« L’amour ranime, redresse, et déploie nos ailes pour un vol sublime. » Celui qui rédige ce vers s’appelle Michel ange Buonarotti, l’un des plus grands artistes de tous les temps. Celle à qui il adresse ces mots est la divine marquise de Pescara, Vittoria Colonna (1490-1547).
Poète raffiné de culture humaniste, empreint d’une religiosité profonde et authentique, elle fut une femme noble réservée et austère, mais aussi sensible et passionnée. De mœurs irréprochables tout au long de sa vie, elle incarna pour ses très nombreux et très grands admirateurs, l’idéal de la femme cultivée et de la noble féminité. Elle fut proche des idées de la Réforme et correspondante des plus éminents esprits littéraires de son temps. Vittoria Colonna, épouse du vainqueur de Pavie, se distingue comme l’une des figures féminines les plus en vue dans la première moitié du XVIe siècle [i].
Vittoria Colonna Sebastiano del Piombo Musée National d’Art de Catalogne
Une femme adulée et respectée de tous
Ludovico Ariosto, dit l’Arioste, célébra pour l’éternité la noble figure de la Marquise de Pescara, dans le « Roland Furieux », une œuvre de trente-huit mille vers qui connut un succès extraordinaire et qui se répandit partout en Europe à partir de 1532.
« Arioste voulant citer, entre toutes les dames illustres de l’Italie du seizième siècle, une héroïne qui pût servir d’exemple aux femmes de tous les temps, dit en son riche langage [ii] : « J’en choisirai une, et la choisirai telle, qu’elle soit si haut placée au-dessus de l’envie, que personne ne pourra m’en vouloir, si je passe les autres sous silence pour la louer elle seule. Celle-là ne s’est pas contentée de se rendre immortelle par son beau style, que nul autre, à mon avis, ne surpasse, mais encore elle peut tirer du sépulcre tout homme dont elle parle ou écrit, et faire qu’il vive éternellement. Vittoria est son nom et ce nom convient bien à celle qui est née au milieu des victoires, et qui, soit qu’elle aille ou qu’elle demeure, mène partout la victoire avec elle, ou la précède, ou la suit. Si le héros Macédonien envia au terrible Achille le clairon de Méonie, combien plus invincible François de Pescaire, il t’envierait, s’il vivait encore, toi à qui une femme si chaste et si tendrement aimée a chanté l’hymne d’immortelle gloire qui t’était dû. Par elle, ton nom retentit de telle sorte, que tu ne peux souhaiter de trompettes plus éclatantes. Si je voulais mettre sur papier tout ce qu’on en pourrait dire, et tout ce que j’en voudrais ici dire moi-même, j’en parlerais certes bien longuement, mais jamais assez pour épuiser mon sujet. »
Le Pape Clément VII, Julien de Médicis (1478-1534) la couvrit de marques d’estime. Elle était si connue que Charles Quint, l’Empereur du Saint Empire Romain Germanique, roi d’Espagne, de Naples et de Milan, ne dédaigna pas d’aller la visiter chez elle à Rome, en 1536, dans le palais des Colonna.
Elle correspondait avec Marguerite de Navarre (1494-1549), sœur de François 1er, avec le Cardinal Reginald Pole (1500-1558), archevêque de Cantorbéry, avec le cardinal Giovanni Morone (1509-1580), fils du chancelier Morone qui avait voulu faire un roi de son mari décédé [iii], Jacopo Sadoletto (1477-1547), cardinal, fin lettré et grand humaniste, avec le poète Marc Antoine Flaminius, Pierre Martyr Vermigli (1499-1562), Pierre Carnesecchi, qui fut l’un des premiers martyrs de la Réforme en Italie.
Reginald Pool ou Pole (1500-1558), dernier archevêque catholique de Cantorbéry et cardinal en 1536 par Nicolas IV de Larmessin (1684-1753) d’après Sebastiano del Piombo n° d’inventaire LP9.66.1 Fonds Estampes Crédit photo (C) Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / image château de Versailles Musée National des Châteaux de Versailles et de Trianon
Tous les poètes et lettrés d’Italie, vinrent à un moment ou à un autre, se présenter à sa cour à Ischia ou à Rome lors de ses passages dans cette ville à commencer par l’Arioste (1474-1533), Gian Giorgio Trissino dit Le Trissin (1478-1550), écrivain, Luigi Alamanni (1495-1556), le grand poète italien, exilé en France, le célèbre Cardinal Pietro Bembo (1470-1547), humaniste et écrivain, le poète napolitain Jacopo Sannazaro (1458-1530), ami de Fra Giocondo, l’écrivain Lodovico Domenichi (1515-1564), le traducteur et poète Annibal Caro (1507-1566), Bernardo Tasso (1493-1569), auteur (Amadis des Gaules) et poète, père du grand poète Le Tasse. Paolo Giovio (1483-1552), le célèbre chroniqueur des guerres d’Italie, lui fit présent d’une vie du marquis de Pescara en sept livres. Le célèbre auteur du « Livre du Courtisan », Baldassare Castiglione (1478-1529), fut un visiteur assidu.
Pierre l’Arétin (1492-1556), à la satire mordante, l’admira mais Michel Ange l’adula à partir de 1540 : une liaison spirituelle, très forte, entre le sculpteur de génie et la poétesse fut l’occasion pour l’artiste de quelques-uns de ses plus beaux poèmes.
Qui était cette femme exceptionnelle qui sans jamais donner à quiconque de marques de faveur séduisit tous ceux qui l’approchaient, qui s’empressaient, à leur départ, par leur art et leurs écrits de faire rayonner le phare culturel d’Ischia ?
