marguerite d’Orléans permettent de chercher la clef de l’énigme.
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Horae ad usum Romanum (Heures de Marguerite d’Orléans) Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 1156B
Pendant que les domestiques balaient le sol pour retrouver les lettres éparpillées, qu’ils placent dans de larges paniers d’osier, il faut retrouver le texte caché et la lettre disparue : le texte est celui de la prière « O Mater Dei Memento Dei » mais la lettre O a disparu ! Où est-elle ? Il ne faut pas chercher dans les lettres éparses car le O se cache comme une couronne de fleurs dans les marges…
[gview file= »http://autourdemesromans.com/wp-content/uploads/2014/05/Heures_de_Charles_d-Angouleme_Abecedaire_PDF.pdf »]
Horae ad usum Parisiensem (Heures de Charles d’Angoulême) Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 1173
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[i] Les pontificaux sont des textes liturgiques qui contiennent les cérémonies et les prières réservées à l’Evêque. Leroquais précise que les Pontificaux sont apparus au IXème siècle à partir des Ordines(qui réglaient les cérémonies) et des Sacramentaires (les prières). En 1596, Clement VIII rendit obligatoire le Pontifical romain à l’Eglise universelle. Voir : Abbé V. Leroquais Les pontificaux manuscrits des bibliothèques publiques de France. Etude et description. Paris 1937.
[ii] Article « La lettre volée : Apprendre à lire à l’enfant du Moyen-Age », rédigé par Danièle Alexandre-Bidon, une spécialiste de l’enfance au Moyen Age et publié par Persée.
[iii] La BNF donne les informations suivantes à propos de ce document : Alphabet dont on se servait à la fin du XVe siècle pour apprendre à lire aux enfants. Le r° du 1er f. est presque entièrement occupé par une grande figure de forme circulaire, divisée en sept compartiments ; chacun de ces compartiments contient diverses instructions imprimées en petits caractères et convergeant vers le centre où se trouve la figure du Christ. Les angles sont occupés par les animaux qui symbolisent les quatre évangélistes. Au-dessus de cette figure est placé le titre que nous avons reproduit ; au-dessous se trouve une explication ainsi conçue : « En ce rondeau est contenue l’exposition de l’oraison dominicale et summaire de toute la science requise a ung chascun, contenue en ce petit livret. Au premier cercle de ce rondeau sont contenues les petitions de l’oraison dominicale, au. ii. les. vij. sacrements de l’Eglise, au. iij. les. vij. dons du Saint Esperit, au. iiij. les sept armeures spirituelles, au. v. les. vij. euvres de misericordes doublées, au. vj. les. vij. vertus principales, au. vij. les. vij. pechés mortelz. A commencer a la croix. »
[iv] Le « comput digital » est l’utilisation de moyens mnémotechniques à l’aide des deux mains. Cette technique aurait été « redécouverte » par l’historien Bède le vénérable au 8ème siècle . Cf article Wikipedia .
[v] « La lettre volée… » Op déjà cité.
Missinne dit
Cher Auteur du Homepage Gratien!
Sur récommendation, je prend contacte avec vous. Le théme: Votre article sur Francois Moulins de Rochefort. Je voudrais vous posez la question si ce professeur du jeune Francois avait des connaissances de la Médicine? Second: Est-il possible qu´il a utilisé un pseudonyme comme « maitre Descolis »?
Bien á vous
dr.st.missinne
vienne
Autriche
GRATIEN dit
Cher Monsieur,
Je ne suis pas le spécialiste en France de François des Moulins et je ne prétends pas à une quelconque qualification concernant ce personnage. Il y a à Tours, au Centres d’Etudes Supérieures de la Renaissance, une personne qui fait une thèse sur ce personnage. J’ai essayé de lui poser des questions via le CESR de Tours mais je n’ai reçu aucune réponse. Peut-être serez vous plus heureux, notamment si vous passez par l’intermédiaire d’une Université ou d’un centre de recherche ?
Concernant les éventuelles connaissances en médecine du précepteur de François 1er, je ne le crois pas. Comme je le dis dans mon article, je pense qu’il a fait des études à Poitiers, sans doute de théologie, matière qui lui a permis d’apprendre le latin et sans doute un peu de grec. Qu’il ait pu, à cette occasion, lire des ouvrages en grec d’Hippocrate ou en latin de Gallien, est une hypothèse raisonnable. Mais mon intime conviction est qu’il n’était pas médecin.
