Jehan de Poytiers, Seigneur de Saint Vallier, n’occupait qu’un rang de comparse subalterne dans la conspiration du Connétable de Bourbon. En l’absence du Connétable, qui réussit à fuir à l’étranger, la plupart des conjurés furent graciés mais Saint-Vallier, un seigneur important, fut condamné à mort par le Parlement de Paris.
Un grand seigneur du Dauphiné
Jehan de Poytiers[i], Marquis de Cotron, Vicomte d’Etoile, baron de Clerieu, de Sérignan et de Florac, Seigneur de Privas, de Corbempré et de Chantemerle, etc…[ii] était le fils d’Aymar de Poytiers et de Jeanne de la Tour, de la famille des Comtes d’Auvergne et de Boulogne. Il fallait qu’Aymar de Poitiers fût assez puissant à l’époque pour épouser ainsi une dame de haut lignage[iii]. Aymar de Poitiers avait épousé en premières noces en 1467, une fille illégitime du roi Louis XI, mais légitimée, Marie (1450-1470), fille de sa maîtresse Marguerite de Sassenage, alors qu’il n’était encore que Dauphin. Marie était morte en accouchant d’un fils, mort-né.
Les fiançailles entre Aymar de Poyitiers et Jeanne de la Tour, furent célébrées à Montferrand en Auvergne, le 28 Novembre 1472. De ce mariage naquirent tour à tour Jeanne de Poytiers, en 1473, qui épousa Jean de Levis, seigneur de Mirepoix, puis Jehan de Poytiers dans les derniers jours de 1474 ou les premiers de 1475.
Aymar de Poytiers dut à la bienveillance de Louis XI pour son gendre, d’être désigné Grand Sénéchal de Provence à partir du rattachement de cette province à la Couronne en 1481.
Dès son plus jeune âge, Jehan de Poytiers est promis à épouser Jeanne de Batarnay, fille d’Imbert de Batarnay et de Georgette de Montchenu[iv], alliance qui est finalement conclue le 4 mars 1489.
A l’âge de seize ans, Saint-Vallier, Seigneur de Serignan, est écuyer avec une pension de 600 livres par an payée par la Généralité des Finances de Languedoc. En 1502, à l’âge de 27 ans, Saint-Vallier est chevalier, sans doute depuis quelques années déjà. En 1508, sa pension est portée à 800 livres. En 1512, il est nommé Lieutenant au Gouvernement du Dauphiné et en 1513, Grand Sénéchal de Provence, une charge vacante depuis la mort de son père, quelques années auparavant.
Jeanne de Batarnay lui donne successivement :
– Philibert de Poitiers, qui ne vécut pas,
– Guillaume de Poytiers (vers 1495-1546), qui épousa une demoiselle de Miolans,
– Diane de Poytiers[v], née le 31 décembre 1499 et morte à 66 ans le 26 Août 1566, qui épousa Louis de Brézé, Grand Sénéchal de Normandie,
– Deux autres filles : Anne et Françoise de Poytiers qui épousèrent des cousins de Clermont[vi].
Jehan de Saint-Vallier allait sur ses quarante ans lorsque François 1er accéda au trône. Il accorda immédiatement à ses amis de jeunesse une pluie de largesses dans laquelle personne ne put se prétendre lésé.
C’est ainsi que François 1er disposa du Gouvernement de Dauphiné en faveur de M.de Longueville[vii]. Saint-Vallier ne fut pas perdant puisque François 1er, non seulement lui racheta sa lieutenance qu’il avait achetée, pour le prix de 20 000 écus, mais encore il lui offrit en compensation le grade de capitaine d’une compagnie de cent hommes d’arme.
Portrait de Jean de Poytiers (1457-1539), seigneur de Saint-Vallier Capitaine des Cents gardes de François Ier, condamné à mort par le roi pour complicité avec le connétable de Bourbon, gracié par Jean Clouet (1475/1485-1540) Crédit photographique Photo (C) RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojéda vers 1535 Cote cliché 05-523835 N° d’inventaire MN200;B65 Fonds Dessins Chantilly, musée Condé
On voit alors le seigneur de Saint-Vallier accompagner le roi dans tous ses déplacements et notamment pour le sacre à Reims, où, immédiatement après les Princes et les Maréchaux, « marchaient Monseigneur de Saint-Vallier et Monseigneur le Grand-Sénéchal de Normandie, chacun menant sa bande de cent gentilshommes qui les suivaient, lesquels gentilshommes étaient bien montés et bardés, richement accoutrés, tous diversement, les uns de drap d’or, les autres de drap d’argent, satin broché et velours de diverses couleurs, chacun ayant sur la cuisse et au poing, la lance et au bord, un petit guidon de taffetas blanc, jaune et rouge ».