Une éducation de la Renaissance
Vittoria naquit en 1490 au château de Marino, à quelques kilomètres de la résidence du Pape de Castel Gandolfo, sur le lac d’Albano [iv].
Vue de Marino par Gaspar Van Wittel (1652-1736) Palazzo Pitti à Florence
Son père est Fabrizio Colonna, fils cadet de la branche cadette, dite de Genazzano, de la famille Colonna, l’une des plus importantes familles de patriciens romains, ayant donné de nombreux Papes et des cardinaux, plus nombreux encore. Le père de Fabrizio est Odoardo Colonna, Duc de Marsi. Le cousin germain de Fabrizio est Prospero Colonna, Duc de Marsi, qui fut un célèbre général des guerres d’Italie.
Sa mère est Agnes de Montefeltro, dernière fille de Fédérico II da Montefeltro, le célèbre condottiere mécène du XVème siècle, fait duc d’Urbin par le Pape et qui tint à Urbino la cour la plus brillante d’Italie. Elevée dans le culte de l’art, de la littérature, de la poésie et des artistes, parlant plusieurs langues, il est probable qu’Agnès transmit ses connaissances et ses talents à sa fille, Vittoria.
Federico da Montefeltro (1422-1482) Piero della Francesca Galerie des Offices Florence
Fabrizio lui-même, qui devint plus tard Prince de Tagliacozzo, était un homme de guerre, le plus grand tacticien italien, d’une grande culture et un fin lettré. Lors de l’expédition de Charles VIII, les Colonna, Fabrizio et Prospero, désertèrent le service des rois aragonais de Naples et se rallièrent à Charles VIII. Au départ de ce dernier, la dynastie Trastamare revint au pouvoir et, pour rentrer en grâce, en 1499, Fabrizio dut promettre de faire épouser sa fille au fils d’un espagnol de Naples qui avait victorieusement défendu le Château-Neuf (Castel Nuovo) [v], Alfonso d’Avalos, Marquis de Pescara, dont le grand père avait accompagné le roi Alphonse V d’Aragon à Naples lors de la conquête de ce royaume sur le dernier Angevin, le roi René d’Anjou [vi].
Sitôt la promesse de mariage scellée, le Marquis de Pescara mourut de sorte que sa soeur, Costanza (1460-1541), assura la poursuite de l’éducation de son neveu, né en 1490, Ferdinand Francesco d’Avalos. Costanza avait épousé, Federico Del Balzo [vii], le Prince d’Altamura, frère de la reine Isabelle de Naples qui mourut en 1483. Elle fut nommée duchesse de Villafranca en 1501, date à laquelle elle s’établit à Ischia, une forteresse aragonaise du royaume de Naples. En 1503, elle résista pendant quatre mois à la flotte française du comte de Ravenstein, le neveu de Louis XII, fait d’armes qui lui valut de conserver la forteresse d’Ischia dans les domaines d’Avalos.
Forteresse des Aragons sur Ile d’Ischia Crédit Photo Site Italia.it
Costanza avait pris en charge l’éducation de son neveu Ferdinand.
Le 6 juin 1507, les fiançailles des deux futurs époux furent signées à Ischia. Etaient présents les plus nobles représentants du royaume de Naples : le duc de Marsi, les princes de Salerne et de Bisignano, les ducs de Termoli et d’Altri et des représentants des plus grandes familles aragonaises de Naples: A partir de cette date, Vittoria fut confièe à sa belle-famille. Il était en effet d’usage fréquent dans les grandes familles, de confier la future épousée à la garde de la famille de son futur époux. Ce fut le cas par exemple pour Marguerite d’Autriche, promise au dauphin Charles (futur Charles VIII) par traité, qui fut élevée à la cour de France jusqu’à la rupture unilatérale du contrat de mariage [viii].
A Ischia, les deux fiancés vécurent l’un à côté de l’autre pendant plus de deux ans, à partir de la fin de leur adolescence, un âge magique, de sorte qu’ils tombèrent amoureux l’un de l’autre.
Les années d’épouse
Leur mariage fut célébré le 27 décembre 1509 à Ischia. Puis, après quelques temps passés à Ischia, les jeunes mariés vinrent séjourner à Naples dans la Villa Pietralba, appartenant à la famille Avalos, sur les hauteurs proches du fort Saint-Elme. Ils y passèrent près de quatre ans, la plus longue durée, ensemble, de leur vie.
Là, ils reçurent tout ce que le royaume de Naples comptait de beaux esprits. Ils avaient pour voisin le poète Jacopo Sannazzaro, espagnol d’origine très attaché aux Avalos, qui résidait à la villa Mergellina et qui prit l’habitude de venir échanger fréquemment avec le jeune couple. Ils reçurent également Bernardo Tasse, le père de Torquato et l’historien Paul Jove.
Puis la guerre s’alluma, la Sainte ligue, composée du Pape, de l’Espagne, de Venise et des cantons suisses contre la France de Louis XII. Cette quatrième guerre d’Italie provoqua le départ de Ferdinand pour Imola où étaient concentrées les troupes napolitaines.
Pendant l’absence de son mari, Vittoria entreprit l’éducation du neveu de Ferdinand, Alphonse d’Avalos, le futur Marquis Del Vasto, qui devait jouer un rôle central à Pavie. Elle s’évertua à en faire un gentilhomme accompli, bien éduqué, capable de rimailler avec assez de bonheur : ce fut son fils spirituel comme elle le disait car elle ne parvint jamais à avoir d’enfant.
