Navires de transport Marco Polo, Le Livre des merveilles Folio 188v Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits, Français 2810
Pour transporter les armées de croisés en terre sainte, au moment des croisades, les Génois utilisent des galères ou des navires de transport de diverses tailles. Mais le transport des chevaux de bataille pose de nombreux problèmes car ils prennent beaucoup de place dans les navires qui ne sont pas construits pour abriter les grands destriers de guerre, dont la hauteur ne permet pas le logement dans les entreponts. Il est très rapidement devenu indispensable de construire des navires adaptés à ces animaux, qui permette une rationalisation de l’espace de transport tout en améliorant considérablement le confort des animaux pendant les traversées interminables de la Méditerranée[i].
Ce navire, ce sera l’uscere pour le transport maritime et la taride, pour le transport fluvial.
Neptune
Maître d’Antoine Rolin (15e siècle) , FRANCAIS 9197 Folio157verso
Enlumineur. Flandre FRANCAIS 9197 Folio157verso “Les Echecs amoureux”
Auteur : Evrart de Conty (1330?-1405) Paris, Bibliothèque nationale de France (BnF)
Apparu au treizième siècle dans les chantiers navals de Gênes, la Taride est un navire à fond plat adapté au transport des rivières. Pour le transport maritime proprement dit, il est vraisemblable que les navires devaient être adaptés pour affronter la houle.
Selon l’ouvrage « Mémoire sur quelques documents génois relatifs aux deux croisades » par Augustin Jal, les tarides sont des navires à voile et à rames, des sortes de péniches, longues de 108 pieds (33m), larges de 10 pieds à fond de cale (3m) et de 12 pieds au maître-bau (sa plus grande largeur, soit 3,6m), hautes de 2 m au centre.
Au lieu d’une seule « rode » ou « estambot », « les tarides ont trois rodes à l’extrémité postérieure de la quille, soutiens de la poupe ronde. Entre les deux rodes latérales et celle du milieu, s’ouvrait une porte, ou sabord de charge par où devaient s’embarquer et débarquer les chevaux. Les portes étaient étoupées pendant la navigation. Les tarides avaient deux mats, six ancres, deux gouvernails (un de chaque bord à l’arrière, et une barque de palis-calme longue de neuf pieds (3m) et fournie de seize avirons, avec une voile ».
La taride possède 40 rames. Son effectif est de 20 mariniers. Une taride peut transporter 20 chevaux ou un chargement de 170 tonnes de blé soit 8,4 tonnes par homme, soit une productivité énorme pour l’époque. La taride (construite de 1224-1371) ressemble beaucoup, par la définition qui en est donnée, à l'”uscere” (1190-1392)[i] et à la « palandrie » qui feront peut-être l’objet d’un article si je trouve dans les bases documentaires suffisamment d’informations.
L’intérêt présenté par la taride est sa capacité à transporter des matières pondéreuses sur de longues distances ce qui permet d’accroître sensiblerment les distances d’approvisionnement. Elles remontent les rivières avec les rames auxquelles s’atelle l’équipage de vingt mariniers. Leur productivité importante permet d’abaisser sérieusement les coûts de transport ce qui autorise alternativement l’augmentation des distances d’approvisionnement ou la réduction de valeur des matières transportées.
Le seul concurrent de la taride par voie de terre, est le convois de mulets ou de chameaux dans les steppes d’Asie centrale. On conçoit aisément l’intérêt de ce mode de transport qui va permettre une spécialisation des flottes pour le transport de matières premières depuis les villes carrefours du commerce de la soie et des épices, vers les comptoirs d’orient puis celui du transport maritime depuis ces comptoirs vers Gênes et Venise.
Modèle de Fuste portugaise Recueil. Voyage de Linschoot dans l’Inde en 1595. Auteur : Linschoten, Jan Huyghen van (1563-1611) Inventaire n°UB-148-4 Page46-page47 Paris, Bibliothèque nationale de France (BnF)
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[i] Voir l’article sur “Les chantiers navals en Ligurie du Moyen Âge à l’époque moderne (xiie - xvie siècles)” par Furio Ciciliot sur le site des Cahiers de la Méditerranée.
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