Ce fut au milieu de ces fêtes du Couronnement que Louis de Brézé rencontra Diane de Poitiers, âgée de quinze ans. La réussite du comte de Maulevrier[viii] et ses nombreuses charges exercées qui lui assuraient un rang à la cour, permirent de compenser la différence d’âge et les infirmités naturelles (il était semble-t-il bossu) dont souffrait le futur gendre de Saint-Vallier.
Louis de Brézé, comte de Maulevrier – attribution de Bouchot par Jean Clouet (1475/1485-1540) Ecole française Crédit photographique Photo (C) RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / Thierry Le Mage H 0,263 L 0,162 Cote cliché 10-512910 N° d’inventaire MN94;B9 Fonds Dessins Chantilly, musée Condé
Le mariage eut lieu en grande pompe à l’hôtel du Petit-Bourbon, qui jouxtait le Louvre, prêté pour l’occasion par le fastueux Connétable de Bourbon à son ami, Jehan de Saint-Vallier. Les fêtes furent splendides : le roi et la reine y assistèrent et toute la Cour à leur suite.
Derrière les trois personnages, on voit la forteresse du Louvre et sur la droite, l’hôtel du Petit-Bourbon qui contenait la plus grande salle de Paris (70 m de long sur 13 de large). Retable du Parlement de Paris milieu 15e siècle Ecole française Crédit photographique (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi Inventaire n°RF2065 Fonds Peintures Huile sur bois H 2,260 L 2,700 Paris, musée du Louvre. [iii]
Les seigneurs de Brézé et de Saint-Vallier furent tous deux de la campagne d’Italie qui se conclut par la victoire de Marignan.
Puis, laissant le Connétable prendre la vice-royauté de Milan, Saint-Vallier revint en France pour y épouser le 8 juillet 1516, la veuve du Maréchal de Savoie, Louis de Miolans, et sœur du Maréchal de la Palice, Françoise de Chabannes.
Dès lors, le nom de Saint-Vallier ressort régulièrement de la chronique mondaine : pour l’entrée de Claude de France dans sa bonne ville de Paris le 12 mai 1517, pour le baptême du dauphin le 25 avril 1518.
Dès 1515, le seigneur de Saint-Vallier pouvait se considérer comme l’un des proches amis du Connétable de Bourbon qui lui prêta son hôtel pour le mariage de sa fille. Il était probablement déjà l’un des confidents du Connétable, écoutant ses humeurs et lui prêtant l’oreille ?
Jehan de Saint Vallier resta en Italie avec Lautrec pendant quatre ans de 1518 à 1522. Compte tenu des énormes retards de versements de solde, il prétendit avoir avancé près de cent mille livres pour le service du roi dont il demandait le remboursement. Son retour peu glorieux après la bataille de la Bicoque, ne lui ouvrit pas tout grands les bras du roi de sorte que c’est un homme déçu et amer qui s’en revint chez lui dans le Dauphiné. Mais il avait également une maison à Lyon où il se déplaçait assez souvent. De Lyon à Moulins la distance n’est que de deux cents kilomètres et Saint Vallier commença à voir régulièrement le Connétable de Bourbon.
Charles de Bourbon, IIIe du nom, duc de Bourbon, connétable de France Ecole française Crédit photographique Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage H 0,260 L 0,190 Cote cliché 08-546237 N° d’inventaire INV33505-recto Fonds Dessins Paris, musée du Louvre, D.A.G.
Jehan de Saint-Vallier et le Connétable de Bourbon
Le procès de ce dernier avec la mère du roi et avec la Couronne était déjà engagé[ix] et, à la façon dont le roi conduisait ses affaires[x], on voyait bien que l’issue ne pouvait être que négative. Or le Connétable avait perdu sa femme, Suzanne, deux ans auparavant et sa belle-mère, Anne de Beaujeu en fin d’année 1522. C’était un homme seul qui avait donc soif de contacts.
Les rapports entre Saint-Vallier et le Connétable se firent plus fréquents au premier semestre de 1523 et connurent une subite accélération, d’après l’interrogatoire du prévenu, au mois de juillet 1523[xi].
Il vint alors à Moulins sous prétexte d’y rencontrer l’Evêque du Puy, Antoine de Chabannes, le frère du Maréchal de la Palice, pour y évoquer la question du mariage de son fils Guillaume avec la demoiselle de Miolans, fille de la femme qu’il avait épousée en secondes noces et nièce de l’Evêque du Puy. Il voulait obtenir du Connétable que l’Evêque du Puy soit expédié en Savoie pour y négocier le mariage de son fils[xii].
Il prétendit s’être rendu à l’invitation du Connétable, le 17 juillet 1523 à Boutheon-en-Forez, à vingt kms de Montbrison, la capitale du Comté du Forez, où ils déjeunèrent. Puis ils repartirent ensemble sur Montbrison où ils devaient coucher le soir.