Concernant votre deuxième question, je ne sais pas. Cependant, il a très probablement utilisé non pas un mais plusieurs pseudonymes dans sa vie car sa qualité de moine franciscain l’inclinait à une grande humilité. Un pseudo latinisé du type de celui que vous présentez est une forte probabilité. Ce pseudo de « maître Descolis » a-t-il servi à désigner notre auteur? Je n’en sais rien. Je ne l’ai vu nulle part dans mes recherches ni cité chez Marie Holban qui est la grande sprécialiste de François de Rochefort.
Bien cordialement
Gratien
Missinne dit
Cher Monsieur!
J´ai pris contacte avec la personne Charlotte Bonnet par son professeur Dr. Marie Luce Demonet. Voyons s´il réagissent.
Je vous remercie pour votre réponse trés précise. Est-ce que Mme Marie Holban que vous mentioné est accessible par E-Mail?
Je vois que vous avez aussi une passion pour l´histoire et la renaissance en particulier.
Est-ce que vous avez déjà publié des articles sur des anciennes cartes oú globes sur votre site du Web?
Finallement. Est-ce que vous savez si Florimond de Robertet á fait construire un horoscope du jeune Francois?
Bien cordialement
dr.st.missinne
vienne
autriche
GRATIEN dit
Je pense que Marie Holban est décédée maintenant car elle a écrit une fraction de ses ouvrages entre les deux guerres de 14-18 et 39-45. Vous devriez trouver sa bibliographie en consultant votre bibliothèque la plus proche.
Je suis effectivement passionné d’histoire et mon site est dédié aux lecteurs de mon premier roman « L’Ombre du Connétable » (dossier de Presse sur mon Blog) qui raconte les itinéraires croisés du connétable de Bourbon et de Louise de Savoie. C’est une biographie au vrai sens du terme mais j’ai choisi de l’appeler roman car la construction du profil psychologique des deux personnages qui apparaît « évidente » d’après mes lecteurs, n’est fondée sur aucun document précis. Mon Blog « autourdelombreduconnetable.com » est destiné à apporter à mes lecteurs toutes les infos sur les personnages et les cartes qu’il aurait été difficile compte tenu des copyrights d’intégrer dans le livre. Il est également destiné à préparer mon second roman en cours.
En ce qui concerne mes publications, je n’ai que mon roman publié chez PERSEE en juin 2014 et mes articles sur mon BLOG (72 à ce jour depuis mars 2014). Ce sont tous des articles d’une dizaine de pages dans lesquels j’essaie de développer des problématiques, quelquefois sur suggestion de mes lecteurs). Les articles où il y a des cartes sont ceux sur lesquels je présente des perspectives historiques sur plusieurs siècles: c’est le cas pour quelques généalogies (celles des Medicis, des ducs de Milan) d’articles sur les Papes, sur les Borgia ou sur Gattinara: je dois avoir une dizaine d’articles dans lesquels j’ai placé des cartes. J’utilise le progiciel de Euratlas Periodis Expert http://www.euratlas.net/history/europe/1600/fr_index.html qui est le plus facile d’utilisation.
En ce qui concerne les anciennes cartes, je ne les utilise pas sauf si la problématique de mes articles et de ces cartes s’interpénètre rigoureusement, ce qui est rarement le cas.
En ce qui concerne Florimond Robertet, je suis en train de réfléchir à un article mais la doc me manque car j’utilise exclusivement des bases documentaires gratuites (je me refuse à utiliser la pub sur mon site). Je ne savais pas qu’il dressait des horoscopes mais c’est une possibilité car nombre des nobles de l’époque le pratiquaient car l’astrologie était très à la mode. Michel de Notredame est un astrologue réputé de la cour des petits-enfants de François 1er. Mais j’ignore tout de Robertet astrologue.
Bien cordialement
Gratien
GRATIEN dit
J’ai repensé à votre question sur Florimond Robertet. A l’époque de la naissance de François 1er le 12 septembre 1494, Florimond Robertet est déjà secrétaire d’Etat du roi Charles VIII qui prépare son expédition d’Italie. Robertet va suivre d’ailleurs Charles VIII en Italie en 1494. C’est Pierre de Beaujeu, (l’époux d’Anne de Beaujeu, fille du roi Louis XI et régente de France jusqu’au mariage de son frère avec Anne de Bretagne en 1491) qui recommande Florimond au roi Charles VIII. La question importante à se poser est: pourquoi Florimond aurait-il fait faire l’horoscope de François d’Angoulême en 1494 ?