A la Pâques 1512, Vittoria apprit la défaite de Ravenne contre les Français : Ferdinand avait été fait prisonnier, avec deux blessures. Le Maréchal Trivulzio (Jacques Trivulce), général milanais passé au service de Louis XII, pour lequel il avait conquis le duché de Milan, un parent de Ferdinand, s’entremit pour le jeune homme qui fut libéré contre rançon. Quant à Fabrizio Colonna, il resta prisonnier sur parole quelques temps, à la cour de Ferrare d’Alphonse d’Este et de Lucrèce Borgia.
“Pour la première fois elle accorde sa lyre et rime au cher absent une de ces poésies alambiquées, sentimentales, avec jeux de mots et concetti, fort à la mode en Italie depuis Pétrarque. C’est ainsi que nous l’entendons se plaindre du sort des pauvres femmes vouées au chagrin, à l’angoisse, pendant que ceux qui leur sont chers s’exposent aux périls de la guerre” résume élégamment Henri Blaze de Bury [ix].
Il est probable que cette campagne ait changé les relations de Ferdinand et de son épouse. Toujours est-il qu’après Ravenne, le couple ne vécut pratiquement plus jamais ensemble. Est-ce parce qu’ils ne parvinrent pas à faire d’enfant ?
« Il y a cependant dans les poésies de Vittoria, une amertume voilée, qui ne peut guère s’expliquer que si l’on admet ce cruel mécompte où auraient abouti ses chères espérances » dit Maxime Formont.
En 1517, un brillant mariage se déroula à Ischia, celui de Constance d’Avalos, sœur du marquis Del Vasto et amie de Vittoria, avec le duc d’Amalfi, Alphonse Piccolomini. Puis un autre mariage, plus somptueux encore se déroula à Ischia entre Bonne Sforza, fille du duc de Milan et le roi de Pologne et Grand-duc de Lituanie, Sigismond 1er. Vittoria parut en des atours somptueux en qualité de dame d’honneur de la reine. Décidément, le séjour dans la merveilleuse île d’Ischia, plaisait manifestement à tous.
Portrait de Bona Sforza Style d’Ambrogio di Predis Philadelphia Museum of Art
En 1520, Fabrizio mourut et deux ans plus tard, Agnes de Montefeltro décédait à son tour. Ces deux deuils successifs brisèrent Vittoria : son mari vint alors la rejoindre pour la soutenir quelques mois. Ils partirent ensemble à Rome où ils rencontrèrent le cardinal Pietro Bembo, Jacopo Sadoletto et François Marie Molza, un poète cynique et débauché en qui, Vittoria ne voulut jamais voir que le poète.
Elle entretint alors une correspondance suivie avec le dataire Ghiberti, depuis Evêque de Vérone et elle fit la connaissance de Francesco Berni, le secrétaire de Ghiberti, adepte des poésies burlesques.
Puis, en 1524, la guerre se ralluma entre l’Empereur, suzerain de Naples et la France, pour le contrôle de l’Italie. Ferdinand était devenu l’un des principaux officiers de Charles Quint en Italie. Il culbuta l’armée française conduite par Bonnivet, sous les ordres du duc de Bourbon qui venait de passer au service de l’Empereur et il participa à la malheureuse expédition de Provence qu’il avait vainement essayé de contrecarrer.
Cette affaire eut cependant pour résultat d’affermir son pouvoir sur l’armée et, lorsque Bourbon partit chercher des renforts en Allemagne, il resta de fait, sinon en titre, généralissime des armées impériales en Italie. C’est en cette qualité qu’il vainquit en février 1525, le roi François 1er qui fut fait prisonnier à Pavie.
Ce fut une gloire immense en Italie qui plaça immédiatement son épouse sur un piédestal. Elle était la femme du grand vainqueur du royaume le plus puissant de la Chrétienté.
Par un tour de passe-passe, le vice-roi de Naples, Lannoy, s’empara de la personne du roi captif qu’il conduisit en Espagne [x]. Et Pescara, blessé plusieurs fois dans cette bataille, ne reçut aucune récompense de son empereur sinon une lettre de félicitations qui fut adressée par Charles Quint à … sa femme Vittoria. Sans doute cette lettre fut elle tardive et postérieure à la mort de Pescara ?
Resté à Milan, Pescara fut approché par le Chancelier Morone du duché de Milan qui lui promit la couronne de Naples s’il retournait l’armée contre Charles Quint. Il consulta sa femme qui lui conseilla de choisir la voie de l’honneur. Il tergiversa puis il se résolut à faire assister Leyva, le général espagnol qui avait victorieusement résisté à François 1er dans Pavie, à un entretien avec Morone, caché derrière une tenture. A la fin de l’entretien, Leyva vint arrêter Morone qui resta prisonnier pendant plus de trente ans.
A la suite des blessures mal guéries, reçues à Pavie et du stress lié à la conspiration de Morone, Pescara tomba gravement malade en décembre 1525 et il écrivit à Vittoria pour l’informer de son état. Cette dernière, affolée, partit précipitamment le rejoindre à Milan, mais, à peine elle avait dépassé Rome, arrivée à Viterbe, qu’elle apprit la mort de son époux. Il léguait sa fortune à son neveu, le marquis del Vasto, laissant à Vittoria de quoi vivre honorablement.
Portrait d’Alfonso d’Avalos (1502-1546) par Le Titien J. Paul Getty Museum
Il fut inhumé à Naples en l’église de Saint-Dominique-le-Majeur, lieu de sépulture des princes de la famille d’Aragon et de leurs serviteurs.