L’attitude embarrassée et mélancolique du Connétable, surprit Saint-Vallier. Il lui offrit quelques menus cadeaux pour le mettre à l’aise, puis le Connétable lui parla de son procès sur l’évolution duquel il se montra intarissable.
Le Connétable lui présenta alors un morceau de la Vraie Croix et lui demanda de jurer qu’il ne révèlerait jamais ce qu’il allait entendre. Il lui fit alors part des offres brillantes de l’Empereur et de la visite qu’il attendait pour le soir-même à Montbrison, de l’envoyé de l’Empereur Charles Quint, Adrien de Croy, Comte de Roeulx et seigneur de Beaurain. Il ajouta qu’il souhaitait que Saint-Vallier soit témoin de cette conférence.
Après avoir présenté ses lettres de créance aux pouvoirs les plus étendus, le Seigneur de Beaurain exposa de vive voix les propositions de la part de son Maître l’empereur.
Bourbon écouta ces ouvertures d’un air impassible. Sa préoccupation dominante lui indiqua le duc un peu plus tard, était de se soustraire à un engagement irrévocable pour conserver sa liberté d’action.
Selon Saint-Vallier il ne fut nullement question dans cette conférence, de se saisir de la personne du roi et de le retenir prisonnier. Ce fut ce même soir qu’il aurait eu entre les mains le contre-chiffre du Connétable pour correspondre avec le roi d’Angleterre et avec l’Empereur.
Puis Bourbon expédia plusieurs courriers dans plusieurs directions dont l’un à l’empereur Charles Quint.
La journée suivante s’écoula presque tout entière en discussions entre le Connétable et Saint-Vallier : l’esprit irrésolu de Bourbon se montrait inquiet de la voie à suivre : tout en s’effrayant d’aller plus avant, il n’osait revenir en arrière.
Saint-Vallier prétendit lors de ses interrogatoires qu’il voulut mettre à profit cet état d’incertitude et détourner le duc d’une trahison indigne de lui. L’entretien fut empreint de l’émotion la plus vive, Saint-Vallier voulant détourner le duc de ses projets et Bourbon tenant Saint-Vallier pour son frère. Saint-Vallier lui fit remarquer toutes les horreurs qui pourraient résulter de ses projets et l’exhorta à tenir son nom à l’abri des souillures de la trahison.
Il prétendit encore qu’il espéra un moment convaincre Bourbon de s’en tenir à de loyales explications avec le roi. Bourbon parut alors céder à ses arguments et tous deux seraient alors tombés dans les bras l’un de l’autre, et tous deux échangèrent le serment l’un, de ne pas donner suite à son entreprise criminelle et l’autre, de ne rien révéler des secrets qu’il avait surpris.
Mais sitôt Saint-Vallier rentré chez lui à Lyon, Bourbon reprit le fil de sa conspiration, tout en tenant Saint-Vallier régulièrement informé. C’est ainsi que ce dernier reçoit le 12 août, c’est-à-dire trois jours avant la découverte de la conspiration, deux émissaires du Duc. Saint-Vallier prétendit que ces deux-là s’étaient déplacés depuis Moulins, dans le seul objectif de rappeler Saint-Vallier à son engagement de secret. Pourtant, l’entretien l’occupa plus d’une heure.
Cette allégation allait nourrir de la part des juges instructeurs les plus grands soupçons.
Le fameux projet concocté par les ennemis de la France avec le Connétable était de lancer une invasion simultanée des côtes normandes et bretonnes par le roi d’Angleterre et du midi par les forces de Charles Quint, dès que le roi de France aurait franchi les Alpes pour son expédition d’Italie. Bourbon devait livrer la ville de Dijon dont il s’emparerait au préalable, à des forces d’invasion venant d’Allemagne. Il devait également circonvenir les compagnies d’ordonnance[xiii] qui défendaient les côtes normandes.
Pour prix de son alliance, le Connétable récupérait tous ses biens auxquels on rajouterait la Provence, tandis que le roi Henry VIII caressait l’espoir de déposer François 1er et de prendre sa place sur le trône de France[xiv] soit une ambition qui n’était pas partagée par l’Empereur qui, lui, avait peut-être l’idée d’utiliser Bourbon, second Prince du sang dans l’ordre de succession à la couronne.
Portrait de François 1er par Jean Clouet. Huile sur bois. H 0,96 L 0,74. Inventaire n°INV 3256. Copyright Notice © Musée du Louvre, © Direction des Musées de France, 1999. Crédit photographique © Réunion des musées nationaux. Musée du Louvre
Pour faciliter l’invasion des côtes normandes, il fallait donc neutraliser les compagnies d’ordonnance. Bourbon ne jugea pas nécessaire de s’occuper de cet aspect de la conspiration dont il confia la responsabilité à son vassal Lurcy. Le 13 juillet, le même jour où il avait écrit à Saint-Vallier pour l’inviter à Montbrison, il écrivit à deux seigneurs normands à qui il avait rendu quelques services et qu’il pouvait considérer comme ses obligés, les seigneurs d’Argouges et de Matignon, qui leur annonçait la visite de Lurcy en les priant d’ajouter foi à ce qu’il leur dirait de sa part : rendez-vous était fixé à mi-chemin, à Vendôme. .
