![Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard FrançaisFrançais 599, fol. 73, Mariamne I BNF](http://autourdemesromans.com/wp-content/uploads/2015/05/Français-599-fol.-73-Mariamne-I-300x201.jpg)
Boccace De mulieribus claris Traduction Laurent de Premierfait Illustrations Robinet Testard FrançaisFrançais 599, fol. 73, Mariamne I BNF
Il s’agit du quatre-vingt-cinquième portrait de la galerie des cent-six Cleres et nobles femmes de Boccace, qui présente Mariamne Hasmonéenne, seconde épouse du roi Hérode et soeur d’Aristobule.
Flavius Josephe raconte dans le premier livre de la Guerre des Juifs, comment la jalousie d’Hérode et les dénonciations de sa soeur Salomé, conduisent le roi, dans un accès de folle jalousie, à faire assassiner son épouse adorée.
« [240] Hérode, s’opposant à leur marche, livra bataille à l’entrée du territoire de la Judée et fut vainqueur. Antigone chassé, Hérode revint à Jérusalem, où sa victoire lui valut la faveur générale ; ceux même qui auparavant lui étaient hostiles s’attachèrent à lui, quand un mariage le fit entrer dans la famille d’Hyrcan. Il avait d’abord épousé une femme du pays, d’assez noble naissance, nommée Doris, dont il eut un fils, Antipater ; maintenant il s’unit à la fille d’Alexandre, fils d’Aristobule, et petite-fille d’Hyrcan, nommée Mariamme : il devenait ainsi parent du prince.
342 Après avoir réparti son armée en trois corps et coupé tous les arbres des faubourgs : il ordonna d’élever trois terrasses et d’y dresser des tours ; il chargea ses lieutenants les plus actifs de diriger ces travaux, et lui-même s’en alla à Samarie, rejoindre la fille d’Alexandre, fils d’Aristobule, à qui, nous l’avons dit, il était fiancé. Il fit ainsi de son mariage un intermède du siège, tant il méprisait déjà ses adversaires.
[431] Cependant la prospérité extérieure d’Hérode fut empoisonnée de chagrins domestiques par le sort jaloux ; l’origine de ses infortunes fut la femme qu’il aimait le plus. Arrivé au pouvoir, il avait répudié l’épouse qu’il s’était donnée dans une condition privée, Doris, originaire de Jérusalem, et pris pour nouvelle compagne Mariamme, fille d’Alexandre, fils d’Aristobule ; ce fut elle qui jeta le trouble dans sa maison. Ce trouble commença de bonne heure, mais s’aggrava surtout après le retour d’Hérode de Rome. Tout d’abord il chassa de la capitale le fils qu’il avait eu de Doris, Antipater, à cause des enfants que lui avait donnés Mariamme ; il ne l’autorisa à y paraître que pour les fêtes. Ensuite il mit à mort, sous le soupçon d’un complot, Hyrcan, grand-père de sa femme, qui était revenu de chez les Parthes auprès de lui. On a vu que Barzapharnès, lorsqu’il envahit la Syrie, avait emmené Hyrcan prisonnier ; mais les Juifs qui habitaient au delà de l’Euphrate obtinrent, à force de larmes, sa mise en liberté. S’il avait suivi leur conseil de ne pas rentrer auprès d’Hérode, il aurait évité sa fin tragique ; le mariage de sa petite-fille fut l’appât mortel qui le perdit. Il vint, confiant dans cette alliance et poussé par un ardent désir de revoir sa patrie. Hérode fut exaspéré, non pas que le vieillard aspirât à la royauté, mais parce qu’elle lui revenait de droit.
[435] Hérode eut cinq enfants de Mariamme, deux filles et trois fils. Le plus jeune de ceux-ci fut élevé à Rome et y mourut ; les deux aînés reçurent une éducation royale, à cause de l’illustre naissance de leur mère et parce qu’ils étaient liés après l’avènement d’Hérode au trône. Plus que tout cela, ils avaient pour eux l’amour d’Hérode envers Mariamme, amour de jour en jour plus passionné, au point même de le rendre insensible aux chagrins que lui causait l’aimée ; car l’aversion de Mariamme pour lui égalait son amour pour elle. Comme les événements donnaient à Mariamme de justes motifs de haine, et l’amour de son mari le privilège de la franchise, elle reprochait ouvertement à Hérode sa conduite envers son aïeul Hyrcan et son frère Jonathas ; car il n’avait pas même épargné cet enfant : investi à l’âge de dix-sept ans des fonctions de grand prêtre, il avait été mis à mort, aussitôt après son entrée en charge ; son crime fut qu’un jour de fête, comme, revêtu de la robe du sacerdoce, il montait à l’autel, le peuple assemblé en foule s’était mis à pleurer. Là-dessus Hérode le fit partir de nuit pour Jéricho, où, sur l’ordre du roi, les Gaulois le plongèrent dans une piscine et le noyèrent.
[438] Pour ces motifs Mariamme harcelait Hérode de ses reproches, poursuivant même de ses outrages la mère et la sœur du roi. Comme la passion d’Hérode continuait à le paralyser, ces deux femmes, bouillantes d’indignation, dirigèrent contre la reine la calomnie qui devait à leurs yeux toucher le plus vivement Hérode : l’adultère. Parmi tant d’inventions qu’elles imaginèrent pour le persuader, elles accusèrent Mariamme d’avoir envoyé son portrait à Antoine, en Égypte, et d’avoir poussé l’excès de son impudeur jusqu’à se montrer, absente, à un homme passionné pour le sexe et assez puissant pour la prendre de force. Cette accusation frappa Hérode comme un coup de tonnerre : l’amour allumait sa jalousie ; il se représentait avec quelle habileté Cléopâtre s’était débarrassée du roi Lysanias et de l’Arabe Malichos; il se vit menacé non seulement de perdre son épouse mais la vie.
[441] Comme il devait partir en voyage, il confia sa femme à Joseph, mari de Salomé sa sœur, personnage fidèle et dont cette alliance lui garantissait l’affection ; il lui donna en secret l’ordre de mettre à mort la reine, si Antoine le tuait lui-même. Là-dessus Joseph, sans aucune mauvaise intention, mais pour donner à la reine une idée de l’amour du roi, qui ne pouvait souffrir d’être séparé d’elle, même dans la mort, révéla le secret à Mariamme. Quand Hérode revint, il fit à Mariamme, dans l’effusion de leurs entretiens, mille serments de son affection, l’assurant qu’il n’aimerait jamais une autre femme. Alors la reine : « Tu l’as bien montré cet amour, dit-elle, par l’ordre que tu as donné à Joseph de me tuer ».
[443] En entendant ce propos, Hérode devint comme fou : il s’écria que Joseph n’aurait jamais trahi à la reine sa mission, s’il ne l’avait d’abord séduite. Égaré par le chagrin, il s’élança du lit et courut çà et là dans le palais. Salomé, sa sœur, saisit cette occasion d’enfoncer ses calomnies et fortifia les soupçons du roi contre Joseph. Affolé par l’excès de sa jalousie, il donna aussitôt l’ordre de les tuer tous les deux. Le regret suivi de près cette explosion de douleur, et quand la colère fût tombée, l’amour se ralluma de nouveau. Telle était l’ardeur de sa passion qu’il ne pouvait croire sa femme morte ; dans son égarement il lui parlait comme si elle respirait ; et quand enfin le temps lui eut fait comprendre sa perte, son deuil égala l’amour que vivante elle lui avait inspiré« .
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[i] Flavius Josephe Guerre des Juifs, Livre 1.
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