
Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard Français 599, fol. 30, Hélène BNF
Il s’agit du trente-cinquième portrait de la galerie des cent-six Cleres et nobles femmes de Boccace, qui aborde ici le mythe d’Hélène de Sparte, l’épouse de Ménélas. L’article de Boccace sur Hélène, bénéficie d’une traduction en français sur le site Méditerranées.net.
Villenave, dans son ouvrage sur Les Métamorphoses d’Ovide, fournit le portrait suivant d’Hélène[i] : « Hélène, fille de Jupiter et de Léda, était la plus belle des femmes de la Grèce et la Grèce s’arma tout-entière pour elle. Sa mère, femme de Tyndare, roi de Sparte, en se baignant dans l’Eurotas, fut aimée par Jupiter, changé en cygne. La fable ajoute que Leda conçut deux oeufs renfermant, l’un, Pollux et Hélène, l’autre, Castor et Clytemnestre, que le premier oeuf fut attribué à Jupiter et le second à Tyndare, afin de sauver un peu l’honneur de ce dernier.
« Selon Ératosthène et Pausanias, quelques peuples de la Grèce étaient persuadés qu’Hélène était fille de Némésis et que Leda ne fut que sa nourrice.
« Hélène n’avait que dix ans et déjà, le bruit de sa beauté, remplissait toute la Grèce. Thésée, aidé de Pirithoüs, l’enleva dans le temple de Diane, la mena dans l’Attique et la remit au soins de sa mère Ethra, tandis que, par reconnaissance, il allait aider Pirithoüs à enlever la femme de Pluton. Mais, pendant qu’il poursuivait cette périlleuse aventure, Castor et Pollux, frères d’Hélène, l’enlevèrent au ravisseur et la ramenèrent à Sparte.
« Dans le nombre si considérable de princes grecs qui se rendirent à Sparte pour disputer la main d’Hélène, se trouvaient Ulysse, Diomède, Antiloque, fils de Nestor, Ajax, fils d’Oïlée, Ajax et Teucros fils de Telamon, Philoctète, Ménélas, frère d’Agamemnon, Patrocle, Idoménée, Sthénélos, fils de Capanée, Amphiloque, Menesthée, Ascalaphe, fils du dieu Mars, Podalyre et Macaon, fils d’Esculape, Eurypile, Protesilas, Mérion, et beaucoup d’autres dont les noms sont moins connus.
« Pendant que Tyndare hésitait, n’osant faire un choix parmi tant de concurrents redoutables, qui pouvaient devenir ses ennemis, Ulysse, se retirant du concours, obtint la main de Pénélope, nièce du roi de Sparte, en conseillant à ce prince de faire jurer à tous les poursuivants, de respecter le choix qu’Hélène ferait parmi eux et de se réunir, pour défendre l’époux qu’elle aurait adopté. Ménélas, frère d’Agamemnon, obtint la préférence et succéda bientôt au trône de Tyndare.
« Depuis trois ans, il vivait, heureux possesseur d’Hélène, dont il avait eu Hermione, lorsque Pâris arriva à Sparte, vit Hélène, fut vaincu par sa beauté, réussit à plaire, lui-même et, profitant de l’absence de Ménélas, que des affaires avaient appelé dans l’île de Crète, détermina sa femme à s’enfuir avec lui dans la Troade. Le vieux Priam eut la faiblesse de les recevoir, avec tous les trésors enlevés du palais de Ménélas.
« Ménélas fit retentir la Grèce de ses plaintes. Tous les poursuivants d’Hélène, furent appelés à se souvenir de leur serment. Agamemnon envoya des ambassadeurs à Troie pour redemander Hélène et les trésors enlevés avec elle, mais Pâris et ses amis l’emportèrent dans le conseil de Priam et les ambassadeurs échouèrent dans leur double mission.
« Dès lors, la guerre fut résolue et l’on sait qu’elle dura dix ans. Certains auteurs prétendent qu’elle ne cessa pas de vivre en bonne intelligence avec Pâris jusqu’à la mort de ce dernier, dans la neuvième année, qu’après la mort de ce prince, elle épousa volontairement et de son propre choix Déiphobe, un des fils de Priam.
« Lorsque le dernier jour de Troie fut arrivé, Hélène crut se réconcilier avec Ménélas en lui livrant elle-même son troisième époux. Ménélas, suivant les uns, pardonna d’abord, parce qu’il aimait encore, suivant d’autres, il voulut tuer l’infidèle et se laissa fléchir à ses larmes, qui ajoutaient à sa beauté. Mais presque tous les auteurs s’accordent à dire qu’il la ramena à Sparte et que les deux époux, enfin réconciliés, y vécurent plusieurs années parfaitement unis.
« Après la mort de Ménélas, Mégapenthe et Nicostrate, fils naturels de ce dernier, chassèrent Hélène de la Laconie. Suivant une ancienne tradition, elle se retira dans l’île de Rhodes où régnait sa parente, Polyxo, femme de Tlépolème, qui périt dans la guerre de Troie. Polyxo voyant dans Hélène la cause de cette guerre et de son veuvage, résolut de se venger.
« Un jour que la fille de Jupiter était allée laver à la rivière, des femmes, déguisées en furies et envoyées par la reine des Rhodiens, fondirent sur elle, l’attachèrent à un arbre et l’étranglèrent.
« Ce fait est si vrai, dit Pausanias, que pour expier ce crime, les Rhodiens bâtirent, dans la suite, un temple à Hélène dentritis, nom qui signifie « attachée à un arbre ». Les Spartiates lui en avaient élevé un autre à Terapné dans la Laconie. Ce temple avait, dit-on, la vertu d’embellir les jeunes filles laides.
« Mais, si cette propriété eut été reconnue, quel temple de la Grèce, eut été plus célèbre et plus fréquenté ? »
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[i]Les Métamorphoses d’Ovide, tome 4, Paris 1806 par GT Villenave. Google book. note 37- page 187.
Bonjour,
Comme vous l’aurez peut-être constaté, je ne cherche pas seulement à présenter le personnage à travers les références des textes antiques auxquels Boccace a sans doute eu accès mais à comprendre pourquoi Boccace a jugé ce personnage, digne d’entrer, comme trente cinquième portrait, dans sa galerie des cent-six « Cleres et nobles femmes ». Ceci-dit votre observation a son importance, de façon intrinsèque et je m’en vais suivre votre conseil car vous avez aiguisé ma curiosité. G.