Au jour dit, les deux seigneurs se retrouvèrent à l’Auberge des Trois Rois à Vendôme, quelques heures avant Lurcy. Ce dernier leur fit prêter serment de ne jamais révéler ce qui allait suivre puis il leur décrivit les secrets de la conspiration et ce que le Connétable attendait d’eux.
Les deux comparses qui étaient venus plein d’espoir et qui pensaient qu’on allait leur donner une mission de confiance pour l’expédition d’Italie que préparait le roi, furent douchés. L’entretien se serait terminé mal de part et d’autre, les deux seigneurs se disant très mécontents et Lurcy très embarrassé, que le secret de la conspiration soit ainsi éventé. Si réellement, les choses se sont passées de la manière rapportée par les deux seigneurs normands, on peut voir dans cette manière de procéder beaucoup d’amateurisme et peu de préparation.
Les deux seigneurs, de retour en Normandie, ne pouvaient pas rompre leur serment. Ils choisirent de se confesser l’un et l’autre auprès du même prêtre qui, de sa propre initiative ou non, alla rendre compte de la conspiration, en termes assez vagues, au Grand Sénéchal de Normandie, Louis de Brézé, le propre gendre de Saint-Vallier.
Ce dernier écrivit immédiatement au roi pour lui signaler la conspiration. La lettre tomba entre les mains de la Régente qui réclama au Grand Sénéchal de lui faire conduire sous bonne escorte les deux seigneurs incriminés. Ces derniers furent reçus à Blois par le Chancelier Duprat et par le Secrétaire Robertet, et interrogés.
L’arrestation de Saint-Vallier
A Lyon, Saint-Vallier et tous les complices présents du Connétable, notamment l’Evêque du Puy, Antoine de Chabannes et Aymar de Prie, qui devait s’emparer de Dijon, sont arrêtés. Depuis la quinzaine de jours que le roi était à Lyon, Saint-Vallier n’avait pas manqué un seul jour de venir lui rendre visite et la veille encore, il avait soupé avec lui.
Les prisonniers sont immédiatement conduits sous bonne escorte à Tarare, une ville à 40 km au nord-ouest de Lyon. Le 6 septembre, les conseillers désignés par le roi pour les interroger arrivèrent : il s’agissait de Jean Brinon, du Grand Maître René de Savoie, du Maréchal de la Palice Jacques de Chabannes, assistés de Guillaume L’Huillier, Maître des Requêtes.
Jacques de Chabannes, maréchal de France (1470-1525) Clouet Jean (1475/1485-1540) Crédit photographique Photo (C) RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / Harry Bréjat Cote cliché 00-012432 N° d’inventaire : MN138;B1 Fonds Dessins Chantilly, musée Condé
L’affaire, par l’importance des personnages qu’elle mettait en cause, par le fait qu’elle touchait directement au roi, faisait partie des « cas royaux » : il y avait attentat à la personne du roi et à l’intégrité du royaume. Par une ordonnance du 11 septembre, le tribunal est constitué : sont désignés le Premier Président du Parlement de Paris, de Selve et les conseillers Jean Salat [xv], François de Loynes et Jean Papillon.
Robert Stuart (1470-1544), seigneur d’Aubigny en 1423, maréchal de France en 1514 Iconographie contreversée : l’amiral Bonivet (?) : copie d’un portrait du 17e siècle faisant partie de la galerie du château de Beauregard (Loir-et-Cher) Blondel Merry Joseph (1781-1853) Crédit photographique Photo (C) RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot vers 1834 Huile sur toile H 0,710 L 0,540 Cote cliché 08-510344 N° d’inventaire MV993 Fonds Peintures Versailles, Musée National des châteaux de Versailles et de Trianon Acquisition Dépôt à la questure du Sénat
Les différents conjurés furent expédiés vers diverses destinations. Saint-Vallier fut expédié à Loches, sous la garde du Maréchal Stuart d’Aubigny, le capitaine de la garde Ecossaise, qui sut se montrer humain et plein d’égards pour son ancien compagnon d’armes. A Loches, Saint-Vallier toucha du doigt la réalité du système carcéral, les avanies multiples, l’espionnage continu et les privations de tout droit.
Forteresse et Donjon de Loches où furent détenusle Cardinal La Balue et Saint-Vallier Site Touraine Vallée de la Loire
A ces tracasseries journalières vient s’ajouter l’appréhension d’un avenir inconnu. Saint-Vallier se laissa alors aller au désespoir et tomba dans une maladie, que l’on désignera plus tard comme la « fièvre de Saint-Vallier », faite de tremblements de fièvre, analogues à la grippe, inspirés par l’anxiété de sa situation.