Le Cénacle et la Réforme
La jeune femme, qui était restée très attachée à son mari, bien que celui-ci, en apparence, lui ait peu rendu de son affection, trouva un dérivatif à sa douleur dans la composition, à la manière de Pétrarque, de sonnets sur son époux, qui la placèrent, définitivement, comme l’un des grands poètes de l’Italie du XVIème siècle.
« À la mort de son époux, la jeune veuve entreprend une véritable transfiguration poétique de son destin d’épouse, adaptant les concepts néoplatoniciens sur l’amour à sa sensibilité et à sa fantaisie » nous dit la spécialiste française de la poésie Pétrarquiste de Vittoria Colonna [xi].
Elle exprime dans ses vers le déchirement éprouvé entre l’aspiration à l’ascétisme et l’attirance pour les séductions du monde. Ses poèmes et son statut d’épouse fidèle au général victorieux lui élevèrent un piédestal auprès duquel tous ses contemporains se prosternèrent.
“La douleur qu’elle ressent de la perte de son époux, la gloire dont rayonne sa dépouille héroïque, lui deviennent une source inépuisable d’inspiration. Immortaliser, déifier cette idole sera désormais l’unique but de ses actes et de sa pensée” précise Blaze de Bury (déjà cité). “Tout entière à son élégie, au cher et unique absent, et dialoguant avec lui d’un monde à l’autre, elle tira de sa lyre des méditations, des contemplations, des recueillemens et des harmonies poétiques dont les contemporains furent ravis et que bien des gens admirent encore aujourd’hui par ouï-dire. Cette poésie, nous la savons par cœur, c’est le sonnet de Pétrarque avec ses raffinemens et ses subtilités, son mysticisme, son symbolisme et ses allégories. Seulement, au lieu d’une femme qu’on vous montre parcourant les cycles infinis de la transfiguration, vous avez un homme, au lieu de la divine Laure, don Ferrante d’Avalos : « Soleil tout rayonnant de gloire, vision céleste dont l’éclat réchauffe l’âme et la féconde“(BdBury).
Les poésies de Vittoria Colonna ne tardèrent pas à faire leur chemin ; la situation particulière de l’auteur dans la société romaine, la physionomie intéressante du héros, tout contribuait à pousser au succès. Arioste, Bembo et jusqu’à l’Arétin sont unanimes à célébrer cette femme extraordinaire.
Vitooria voulut réfugier sa douleur auprès des religieuses clarisses du couvent de San-Silvestro in Capite, sœurs depuis longtemps protégées par la famille Colonna et elle obtint du Pape Clément VII son autorisation : ce dernier fit menacer les religieuses des sanctions les plus sévères si ces dernières usaient de l’état de faiblesse de la pénitente pour lui faire prendre le voile. C’est dire si, à l’époque, Vittoria était déjà immensément respectée. Il s’agissait sans doute de l’hommage unanime de l’Italie à l’épouse du vainqueur de Pavie.
Vittoria se réfugia à Marino, le château de sa famille, d’où elle vécut douloureusement le sac de Rome en 1527 par les lansquenets allemands et luthériens de Bourbon [xii], et plus douloureusement encore, une conférence, entre son frère Ascanio et deux ambassadeurs Espagnols venus lui demander les moyens d’abattre la puissance du Vatican, projet auquel elle tenta, inutilement, de s’opposer.
Elle s’employa activement à obtenir la libération de ses amis et connaissances, capturés lors du sac de Rome et notamment Ghiberti, en recourant aux bons offices de son neveu, le marquis Del Vasto, futur généralissime des armées impériales et de son cousin, le Cardinal Pompée Colonna.
Puis elle vécut à nouveau la guerre entre les Français du Maréchal Lautrec, en 1528, et Naples, défendue par le Prince d’Orange, Philibert de Châlon. Puis la peste décima l’armée française et la ville de Naples. La propagation de la maladie la contraignit à rejoindre Rome où, peut-être, rencontra-t-elle la poétesse Veronica Gambara qui avait avec elle de nombreux points communs : plus âgée de cinq ans que Vittoria, Veronica était l’épouse d’un officier de Charles Quint, mort à son service en 1519. Elle était restée fidèle à sa mémoire et elle avait refusé tous les partis qui se présentèrent. Sa maison qui fut honorée deux fois de la visite de Charles Quint, qui semblait tout particulièrement épris des jolies femmes, ou bien de la poésie, ou bien des deux, était le rendez-vous de tout ce que Rome contenait de savants et de beaux esprits.
Correggio, Portrait de dame, c.1517-1518 Véronica Gambara Huile sur toile 1,02 x 0,86 Musée de L’Hermitage Saint-Petersburg
Vittoria revint alors passer deux ans à Ischia, de 1531 à 1533.
Elle y constitua un cénacle littéraire où vinrent la visiter, attirés par la magie des lieux et la renommée de leur hôtesse, tous les poètes et écrivains les plus célèbres d’Italie et notamment Jacopo Sannazaro, Le Tasse, l’Arioste, l’Aretin, le Trissin.
Pierre l’Arétin vers 1512 – Le Titien Galerie Palatine du Palazzo Pitti à Florence
Mais le séjour paradisiaque d’Ischia avait perdu le goût des jours heureux.