En effet, en 1492, le roi Charles VIII a eu un fils d’Anne de Bretagne, le jeune Charles Orland, qui est âgé de 2 ans au moment du départ en Italie (il va mourir à 3 ans). Pourquoi le brillant Trésorier des Finances dresserait-il l’horoscope d’un jeune prince qui n’est ni l’héritier direct (Charles Orland) ni l’héritier en second (Louis d’Orléans) ? De surcroit, François naît à Cognac loin de Paris et, s’il est possible que Florimond connaisse l’époux de Louise de Savoie, il est très peu probable que cette fammille encore obscure du sud ouest de la France, intéresse le jeune Robertet.
En revanche, la naissance de François suscite une émotion considérable chez Louise de Savoie. Jer raconte dans mon livre xomment Louise de Savoie a rencontré en 1493 l’ermite François de Paule qui lui a prédit qu’elle aurait un fils et que ce fils serait roi! Louise de Savoie a toujours été très impressionnable et particulièrement férue d’astrologie. Elle a fait réaliser des horoscopes de tous ses familiers, des princes et des princesses nées d’Anne de Bretagne, car tout ce qui comptait pour elle c’est que son fils chéri devienne roi.
Si vous avez entendu parler d’un horoscope de François 1er, il y a tout lieu de penser qu’il a été établi par sa mère, Louise de Savoie.
Dernière chose, Louise de Savoie a été alliée avec la famille Robertet: le beau-frère de Robertet a épousé l’une des trois filles illégitimes de Charles d’Angoulême, élevées par Louise de Savoie. En mariant une demi-soeur de François 1er avec la famille de Robertet, elle honorait singulièrement cette famille. Robertet lui sera toujours fidèle toute sa vie et Louise de Savoie fera sa fortune.
Bien cordialement
Gratien
Missinne dit
Cher Monsieur!
Je vous remercie pour votre mail et vos recherches sur ce théme.
Le role de l´Astrologie pour Louise de Savoie était en effect trés important.
Et en étant mére… cela a eut un effect encore de plus.
J´ai étudié la vie et les fonctions de Florimond de Robertet, et le moment qu´il a su que le succeseur possible du throne, était de la maison Valois-Angoulème, vers 1497, aprés la mort du Dauphin, il aurait connu la date possible d´une possible accession d´un nouveau roi: 1494 plus 21 ans= 1515.
Alors, entre 1497 et la fin de 1514 il aurait pu demander de faire un horoscope.
L´influence de la mére est certainement devenu plus fort, le moment que ont a vu que le roi Louis XII, pére du peuple(1506,Tours) n´avait pas des enfants masculin.(Loi Salic) Trois enfants masculin mort: 1503, 1508, 1512.
H.C. Agrippa a été demandé de Louise en 1525, quand son fils était en guerre en Italie, de construire un horoscope, qu´il apparement a refusé.
Je vous remercie pour l´explication du lien intense entre la Famille de Robertet et Louise.
Permettez moi quelques questions additionelles: Qui a influencé le Roi Francois Premier pour aider a financé une expédition de Verrazzano?
Apparament Le Rois Francois Premier avait planifié de visiter ALBI. Ils ont tout fait pour décorer la ville…mais il n´est pas y allez. Pourquoi?
Quel était le cartographe le plus important en France vers 1506-1507?
Bien cordialement
dr.st.missinne
ps. Quel est votre nom?
GRATIEN dit
Cher Monsieur, vous avez l’art de me mettre en défaut. Quelques suggestions pour orienter vos recherches ?
1) Varazzano : selon certaines hypothèses, Varazzano serait issui d’une famille florentine exilée à Lyon. Beaucoup de Florentins sont partis à Lyon dès la fin du 14ème siècle poussés par les révolutions successives et les changements politiques à la tête de Florence. Ils revenaient pour la plupart à Florence plus tard mais ils laissaient sur place un membre de la famille qui faisait souche. Ca a été le cas des Albizzi, qui faisaient partie de l’oligarchie à la tête de Florence de 1380 à 1434 et qui ont été chassés par Cosme de Médicis (voir l’article sur Les Medicis: La Prise du pouvoir sur mon Blog). Les Florentins avaient la Banque pour métier (voir l’article sur mon Blog Les sources de la Richesse de Florence) et ils possédaient des succursales un peu partout en Italie et dans plusieurs places européennes dont Lyon. Le premier lien avec François 1er remonte à 1515 grâce à Semblançay qui obtient des banquiers Lyonnais 300 000 écus, juste avant le passage pour l’Italie de François qui va gagner la bataille de Marignan. Puis Semblançay toujours (voir les 3 articles sur Semblançay sur mon Blog) emprunte à titre personnel mais avec la garantie de l’Etat en 1522 de très fortes sommes des banquiers Lyonnais (250 000 Ecus). S’il y a eu une influence d’un banquier lyonnais sur le 1er voyage de Varazzano c’est sans doute à l’occasion de ce prêt. Car les banquiers ont l’habitude de réclamer des garanties et le crédit de François est épuisé. Il faut avoir conscience que la monarchie emprunte sans intérêt mais que les intérêts se pratiquent entre banquiers. Les banquiers Lyonnais ont prêté à Semblançay personnellement pour François 1er, avec la garantie de l’Etat. C’est du reste Semblançay qui remboursera cette dette de l’Etat entre 1523 et 1526 car jamais François 1er ne remboursera Semblançay qui sera condamné à mort et pendu 3 ans plus tard après un procès expéditif. Sans doute Varazzano, s’il a participé à l’emprunt de 250 000 ecus pour François 1er, a-t-il demandé cette contrepartie au roi ? En tout cas Varazzano part sur un vaisseau du roi que ce dernier lui a prêté pour l’expédition.