Car Saint-Vallier a peur : il ne s’en cache pas. Il écrit à tous ses amis, ses parents pour leur réclamer leur intervention. Il a une attitude contradictoire dans son procès. Après avoir nié en bloc toutes les accusations, l’évidence accablante des faits l’oblige à reconnaître toutes les accusations. Il se fait alors l’auxiliaire pitoyable de l’instruction, mais son comportement éloigne de lui la sympathie.
Il pleure, il crie, il provoque les témoins qu’on lui oppose dans un combat à mort. Bref, il est quasiment pris de folie, laissant ses juges médusés, dans l’expectative. Puis, la fièvre d’Italie qu’il avait contractée cinq ans auparavant, se réveille et le prisonnier a des accès de toux. Le médecin de Tours que l’on a fait venir en urgence craint pour la vie du prisonnier s’il n’est pas mis au repos immédiat et absolu.
Château de Loches, vue prise de la Filature par Emmanuel Lansyer Huile sur toile 1891 Loches Musée Lansyer
Ceci ne fait pas l’affaire des magistrats qui écrivent alors à Louise de Savoie pour lui faire part de la situation.
Mais le prisonnier a eu le temps de réfléchir et il constate que ses dénégations ne l’ont amené à rien. A partir du 22 octobre 1523, il change d’attitude et se montre plus coopératif : il semble alors être surtout soucieux de sauver les apparences. Les commissaires royaux avaient trop de clairvoyance pour ne pas voir ce changement. Ils indiquèrent au prisonnier que si ce dernier ne se décidait pas aux aveux, ils pourraient bien lui appliquer la question[xvi]. Saint-Vallier resté seul s’abandonne alors à un nouvel accès de fièvre qui le laisse sans force dans son lit. Lorsque ses juges reviennent, il demande à faire ses aveux au seul Président de Selve. Ce dernier impose la présence du Conseiller de Loynes chargé de prendre des notes.
Jean de Selve (1465-1529) magistrat et diplomate français Premier président au parlement de Paris. Album Louis-Philippe Crédit photographique (C) Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / image château de Versailles N° d’inventaire LP10.6.1 Fonds Estampes H 0,189 L 0,146 Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon
Alors Saint-Vallier raconte dans le plus grand détail ses entrevues avec le Connétable. Une fois sur cette pente, il répond avec la plus grande franchise aux questions qui lui sont posées. Les conseillers tirèrent de lui jusqu’à son dernier secret en l’interrogeant sans relâche, du 23 au 31 octobre 1523.
Le 3 novembre, les conseillers écrivirent à Duprat pour l’informer de l’achèvement de l’instruction. Mais dans le même temps, ils reçurent une lettre comminatoire du roi, exaspéré des retards, qui demandait qu’on soumette immédiatement Saint-Vallier et d’Escars à la torture pour en savoir plus.
Quoique la situation du royaume justifiait cette inquiétude royale, tout semble montrer que les juges désignés pour l’instruction ne souhaitaient pas aller au-delà de cette mission. Le roi prétendait réunir un tribunal composé des quatre juges instructeurs mais le Président de selve se défendit énergiquement et réclama un procès devant le Parlement. De Selve faisait valoir en outre que la réunion des deux causes, du procès en cours entre le Connétable et la Régente et l’arrêt de condamnation à intervenir, en recevrait d’autant plus d’autorité et d’éclat.
Le 7 novembre, pour exécuter la demande royale, on décida de passer Saint-Vallier à la question. Mais on trouva le prisonnier dans un tel état de faiblesse que les juges furent obligés de surseoir à leur projet. Les médecins convoqués, précisèrent que le prisonnier mourrait aux premiers sévices. Or, personne n’avait intérêt à la mort du principal accusé, le Connétable, lui, ayant réussi à s’enfuir de France.
Le Président de Selve et les trois conseillers interrogèrent une dernière fois Saint-Vallier le 26 novembre, puis ils se rendirent à Blois où se trouvait le roi. Ils y passèrent deux semaines pour rendre compte de leur mission et donner leur avis sur le personnage. Ce délai fut mis à profit pour décider de l’orientation de la procédure. Et le 20 décembre 1523, François 1er confia officiellement l’affaire au Parlement de Paris.
Les prisonniers furent alors transférés de Loches à Paris et ils arrivèrent à la Conciergerie le 23 décembre 1523.
La Conciergerie Hoffbauer Théodore-Joseph-Hubert (1839-1922) Crédit photographique Photo (C) RMN-Grand Palais / Agence Bulloz Cote cliché 08-515835 N° d’inventaire Fonds Dessins Paris, musée Carnavalet
La condamnation à mort de Saint-Vallier
Le 8 janvier, le Parlement convoqua les accusés à la barre et le 15 janvier, il se réunit pour prononcer son arrêt. Le 16 janvier, Saint-Vallier était convaincu de crime de lèse-majesté, condamné à perdre tous ses biens, honneurs et dignités et à subir la peine de mort par décapitation. Enfin, par un article secret, il était ordonné d’appliquer au condamné la question « extraordinaire [xvii]» pour lui arracher de suprêmes révélations.
