Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard FrançaisFrançais 599, fol. 55v, Virginia BNF
Il s’agit du cinquante-neuvième portrait de la galerie des cent-six Cleres et nobles femmes de Boccace, qui aborde l’histoire de Virginia, fille du patricien Aulus Virginius et l’épouse du plébéien Lucius Volumnius Flamma Violens, nommé deux fois consul, en -307 et -296. Les dames patriciennes regardant ce mariage comme une mésalliance, lui fermèrent l’accès du temple de la chasteté patricienne, l’année même du second mandat de consul de son époux.
“[10,23] XXIII Cette année-là il y eut beaucoup de prodiges ; pour en détourner les effets, le sénat ordonna deux jours de prières ; le trésor fournit le vin et l’encens ; un grand nombre d’hommes et de femmes allèrent supplier les dieux. Ce qui rendit ces prières remarquables, ce fut, dans la chapelle de la Pudeur patricienne, située au marché aux boeufs, près du temple rond d’Hercule, une querelle qui s’éleva entre les matrones. Virginie, fille d’Aulus, patricienne mariée à un plébéien, le consul Lucius Volumnius, fut écartée par les matrones, parce qu’elle s’était mésalliée, de leur cérémonie religieuse.
“De là une brève altercation, qui, par suite de l’irascibilité féminine, aboutit à une lutte ardente. Virginie se glorifiant justement d’être entrée dans le temple de la Pudeur patricienne comme étant patricienne et pudique, mariée à un seul homme, à qui on l’avait conduite vierge, et de n’avoir pas à se repentir de son mari, de ses charges ni de ses exploits. Un acte éclatant de sa part ajouta encore à ces fières paroles : dans la rue Longue, où elle habitait, elle prit, sur une partie de sa maison, la place nécessaire à une petite chapelle, y établit un autel, et, après s’être plainte aux matrones plébéiennes, qu’elle avait convoquées, de l’outrage des patriciennes, leur dit : “Cet autel, je le dédie à la Pudeur plébéienne, et je vous exhorte, comme les hommes de cette cité rivalisent de courage, à rivaliser de pudeur entre matrones, et à vous efforcer de faire dire que cet autel est honoré, s’il se peut, plus saintement que l’autre, et par des femmes plus chastes.”
“Cet autel fut honoré suivant les mêmes rites que le premier : aucune femme autre que les matrones d’une pudeur éprouvée, et n’ayant eu qu’un seul mari, n’eut le droit d’y sacrifier”.
________________
[i] Tite-Live, Ab Urbe Condita, Livre X Chapitre 23.
Laisser un commentaire