
Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard Français 599, fol. 25v, Mantô pratiquant la magie BNF
Il s’agit du vingt-huitième portrait de la galerie des cent-six Cleres et nobles femmes de Boccace, qui aborde ici le mythe de Manto, la fille du célèbre devin de Thèbes, Tiresias.
Le Dictionnaire portatif de mythologie pour l’intelligence des poètes, donne de Manto le portrait suivant[i]:« On dit que Thèbes ayant succombé sous les efforts des Epigones, dans la seconde guerre de Thèbes, Mantô, fuyant les vainqueurs, se retira à Claros où elle bâtit le temple d’Apollon Clarien. D’autres ont dit que, quand les Argyens pillèrent le temple de Thèbes, ils ne crurent pas s’acquitter du voeu qu’ils firent à Apollon de lui consacrer ce qu’il y avait de plus excellent dans leur butin, s’ils ne lui offraient Manto: elle fut donc envoyée au temple de Delphes.
Alcméon, qui avait été généralissime de l’armée qui prit Thèbes, eut deux enfants de Mantô: Amphilocus et la belle Thisphone ».
Voici comment Appolodore[ii] raconte la prise de Thèbes :
« III, 7, 1. Une fois sur le trône de Thèbes, Créon abandonna les cadavres des Argiens, sans sépultures ; par l’intermédiaire d’un héraut, il interdit qu’on les ensevelisse et posta des sentinelles. Antigone, une des filles d’Oedipe, déroba secrètement le corps de Polynice, et l’enterra. Mais elle fut découverte par Créon lui-même, et enterrée vive dans un tombeau. Adraste arriva à Athènes et se réfugia sur l’autel de la Pitié ; après y avoir déposé le rameau des suppliants, il implora que ses morts soient ensevelis. Les Athéniens s’armèrent, emmenés par Thésée ; ils conquirent Thèbes et rendirent les cadavres à leurs proches pour qu’ils les enterrent. Alors que brûlait le bûcher de Capanée, sa femme, Évadné, la fille d’Iphis, se jeta dans les flammes et périt à son côté.
« III, 7, 2. Dix ans plus tard, les fils de ceux qui étaient tombés – les Épigones, ainsi les appellait-on -, décidèrent de marcher sur Thèbes pour venger la mort de leurs pères. Ils interrogèrent l’oracle ; le dieu leur prédit la victoire, à la condition qu’Alcméon soit leur chef. Alcméon ne voulait pas prendre le commandement de l’expédition avant d’avoir puni sa mère ; et pourtant il y consentit : de fait, Ériphyle, ayant accepté le péplos de Thersandre, le fils de Polynice, avait persuadé aussi ses propres enfants de faire la guerre. Les Épigones choisirent Alcméon pour chef et partirent en campagne contre Thèbes. Voici les noms de ceux qui combattaient : Alcméon et Amphilochos, fils d’Amphiaraos ; Égialé, fils d’Adraste ; Diomède, fils de Tydée ; Promachos, fils de Parthénopée ; Sthénélos, fils de Capanée ; Thersandre, fils de Polynice ; Euryale, fils de Mécistée.
« III, 7, 3. En premier lieu, ils mirent à sac les villages des environs de Thèbes, puis ils combattirent valeureusement contre les Thébains que commandait Laodamas, le fils d’Étéocle. Laodamas tua Égialée, mais il fut lui-même tué par Alcméon. Après sa mort, les Thébains se réfugièrent à l’intérieur de leurs murs. Tirésias leur conseilla de déléguer auprès des Argiens un héraut pour négocier une trêve et, dans le même temps, de se disposer à fuir. Ils dépêchèrent donc un messager auprès de leurs ennemis, mirent les femmes et les enfants sur des chariots et quittèrent la ville. C’est à la nuit qu’ils arrivèrent à la source appelée Telphoussa ; Tirésias but de son eau et en mourut. Après avoir longtemps marché, les Thébains fondèrent la ville d’Hestia et s’y établirent.
« III, 7, 4. Quand les Argiens se furent aperçus, un peu plus tard, de la fuite des Thébains, ils entrèrent dans la ville, rassemblèrent le butin et détruisirent les murs. Ils envoyèrent une partie du butin à Apollon, à Delphes, mais aussi Mantô, la fille de Tirésias ; car ils avaient promis au dieu de lui consacrer la plus belle part du butin s’ils s’emparaient de Thèbes.
« III, 7, 7. Euripide rapporte que, pendant sa folie, Alcméon eut deux enfants de Mantô, la fille de Tirésias ; un garçon, Amphilochos, et une fille Tisiphone. Il les mena tout petits à Corinthe et confia leur éducation à Créon, le roi de la ville. Mais la femme de Créon, jalouse de l’extraordinaire beauté de Tisiphone, la vendit comme esclave, de crainte que Créon voulût l’épouser. Alcméon l’acheta et fit d’elle sa servante, sans savoir qu’elle était sa fille ; puis il retourna à Corinthe à la recherche de ses enfants, et il retrouva aussi son fils. Amphilochos, ensuite, sur l’ordre de l’oracle d’Apollon, colonisa Argos amphilochienne« .
Cependant, Appolodore souligne par ailleurs, une variante du mythe de Mantô, dans la Bibliothèque d’Apollodore l’Athénien[iii], que « suivant Pausanias, Mantô ayant été conduite à Delphes avec d’autres captifs, l’oracle leur ordonna d’aller fonder une colonie. D’après cet ordre, ils s’embarquèrent pour passer en Asie et ils abordèrent à Claros.
A leur arrivée, les Crétois qui y étaient déjà établis, accoururent en armes et les conduisirent à Rhacius leur chef, qui, ayant appris de Mantô qui ils étaient, leur permit de rester dans le pays et épousa Mantô dont il eut un fils nommé Mopsus qui devint lui-même un devin célèbre« .
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[i] Le Dictionnaire portatif de mythologie pour l’intelligence des poètes par André de Claustre, Tome 2 Paris 1765. Google Book.
[ii] Ugo Bratelli Apollodore La prise de Thèbes.
[iii] Bibliothèque d’Apollodore l’Athénien, Volume 2, Paris 1805. Google Book.
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