Le roi qui était si pressé de poursuivre l’instruction ne le fut plus d’exécuter l’arrêt. Il ordonna au Parlement de surseoir à l’exécution jusqu’à un avis formel de sa part. Un mois s’écoula alors et le 15 février Duprat apporta au Parlement un ordre de procéder à l’exécution de l’arrêt. Mais, au moment où Saint-Vallier allait être convoqué par le Parlement pour être soumis à la question, l’huissier de service vint annoncer que Saint-Vallier était hors d’état de comparaître. On fit venir des médecins qui, ayant examiné le condamné, déclarèrent qu’il ne survivrait pas à la question.
Une deuxième fois, le condamné avait été sauvé providentiellement par cette fameuse « fièvre de Saint-Vallier »[xviii].
Le Parlement, placé devant l’obligation du roi d’exécuter l’arrêt, choisit le 17 février de renvoyer l’inhumanité de la décision sur le Chancelier Duprat qui confirma immédiatement l’ordre de procéder, sans s’arrêter à la situation du condamné.
Le comte de Ligny fut invité avec dix gentilshommes à se présenter dans la cellule de Saint-Vallier pour lui ôter l’Ordre de Saint-Michel. Après le départ du Comte de Ligny, la Cour du Parlement, au grand complet, Présidée par De Selve, se réunit autour du lit de Saint-Vallier. On réitéra les mêmes questions sans obtenir de nouveaux aveux. Puis, la Cour fit appliquer la question en faisant déployer l’attirail des outils à la vue du condamné : il s’agissait d’une ancienne prérogative du Parlement de Paris, lorsque le condamné était jugé trop faible pour supporter effectivement la question, de déployer devant ses yeux tout l’attirail plutôt que de procéder effectivement à la question.
Puis les notaires de la Cour vinrent lire l’arrêt de condamnation. Il se confessa et autorisa son confesseur à répéter tout ce qu’il avait dit.
A trois heures environ, le condamné fut hissé sur un cheval, les mains liées dans le dos, la tête nue et une robe d’Ostade fourrée de renard sur les épaules. Un archer placé en croupe le soutenait car il menaçait sans cesse de tomber, tandis que le bourreau, marchait à pied en tenant la bride du cheval. De l’autre côté se tenait le lieutenant criminel du Prévôt de Paris.
Jean de la Barre, sieur de Véretz (mort en 1534), était prévôt de Paris au moment de l’exécution de Saint-Vallier: c’est l’un de ses lieutenants qui accompagna Sain-Vallier sur la place de Grève. Jean Clouet. N° d’inventaire MN 163 ; B 13. Copyright Notice © direction des musées de France, © musée Condé, 1999. Crédit Photo © Réunion des musées nationaux. Chantilly Musée Condé
De la galerie de la Chancellerie où ils étaient venus prendre Saint-Vallier, le lieutenant criminel et le Procureur du roi du Châtelet, à la tête des sergents, archers et arquebusiers de la ville, l’avaient d’abord conduit au perron du Palais pour y faire leur cri, puis, de là, s’était dirigé vers la Place de Grève.
Hôtel de Ville et place de Grève Hoffbauer Théodore-Joseph-Hubert (1839-1922) Crédit photographique Photo (C) RMN-Grand Palais / Agence Bulloz Cote cliché 08-515819 N° d’inventaire Fonds Dessins vers 1867 Paris, musée Carnavalet
La clémence du roi
Arrivés au pied de l’échafaud, Saint-Vallier fut remis aux mains des deux bourreaux qui se saisirent de lui, le portèrent sur la plate-forme, lui enlevèrent son pourpoint et le forcèrent à s’agenouiller.
Cependant, l’exécution tardait à venir et les bourreaux maintenaient Saint-Vallier agenouillé sans procéder à d’autre geste qu’à lui maintenir la tête courbée. Plus d’une heure se passa ainsi, dans l’expectative. Puis, un cavalier arriva agitant une lettre et criant : « Holà, cessez, voici la rémission du roy » !

Grace a Saint Vallier Robida Francois 1er Boivin Paris 1909 Site AKG Images
C’était en effet une lettre commuant la peine capitale en détention à perpétuité. On lui posa la question d’usage de savoir s’il entendait accepter la mesure de clémence royale. Il répondit que oui, en baisant l’échafaud à deux reprises.