Pour le deuxième voyage, celui de 1526, il aurait été financé par un join venture entre l’amiral Chabot et l’armateur Dieppois Jean Ango. Or Chabot a été nommé le 23 mars 1525, un mois jour pour jour après Pavie: François 1er est alors captif du roi d’Espagne en Italie. Il doit très probablement sa nomination à Louise de Savoie, Régente de France, qui le connaît très bien depuis sa plus tendre enfance: c’est Louise qui a désigné le jeune Philippe Chabot comme compagnon de jeux de son fils en 1503 à Amboise. Louise Régente a alors besoin d’hommes de confiance à tous les postes militaires. Chabot a-t-il été approché par Ango qui aurait souhaité partager les risques ? François 1er n’aurait pas financé le 2ème voyage, avec la meilleure volonté du monde car les nécessités présentes étaient impératives: seule la libération du roi comptait.
2) Concernant votre deuxième question: le voyage à Albi. Je n’avais pas connaissance d’un tel voyage. J’ai essayé de le dater tout d’abord. A mon avis, c’est en 1533: François 1er est arrivé à Toulouse en venant de Marseille où il a marié son deuxième fils Henri de France à Catherine de Médicis, petite nièce de Clément VII: le Pape est venu personnellement unir les deux princes à Marseille où il a rencontré François 1er. Puis ce dernier est parti à Toulouse (j’ai su pourquoi mais je l’ai oublié). Le roi est ensuite passé par Gaillac pour revenir à Nîmes. Pourquoi n’est-il pas passé par Albi, étape nécessaire sur la route de Toulouse à Gaillac ? Voilà une bonne question ! Je n’ai aucune explication. Mais connaissant le caractère de François 1er, il y a plusieurs explications possibles: a) il aurait été invité à faire un détour pour passer la nuit chez un de ses nobles, b) il aurait eu une aventure galante, c) il aurait été détourné par une chasse, sa plus grande passion. En tout cas, si la visite était prévue c’est une circonstance exceptionnelle impérative qui en a suspendu l’exécution: on peut donc éliminer le a) et le c). Reste le b) !
3) Le cartographe le plus important en France en 1506-1507 : quelle question amusante ! c’est une colle ? Je ne sais pas car la cartographie n’était pas un métier où les Français brillaient particulièrement: les Gênois, les Espagnols, les Portugais ! Mais pas les Français. Donc celui de 1506 (année des Etats généraux de Tours et des fiançailles de François 1er) devait être le seul. Il aurait pu être génois car en 1506, Gênes est soumise à la France et plusieurs nobles gênois se sont mis au service de la monarchie dont l’un, le Seigneur de Vaulx en Velin, sera pour Louise de Savoie l’un des deux négociateurs avisés du Traité de Moore qui sortira en 1525 l’Angleterre de l’alliance espagnole. .
Bien cordialement
Gratien
GRATIEN dit
Je complète ma réponse sur le point 2 : l’annulation de l’entrée dans Albi: ces entrées coùutaient très cher aux villes: il fallait faire une lourde clef en or à offrir au roi, des cadeaux pour la reine et pour la famille royale. Tout cela ne valait le coup que si, en retour, le roi renouvelait les libertés de la ville ou lui accordait un privilège particulier. Il est arrivé à plusieurs reprises que des entrées soient réduites en faste voire peut-être annullées par suite de l’insuffisance des fonds récoltés auprès des donateurs pour diverses cause, niveau de l’activité économique notamment. Mais il y a une cause suffisante qui aurait pu empêcher un passage par Albi: une épidémie de peste localisée: ces épidémies étaient très fréquentes au XVIème siècle et survenaient en général pendant l’été. Peut être ?
Bien cordialement
Gratien