Elle vit partir son neveu Del Vasto secourir Buda assiégée par les Turcs de Soliman le Magnifique. La victoire de Pescara à Pavie avait ainsi permis à son neveu, l’ancien élève de Vittoria, de devenir généralissime des armées impériales en Italie. Il obtint la Toison d’Or au terme de cette campagne, ce qui en fit l’un des tout premiers gentilshommes du Saint Empire [xiii]. Combien ce dut être difficile pour Vittoria d’observer la reconnaissance posthume de l’Empereur à la famille de son époux, tellement ignoré par Charles-Quint de son vivant.
Puis Vittoria partit d’Ischia pour mener cette vie itinérante qu’elle mena toute sa vie, de couvent en couvent, d’Orvieto à Viterbe, de Lucques à Florence, d’Ischia à Rome, puis à Naples.
Naples où justement venait de s’installer en 1529, un jeune gentilhomme espagnol qui avait fui l’Inquisition, Juan Valdez. Il avait été en relations & Rome avec Pierre Carnesecchi, le secrétaire du Pape Clément VII et propagateur zélé des idées et des tendances réformatrices.
Portrait de Pietro Carnesecchi Domenico Ubaldini Huile sur bois 0,595 x 0,295 crédit Photo Web Gallery of Art Galerie des Offices Florence
Tout naturellement, il se forma autour de lui un cercle de grands esprits de la haute société, où l’on discutait des questions religieuses; Vittoria en fit partie, ainsi que la belle Julie de Gonzague [xiv], la duchesse d’Amalfl, sa nièce, sœur du marquis del Vasto, et Isabelle Manriquez, sœur de l’archevêque de Séville, grand inquisiteur d’Espagne, élevé par Clément VII, en 1531, à la dignité cardinalice.
Tête de femme Sebastiano Del Piombo Huile sur toile Crédit Photo Kimbell Art Museum Ce portrait de femme est extraordinaire et bien digne de figurer dans le palais d’un pape. Il semble que ce ne soit pas le fameux tableau perdu de Catherine de Médicis représentant Julie Gonzague ? (voir note xiv)
Une autre personnalité de talent participait à ce cercle, le remarquable abbé de Spolète, Pierre Martyr Vermigli [xv] qui venait d’être nommé en 1530, prévôt du collège Saint-Pierre ad aram de la ville de Naples. Son arrivée à Naples décida de son destin. Fut-ce la rencontre avec Juan de Valdes ? Pierre Martyr devait devenir le plus célèbre des hérésiarques italiens.
Pierre Martyr Vermigli par Hans Asper, 1560 — Crédit Photo National Portrait Gallery, London: NPG 195 © National Portrait Gallery
Dès lors, Vittoria Colonna est en relation avec les grands esprits de la Réforme ou des personnalités proches du mouvement évangélique. Elle fraye avec Bernardo Ochino (1487-1564), ancien disciple de Savonarole, qui fut désigné Vicaire général des Capucins en 1538 et qui devint prédicateur de la justification par la foi. Ses prédications de carême avaient fait tant de bruit, que Clément VII jugea nécessaire d’expulser les Franciscains de Rome
Deux femmes se battirent pour obtenir leur rappel : Vittoria Colonna et Catherine Cibo : veuve du duc de Camerino, Catherine Cibo était la petite fille du pape Innocent VIII et la nièce du pape Léon X. Cette théologienne d’élite savait plus de latin, de grec et d’hébreu que tous les docteurs et elle lisait les Écritures dans le texte original.
Vittoria Colonna se déplaça à Ferrare en 1536, dans le but de procurer à Frère Bernardine Ochino, les moyens d’y établir un couvent de capucins organisé d’après ses principes. La veuve du Marquis de Pescara, qui resta dix mois à Ferrare, y fut reçue par une population enthousiaste et elle fit la connaissance de la duchesse de Ferrare, Renée de France, fille du roi Louis XII et belle-sœur du roi de France François 1er. Renée de France professait ouvertement des idées réformatrices, à l’opposé de son mari, resté très catholique.
Renée de France Duchesse de Ferrare par Corneille de Lyon Collection privée
Renée la mit en relations avec Marguerite de Navarre, la sœur de François 1er, Reine de Navarre, qui était très proche des milieux réformateurs mais qui n’osait pas se dévoiler officiellement compte tenu des obligations de son frère à l’égard de l’Eglise Catholique.
Marguerite d’Angoulême Tableau de Jean Clouet Huile sur bois 0,612 x 0,526 Walker Art Gallery à Liverpool
Vittoria et Michel ange
En 1540, Vittoria fait la rencontre de Michel Ange. L’artiste (1475-1564) est alors au faîte de sa carrière, il a soixante-cinq ans. Vittoria elle-même est une femme vieillissante mais encore très belle : elle a cinquante ans. Mais c’est une femme au sommet de la hiérarchie sociale, adulée par le peuple et par les cours princières.
Marcello Venusti – Michel Ange à 60 ans – Crédit Photo Galerie des Offices Florence
Vittoria a un immense charisme, une noblesse de maintien et un regard très dense : elle subjugue ses interlocuteurs. D’une brillante intelligence, et d’une perfection absolue de manières et de maintien, elle sait tenir à distance ses admirateurs tout en leur donnant immédiatement l’impression d’une grande familiarité, par la manière dont elle manie les idées et les mots. C’est une femme de cour. Le charme de sa conversation séduit tous les auditeurs, qui se pressent en foule, à chacun de ses arrêts dans les couvents de passage où elle tient salon.
Dessin de Vittoria Colonna par Michel Ange au British Museum Ce qui frappe dans ce dessin, c’est le regard à la fois perçant et doux, presque fragile mais d’une grande force intérieure
Dès le début, l’artiste homosexuel et la froide épouse vertueuse s’animent dans un ballet des âmes. Car leur relation ne sera jamais qu’amicale. Mais une amitié qui touche à l’amour platonique : c’est une relation fusionnelle.