Mais le condamné, gracié in extremis par la clémence royale, restait à la prison de la Conciergerie où il pourrait bien, pour finir se faire appliquer, un jour ou l’autre la question. Le 9 Mars une séance du Parlement décida en effet de lui appliquer la question. Mais les amitiés de Saint Vallier veillaient, en l’occurrence sa fille, l’épouse de celui qui avait dénoncé la conspiration. Et le 23 mars, le Seigneur de Vaulx-en-Velin, Capitaine de la Garde du Roi, se présenta devant le Parlement avec un ordre du roi de se faire remettre le prisonnier. Le 10 avril 1524, le prisonnier était conduit sous bonne escorte au château de Loches.
Après tant d’émotions, le condamné passa trois ans encore en prison avant d’être élargi par le roi, par lettres d’abolition de 1527, consécutives au Traité de Madrid.
Saint-Vallier, dès sa libération se fit remarquer par quelques procès : en 1528, il vend quelques terres pour 4000 écus, en 1532 un arrêt du Grand Conseil lui donne raison pour des péages à Privas et en 1535, une transaction habilement négociée par sa fille, Diane de Poytiers, alors Gouvernante du Prince Henri II de France, met fin à un vieux contentieux de plus de trente ans qui l’opposait à François de la Tour, Vicomte de Turenne.
Recueil Destailleur : Portrait de Diane de Poytiers Ecole française Crédit photographique Photo (C) RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojéda Cote cliché 02-008872 N° d’inventaire AA35;fol13 Fonds Dessins Chantilly, musée Condé
Il maria sa dernière fille, Françoise de Poytiers en 1532, à Antoine de Clermont, Vicomte de Tallart et Gouverneur du Dauphiné.
Il mourut en 1539, ayant récupéré la plus grande partie de ses biens et en ayant contracté un troisième mariage avec Françoise de Polignac, qui en était, elle, à son troisième mari.
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[i] Poytiers en viennois. La famille est implantée autour de Valence dans la vallée du Rhône avec un patrimoine qui se répartit au nord et au sud de Valence : Saint Vallier, sur le Rhône, est à 31 km au nord de Valence, Chantemerle-les-blés est à 23 kms. Au sud, la vicomté d’Etoile est à 14 kms de Valence et la Seigneurie de Privas à 47 kms. Enfin, la seigneurie de Serignan du Comtat était située au nord de cette principauté sous contrôle des Papes.
[ii] Cet article est une synthèse du livre « Le Procès Criminel de Jehan de Poytiers » par Georges Guiffrey Lemerre Paris 1867
[iii] La sœur cadette de Jeanne de la Tour, avait épousé (source Wikipedia) Alexandre Stuart, Duc d’Albany et son frère aîné, Jean IV d’Auvergne, s’était allié aux Bourbon-Vendôme, la branche cadette des Bourbons, en épousant Jeanne de Bourbon-Vendôme, qui avait été pendant les deux dernières années de sa vie, l’épouse de Jean II, Duc de Bourbon et Connétable de France.
[iv] Imbert de Batarnay, Comte du Bouchage, fut un serviteur diligent, Diplomate, administrateur de quatre rois successifs, de Louis XI à François 1er. Quant à Georgette de Montchenu, elle appartenait à l’une des plus riches familles du Dauphine, protégée de Louis XI. L’un des neveux ou petits neveux de Georgette Marin de Montchenu, devint le compagnon de jeux de François 1er et l’un de ses plus proches amis toute sa vie durant. .
[v] Elle épousa Louis de Brézé, Grand Sénéchal de Normandie, puis, après la mort en 1530 de son époux, fut désignée gouvernante du Prince Henri, qui devait devenir Dauphin cinq ans plus tard à la mort de l’héritier du trône, puis roi de France sous le nom d’Henri II. Elle resta pendant plus de vingt ans la maîtresse du roi Henri II et fut titrée par lui duchesse de Valentinois, une terre qui appartenait auparavant à sa famille et qui en avait été retranchée pour être offerte, transformée en duché par Louis XII, au fils du Pape Alexandre VI, Rodrigo Borgia. Par sa grand-mère, Jeanne de la Tour, elle était la cousine au second degré de Catherine de Médicis, elle-même petite nièce de Jeanne de la Tour. La mère de Catherine de Medicis était en effet Madeleine de la Tour d’Auvergne, fille de Jean IV Comte d’Auvergne et de Boulogne, et donc nièce de Jeanne de La Tour.
[vi] La seigneurie de Clermont en Dauphiné était l’une des grandes baronnies du Dauphiné à 30 km au nord-ouest de Grenoble, qui avait son chef-lieu en un château au bord du lac Paladru. Cette baronnie fut indépendante jusqu’en 1203 date où elle rendit hommage à l’Evêque de Vienne. Depuis 1600, elle est passée dans le patrimoine des ducs de Clermont-Tonnerre.
[vii] Un descendant du fameux Comte de Dunois, fils illégitime du duc d’Orléans, prisonnier à Londres après la bataille d’Azincourt en 1415, compagnon de Jeanne d’Arc et l’un des meilleurs capitaines de Charles VII.
