
Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard Français 599, fol. 28v, Hécube BNF
Il s’agit du trente-deuxième portrait de la galerie des cent-six Cleres et nobles femmes de Boccace, qui aborde ici le mythe d’Hécube, épouse du roi Priam de Troie. Le site Méditerranées.net présente une traduction en français de l’article Hécube de Boccace[i].
Ovide, dans ses Métamorphoses (Livre XIII, vers 399 à 438), raconte toute l’histoire[ii]:
« Ulysse, après sa victoire, s’embarque pour Lemnos, terre infâme où jadis les hommes qui l’habitaient, furent tous égorgés par ordre d’Hypsipylé, fille de Thoas. Maître des flèches d’Hercule, et suivi de Philoctète, Ulysse revient sous les remparts de Troie.
« Enfin les derniers travaux de cette longue guerre s’achèvent. Troie et Priam tombent en même temps. Hécube, épouse infortunée, après avoir tout perdu, perdit encore la forme humaine, et, par des aboiements nouveaux, épouvanta les airs sur des rives étrangères.
« Ilion brûlait aux bords où l’Hellespont s’allonge, se resserre et s’enferme entre deux mers. L’autel de Jupiter avait bu le vieux sang de Priam. Traînée par les cheveux, la prêtresse d’Apollon, Cassandre, tendait vers le ciel de suppliantes mains. Prix injurieux de la victoire, les mères Troyennes, embrassant, tandis qu’elles le peuvent encore, les autels des Dieux de leur patrie, et réfugiées dans les temples embrasés, en sont arrachées par le vainqueur. Le jeune Astyanax est précipité du haut de ces tours d’où sa mère lui montrait si souvent Hector combattant pour lui et pour le trône de ses aïeux.
« Déjà le souffle heureux de Borée invite les Grecs à partir. Les voiles s’enflent et frémissent. Le pilote veut qu’on profite de la faveur des vents : « Adieu, Troie ! on nous arrache de ton sein ! » s’écrient les Troyennes captives. Elles embrassent la terre qui les vit naître, et quittent les toits fumants de leur patrie. Hécube, quel spectacle ! Hécube arrive la dernière. Ulysse l’entraîne : il l’a trouvée errante au milieu des tombeaux de ses fils, et baisant leurs froids ossements. Elle a pu du moins avaler les cendres de son Hector; elle les emporte dans son sein, et n’a laissé sur le monument que ses cheveux blancs et ses larmes, seules offrandes aux mânes de son fils.
« Sur la rive opposée aux lieux où fut Troie, est le pays habité par les Thraces. C’est là que régnait le riche Polymestor. Priam lui avait confié secrètement Polydore pour éloigner cet enfant des périls de la guerre : sage précaution, s’il n’eût pas envoyé avec son fils de riches trésors, qui devaient tenter l’avarice et l’inviter au crime. Lorsque les destins de Troie furent accomplis, le roi des Thraces, s’armant d’un glaive impie, égorgea le jeune prince commis à ses soins; et, comme s’il eût pu cacher le forfait avec le corps de la victime, il précipita, du haut d’un rocher, Polydore dans la mer« .
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[i] Site Méditerranées.net: Hécube – Les Troyennes. Pour la traduction de l’article de Boccace sur Hécube, voir sur le site Méditerranées.net l’article Boccace / Hécube.
[ii] Ovide – Les Métamorphoses – Livre XIII Traduction (légèrement adaptée) de G.T. Villenave, Paris, 1806.
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