Vittoria était venue s’installer au couvent de Sainte-Catherine à Viterbe, à proximité de son vieil ami le Cardinal Reginald Pole, archevêque de Cantorbery, qui avait dû fuir l’Angleterre d’Henry VIII, au moment de l’affaire du divorce. Michel-Ange venait régulièrement voir Vittoria à Viterbe.
Bientôt, Vittoria ne put plus se passer de Michel-Ange : elle avait besoin de le côtoyer, de parler avec lui, d’échanger des poésies. Elle sentait, peut-être pour la première fois de sa vie, une véritable union spirituelle avec un autre homme. Elle quittait alors Viterbe pour venir à Rome, respirer le même air que son ami.
Elle était poète et, pour elle, Michel-Ange se fit poète :
« Le principe de mon amour ne réside point en mon cœur, car l’amour dont je t’aime est, pour ainsi dire, sans cœur, étant tourné vers un objet que n’atteignent point les basses pensées ni la passion humaine, toute pleine d’aveuglement.
Quand nos deux âmes sortirent du sein de Dieu, Amour, qui te fit pure lumière, me voulut faire judicieux contemplateur de la beauté ; aussi mon désir ardent ne saurait méconnaître la clarté qui resplendit dans cette partie de toi vouée, hélas ! à la destruction, pour notre malheur.
Mais comme la chaleur est inséparable de la flamme, ainsi ton corps charmant est inséparable de l’âme immortelle qui l’anime ; mon culte enthousiaste exalte la manifestation et l’image de cette essence divine.
Voyant dans tes yeux le paradis, ma pensée revole vers eux pour retourner dans les cieux. »[xvi]
Quand elle venait à Rome, Vittoria s’installait au couvent du Quirinal où Michel-Ange venait la visiter dans le cloître. De là on passait dans le jardin qui disposait d’une vue magnifique sur Rome. Sous un ombrage bienfaisant et à proximité d’une fontaine, Vittoria recevait ses amis et des artistes qui venaient faire salon autour d’elle.
Vittoria, qui écrivit de nombreuses lettres à son ami, et qui lui offre un livret de ses poésies qu’il conserva pieusement, parle à plusieurs reprises d’un crucifix que lui offrit Michel-Ange et d’une descente de croix, ouvrages qui ont disparu à jamais. On en déduit la teneur de leurs entretiens. Mais Vittoria qui admire l’artiste, ne l’aime pas davantage pour ses offrandes : elle l’aime par-delà lui-même, presque malgré ses offrandes.
La vertu de Vittoria est animée par une foi sincère, inébranlable. Elle parle à son ami des idées de la réforme et peu à peu Michel-Ange se laisse entraîner sur la pente. “Vittoria Colonna n’avait jamais eu l’idée de changer de religion, ses élancements n’allaient guère au-delà d’une réforme dans les pratiques du culte et d’une épuration dans la morale. Elle croyait fermement que l’âme pouvait se sauver par les actes et sans l’intervention des anges et des saints. Telle était aussi l’opinion de Michel-Ange dans ses vers, et des cardinaux Pole et Contarini dans leurs lettres ; mais ni Vittoria, ni Michel-Ange, ni les cardinaux ne prétendaient davantage, ils voulaient sur toute chose le bien de l’église et son unité, et plutôt que d’y porter atteinte ils se résignèrent” (Blaze de Bury).
Les dernières années de sa vie furent des années d’affliction pour Vittoria qui vit la ruine de son frère contre lequel le Pape Paul III résolut d’en finir, la mort de sa tante, la duchesse Costanza de Francavilla, la mort de son neveu le marquis Del Vasto, celle de Giberti. Vittoria tomba dans une maladie de langueur (dépression ?).
« C’est une femme rare, écrivait le comte Fortunato Martinengo, rapporté par Maxime Formont, toute pleine de l’amour du Christ, dont le nom est sans cesse dans son cœur et sur ses lèvres. Combien son humilité est grande ! Il y a une telle force dans tout ce qu’elle dit, qu’il semble que de sa bouche pendent des chaînes qui tiennent captifs ses auditeurs. C’est un bonheur pour moi de l’entendre et de l’approcher.»
Elle vient passer les derniers temps de sa vie au couvent des Bénédictines de Sant’Ânna de* Funari à Rome. Elle avait choisi ce site pour être tout proche de son ami, Michel-Ange, qui habitait une maison voisine.
Elle mourut le 25 février 1547 et fut ensevelie dans la crypte funéraire de la chapelle de Sainte- Anne, comme les religieuses du couvent, sans qu’aucune pierre tombale ne rappelât la femme la plus célèbre d’Italie.