[viii] Il était également le petit-fils d’Agnès Sorel et de Charles VII, son père ayant épousé en 1462, Charlotte de Valois la seconde fille d’Agnès Sorel.
[ix] Louise de Savoie était la petite fille comme Suzanne de Bourbon, du Duc Charles 1er de Bourbon (1401-1456) alors que Charles III de Bourbon était l’arrière-petit-fils du duc Jean 1er de Bourbon (1381-1434). Il pouvait prétendre à l’héritage de Bourbon après Louise de Savoie. C’est la raison pour laquelle son épouse lui fit un testament qui eut pour effet de le faire passer devant la mère du roi.
[x] Le roi avait fait prêter serment d’hommage à sa mère, Louise de Savoie, le 7 octobre 1522 des principaux apanages de la succession de Bourbon, montrant par ce geste qu’il n’agréait plus le connétable comme son vassal pour les Apanages.
[xi] Il est possible de douter de cette date particulièrement tardive : en effet, la conspiration du Connétable est engagée depuis déjà deux ans et elle viendra à la connaissance de Louise de Savoie, Régente, vers le 15 août 1523. A cette date, les jeux sont faits et si Saint-Vallier n’est vraiment mis au courant de toute l’affaire qu’au mois de juillet, son véritable crime est de ne pas l’avoir dénoncé.
[xii] Certes, il est toujours possible que Saint Vallier ait cherché à bénéficier de l’appui du Connétable de Bourbon pour négocier un mariage ! Mais il était l’époux de la mère de ladite demoiselle de Miolans et il y avait peu de chance que la demoiselle, une fois son frère mort à la bataille de la Bicoque, refuse le parti que sa propre mère lui proposait. Ce motif ressemble vraiment à un alibi pour couvrir et le voyage de Saint-Vallier en Forez et celui de l’Evêque du Puy en Savoie.
[xiii] Les compagnies d’ordonnances résultent des Ordonnances de 1445 de Charles VII. Il s’agissait de la première tentative en France de création d’une armée de métier. Il y avait 800 lances en Normandie : chaque lance était une compagnie de huit hommes dont six combattants : la lance elle-même, tenue par un noble, cinq archers, un page et un varlet.
[xiv] L’Angleterre se prétendait toujours des droits à la Couronne de France depuis le Traité de Troyes conclu entre Henry V et Charles VI.
[xv] Que l’on a vu, voir l’article sur ce même Blog sur « les Gens de Finances : Semblançay et la bourgeoisie financière » : Jean Salat était l’un des quatre commissaires chargés de vérifier la reddition des comptes de Semblançay.
[xvi] La torture.
[xvii] La torture pratiquée par le Parlement de Paris pouvait être ordinaire ou extraordinaire. Ecoutons ce que nous en dit le Site France Pittoresque : « Dans l’étendue du parlement de Paris, il y avait deux sortes de questions : la question ordinaire et la question extraordinaire à l’eauet aux brodequins. Dans d’autres parlements, il s’en donnait de plusieurs sortes, comme les mèches allumées entre les doigts, des poids aux pieds élevés en l’air, par les bras derrière le dos, etc. Concernant la question dite à l’eau, la plus ou moins grande quantité de liquide qu’on faisait avaler à l’accusé faisait la différence de la question ordinaire à l’extraordinaire. Quand on avait lu à l’accusé la sentence qui le condamnait à subir la question, on le faisait asseoir sur une espèce de tabouret de pierre ; on lui attachait les poignets à deux anneaux de fer, distants l’un de l’autre, derrière son dos ; puis les deux pieds à deux autres anneaux qui tenaient à un autre mur devant lui ; on tendait toutes les cordes avec force ; et lorsque son corps commençait à ne plus pouvoir s’étendre, on lui passait un tréteau sous les reins, ensuite on tendait encore les cordes jusqu’à ce que le corps fût bien en extension ».
[xviii] La « fièvre de Saint-Vallier » se dit d’un accès de fièvre inspiré par l’anxiété, la terreur de l’échafaud. Il semble qu’il s’agissait purement et simplement d’accès de fièvre quarte qui se réveillaient lors de crises d’anxiété. Ces accès de fièvre étaient liés à la malaria, endémique en Italie du XVème et du XVIème siècle, et dont le père du Connétable était mort et qui affligeait beaucoup de soldats revenus d’Italie dont le Connétable de Bourbon lui-même. Cette fièvre de Saint-Vallier fut interprétée par les observateurs de la scène qui pensèrent que le condamné tremblait de peur.
[…] de Valence en France, confisquée aux Poitiers comtes de Valentinois et de Diois voir sur ce Blog le Procès criminel de Jehan de Saint-Vallier, et érigée en duché par Louis XII). Mais pour ce mariage avec Charlotte d’Albret, une riche […]