Dans ses Mémoires sur la vie de Michel-Ange, Ascanio Gondivi rapporte que l’amour de l’artiste pour Vittoria était tel, « qu’il me souvient lui avoir entendu dire qu’il ne regrettait qu’une chose : c’est que, lors de la visite qu’il lui fit, quand elle allait quitter cette vie, il ne lui baisa pas le front et le visage, comme il lui avait baisé la main. »
Une épitaphe sur la poésie de Vittoria Colonna
Maxime Formont exprime le jugement suivant sur la poésie de Vittoria Colonna :
« La poésie de Vittoria n’a pas ou du moins elle a rarement, le coloris si riche des poètes de la Renaissance, surtout Italiens. Elle exprime plus d’idées que de sentiments et plus de sentiments que de sensations : on s’aperçoit, en la lisant, qu’elle a beaucoup agi, beaucoup pensé, mais qu’elle a fort peu rêvé. »
« Cependant, elle trouve, quand elle veut bien, l’image gracieuse qui attire et la note qui émeut, quoique son principal souci soit de rendre exactement sa pensée, et de ne jamais déchoir d’une certaine élégance sévère. On se représente volontiers cette poésie comme une belle veuve austère et froide, semblable à Vittoria elle-même. »
« C’est le langage d’un grand cœur qui a aimé noblement, qui a souffert, qui a lutté pour le bien : ce ne sont pas les amusements d’un talent indifférent à tout, hormis au beau. On y découvre un mélange de noblesse antique et de simplicité chrétienne, d’une expérience consommée de la vie mondaine, et de la candeur des âmes parfaitement vertueuses. En un mot, c’est une sainte qui tint la plume, mais une sainte qui a passé dans les cours tout le temps qu’elle n’a point passé dans les cloîtres, qui a été en rapport avec les plus illustres interprètes de la pensée humaine, et qu’enfin Michel-Ange a aimée. »
« Ne lui demandons point ce qu’elle ne pouvait pas nous donner, et tâchons plutôt à bien distinguer son originalité incontestable et ce parfum de chaste poésie, qui veut être respiré avec un véritable recueillement. »
« Et pour cela, ne séparons point trop l’histoire de sa vie, poétique comme une légende, de son œuvre qui en est le résumé. »
« La pensée de Dieu et la pensée de son époux ont gouverné sa plume comme son existence, et c’est un des plus remarquables caractères de son talent qu’il ne puisse être expliqué que par ses vertus. »
Blaze de Bury juge que “le poète en elle compte peu, et sur le Parnasse italien, caché qu’il est par l’ombre de Pétrarque, elle n’occupe guère que le second rang, et encore ; mais la femme brille au premier. Cette dignité, cette élévation, semblent faites pour grandir même un Michel-Ange, dont ce n’est point le moindre honneur d’avoir vécu des années côte à côte avec une pareille muse.
Créer des œuvres immortelles et ne se détendre de l’inspiration que dans le commerce d’une belle âme sœur et confidente de la vôtre, le grand Florentin eut cette fortune. Ce statuaire, ce peintre, ce poète, cet architecte, était un patriote admirable, un moraliste, et touchait d’aussi près à Marc-Aurèle qu’à Phidias. Les autres, même Raphaël, qui n’avait que des sens et du génie, n’ont eu que des maîtresses ; Michel-Ange seul eut une amie.”
Les « Rimes de la divine Vittoria Colonna, marquise de Pescara », furent édités plus de dix fois en Italie entre 1538 et 1586, ce qui en fait sans doute l’un des gros succès d’édition du XVIème siècle italien derrière le best-seller l’Arcadie, du poète Sannazaro, qui fut réédité plus de soixante fois.
Epilogue: un poème de Michel Ange à Vittoria Colonna
Un grand amour pour une immense beauté
N’est pas toujours une faute impie et mortelle,
S’il laisse ensuite le cœur tellement attendri
Qu’un trait divin le pénètre
L’amour ranime, redresse et déploie nos ailes,
Pour un vol sublime et son ardeur
Est souvent le premier degré, duquel l’âme
Affligée ici-bas s’élance vers son créateur.
L’amour dont tu es l’objet n’a que des aspirations élevées,
Il n’est ni vain ni caduc et il serait indigne
D’un cœur sage et délicat de brûler d’un autre
L’un attire vers le ciel et l’autre vers la terre,
L’un habite dans l’âme et l’autre dans les sens,
Et son arc vise à un but grossier et vil.
(Michel Ange – Sonnet VIII à Vittoria Colonna – traduit de l’italien)
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[i] Selon Jacob Burckhardt dans « Civilisation de la Renaissance en Italie » 1858, elle était la femme la plus célèbre en Italie, Dans mon roman, l’Ombre du Connétable paru chez Persée en juin 2014, j’ai longuement évoqué le personnage de Ferdinand d’Avalos, Marquis de Pescara, généralissime des armées impériales et le vainqueur de Pavie. Je m’étais promis de parler de son épouse, Vittoria Colonna, qui a marqué si profondément les grands poètes du XVIème siècle et dont le plus célèbre panégyriste fut L’Arioste dans le Roland Furieux et le plus proche confident, Michel Ange dans les immortels poèmes qu’il lui a adressés.
[ii] Maxime Formont Les Inspiratrices ViTTORIA COLONNA. — BÉATRIX. Catherine d’Atayde L. LACROIX, Libraire-Éditeur 1889
[iii]Cette histoire est notamment contée dans mon roman, L’ombre du Connétable Persée 2014.
[iv] Ce lac est situé à 20 km au sud de Rome.
[v]Voir l’article sur ce Blog sur la Première guerre d’Italie
[vi]Le « bon » roi René, comte de Provence, duc d’Anjou, du de Bar et de Lorraine, roi de Naples et roi de Jérusalem. Voir l’article sur la première guerre d’Italie
[vii]En ce qui concerne les questions concernant Costanza d’Avalos et celle d’Isabelle de Balzo, reine de Naples, voir les articles Wikipedia .
[viii]L’Empereur du Saint Empire qui avait déjà épousé vingt ans plus tôt Marie de Bourgogne et mis la main sur la plus belle dot d’Europe, décida de renouveler l’expérience en négociant son mariage avec Anne de Bretagne. Le duc de Bretagne avait cependant signé avec la France un traité par lequel il s’engageait à ne pas autoriser le mariage d’Anne de Bretagne sans l’accord du roi de France. Anne de Beaujeu, Régente de France et sœur aînée de Charles VIII, envahit immédiatement la Bretagne et, après une campagne expéditive, s’empara de la duchesse Anne qu’elle maria immédiatement avec son frère, brisant ainsi l’alliance avec l’Empire. Ce faisant elle fit de Marguerite un ennemi mortel de la France.
[ix] Henri Blaze de Bury Raphaël et Michel Ange, leur vie mondaine et politique, leurs poésies et leurs amours Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 25, 1878 (pp. 481-529)
[x]Une affaire très curieuse que je raconte dans mon roman L’Ombre du Connétable.
[xi]Dans un article publié dans la Revue Italies « L’amour platonique au féminin : Vittoria Colonna et Gaspara Stampa » par Chiara Pisacane.
[xii]Bourbon fut tué par une balle d’arquebuse tirée depuis les remparts lors de l’assaut. Que faisait-il là ? On dit que fous de rage d’apprendre sa mort, ses soldats se ruèrent à l’assaut de la ville éternelle aux cris de « Borbon, Borbon », qu’ils emportèrent et pillèrent trois jours durant, comme mille ans plus tôt, l’avaient fait, un autre peuple Goth, les Vandales. Selon certaines sources proches du Vatican, Bourbon aurait pu être assassiné.
[xiii]L’Ordre de la Toison d’Or fut créé par le duc de Bourgogne Philippe le 10 janvier 1430. A la mort du dernier duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, en 1477, l’héritage de Bourgogne échut à sa fille Marie de Bourgogne, qui épousa Maximilien 1er de Habsbourg, qui devint par son mariage, Grand Maître de l’Ordre (il devint également Empereur du Saint empire Romain Germanique en 1508). L’héritier de l’ensemble des biens de Marie de Bourgogne, fut son petit-fils, Charles Quint qui récupéra dans la corbeille, l’Ordre de la Toison d’Or, raison pour laquelle le roi d’Espagne, à partir de Charles Quint, devint le Grand Maître de l’Ordre. Le nombre de chevaliers, vingt-cinq à l’origine, fut porté par Charles Quint, de façon définitive à 51. Le marquis Del Vasto côtoyait ainsi des hommes aussi prestigieux que les rois d’Ecosse et du Portugal, le Grand connétable de Castille, le duc de Bavière, Andrea Doria, Prince de Melfi, l’archiduc d’Autriche, devenu roi sous le nom de Philippe II, etc…
[xiv] Si belle que, sur sa seule réputation, la flotte ottomane reçut pour mission de la capturer. Elle passa ouvertement au luthéranisme. Sebastiano del Piombo a peint d’elle un tableau qu’il remit au Cardinal Hyppolito Médicis l’oncle de la dauphine Catherine de Médicis. A la mort de ce dernier, en 1535, le Pape Paul III fit saisir la succession du Cardinal et le tableau fut exposé dans les appartements du Pape. Catherine de Médicis en fut informée par l’un de ses parents et elle réclama ce tableau en prière suffisamment comminatoire pour qu’il ne soit pas possible de refuser. Le tableau rejoignit les collections privées de la Dauphine à Fontainebleau, raison pour laquelle il ne fut pas enregistré dans les collections royales. On perdit sa trace ensuite. Voir sur ce sujet la note du site Persée . Il semble qu’il ne s’agit pas du tableau « Portrait d’une dame » dans lequel d’aucuns ont cru voir le portrait de Bona Sforza, la reine de Pologne et Grande duchesse de Lituanie, exposé au Kimbell Art Museum de Fort Worth au Texas ? Ce tableau extraordinaire méritait bien d’être exposé chez le Pape. Julie de Gonzague (1513-1566) était l’arrière petite fille de Louis II, deuxième marquis de Mantoue. Elle épousa à l’âge de quatorze ans Vespasiano Colonna, Duc de Trajetto et Comte de Fondi, ville située à mi chemin de Naples et Rome. Devenue veuve, elle rejeta toutes les propositions faites et voua une éternelle fidélité à son époux. Sur le rapport fait de sa beauté, le grand vizir Ibrahim, qui cherchait une très belle femme susceptible de supplanter la belle Roxelane dans le coeur du sultan Soliman le Magnifique, chargea Barberousse de capturer Julie de Gonzague à Fondi en 1534. Le grand Pacha de la flotte ottomane débarqua plusieurs milliers de janissaires pour capturer la belle, alors âgée de vingt-et-un ans. Celle-ci, prévenue, réussit à s’enfuir dans les montagnes. De dépit, Barberousse fit massacrer la population de Fondi. Actuellement deux versions différentes de Giulia Gonzague par Sebastiano del Piombo peuvent être admirées, l’une à la National Gallery à Londres et l’autre au Palazzo ducale de Mantoue.
[xv] dont Théodore de Bèze dira qu’il était un « Phénix né des cendres de Savonarole ». Voir à ce sujet le remarquable article d’Isabelle Oleknovitch MARGUERITE, RENÉE, VITTORIA… ET LES AUTRES : DES FEMMES DE HAUT RANG PENDANT LA RÉFORME.
[xvi] Poème de Michel-Ange dans Maxime Formont Opus déjà cité.
[…] de tous droits de lui et de sa famille au trône de Ferrare. Fabrizio Colonna (le père de Vittoria Colonna voir l’article sur ce Blog) ayant engagé sa parole auprès d’Alphonse, le fait évader et ce […]