Le livre d’heures de Charles d’Angoulême est l’un des plus étonnants de la fin du quinzième siècle. Tout d’abord parce que les miniatures sont ici de véritables tableaux en pleine page. Ensuite parce que de nombreux dessins sont entièrement profanes, ce qui étonne dans un livre d’heures. Enfin, parce que certains dessins sont manifestement empruntés à des graveurs allemands sur cuivre soit une innovation, tout au moins pour les artistes de l’ouest de la France du XVème siècle.
Le Livre d’Heures de Charles d’Angoulême: la Mort du Centaure
Nous allons nous pencher sur le livre d’heures de Charles d’Angoulême et nous contenterons aujourd’hui d’examiner l’énigmatique miniature 41v qui représente la Mort du centaure. Cet article résulte du remarquable travail d’Ahuva Belkin[i], qui, à mon sens, a poussé plus loin que tout autre chercheur, l’explication de cette miniature.
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Tout d’abord, il convient de noter que la miniature figure au début de l’Office des morts. Le contenu d’un livre d’heures varie considérablement d’un ouvrage à l’autre, tant au texte que dans son illustration car il n’est pas contrôlé par des règles liturgiques rigides. L’office des morts contient habituellement des scènes de la bible, telles que la résurrection de Lazare, le jugement dernier et la libération des âmes sortant des bouches de l’enfer. Mais il comporte également des scènes réalistes comme la préparation du corps des défunts, le cortège funèbre autour du cercueil, les processions funéraires, la messe de requiem, ou encore les leçons de morale, telles que la danse macabre. C’est à cette dernière catégorie que l’auteur attribue cette miniature.
La mort du Centaure: une danse macabre ?
L’auteur plante ainsi le décor, sans préciser du reste pourquoi il s’agit d’une danse macabre ni le sens de cette dernière, supposé possédé par le lecteur.
La danse macabre « naît du Dit des trois morts et des trois vifs, un poème anonyme du XIIIe siècle : la Mort, un squelette plus ou moins revêtu de chair, incite trois jeunes nobles à renoncer aux vanités terrestres. Au XIVe siècle, marqué par les épidémies, les famines et la guerre de Cent Ans, la perception d’une vie humaine en sursis ne cesse de croître, au point de perdurer une fois la prospérité revenue. Cela explique que le poème soit toujours recopié. En 1485, une ultime version est publiée par le libraire parisien Guyot (Guy) Marchant. Le ton est satirique et chacun peut se retrouver dans la trentaine de personnages dialoguant avec une Mort en veine de raillerie. C’est un formidable succès d’édition (au moins seize éditions de Danses macabres sont répertoriées jusqu’en 1500), qui inspire d’autres peintres, des illustrateurs, des sculpteurs ou des écrivains »[ii].
Les cinq poèmes des « trois morts et des trois vifs »[iii] racontent tous, à quelques variantes près la même histoire de trois squelettes à moitié revêtus de chair qui rencontrent trois damoiseaux ou trois rois. La façon d’aborder le thème de la mort, par un cadavre décharné est nouvelle au XIIIème siècle. Elle va rapidement connaître au XIVème siècle une grande vogue parmi les artistes. La parenté frappante existant entre le thème de ces poèmes et celui de la Danse macabre, née en 1424, est la réunion de squelettes décharnés avec des personnages vivants. La danse macabre illustre la fragilité de la vie et la fin, assignée par le destin à tous les hommes.
Mais la matière de la Danse macabre est plus riche que celle des « Trois dits… » : dans la Danse macabre figurent tous les âges et toutes les classes de la société alors que dans les « Trois dits… », ne sont présents que trois damoiseaux ou trois rois. En revanche, « les poèmes renferment une plus grande variété d’idées : on y trouve des réflexions sur la vie et la destinée humaine, une satire de l’aveuglement des hommes et une exhortation chaleureuse à faire le bien et à fuir le péché. A la veille de la Renaissance, ces idées changent : la poésie macabre du Moyen Age laisse le pas à une poésie nouvelle : la mort reste le grand sujet de l’inspiration poétique mais des accents personnels et une mélancolique émotion prennent le pas sur la prédication religieuse : c’est ce qui transparaît dans les poésies de François Villon »[iv].
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On considère[v] la danse macabre du Cimetière des Innocents, peinte à Paris en 1424, comme le point de départ de cette tradition. « Sur ces fresques, un cadavre décharné ou un squelette est couplé avec un représentant d’une certaine classe sociale. Le nombre des personnages et la composition de la danse dépendent du lieu de création. La danse macabre prend le plus souvent la forme d’une farandole. En-dessous ou au-dessus de l’illustration sont peints des vers par lesquels la Mort s’adresse à sa victime, souvent d’un ton menaçant et accusateur, parfois sarcastique et empreint de cynisme. Puis suit la supplique de l’Homme, pleine de remords et de désespoir, mendiant la pitié. Mais la Mort entraîne tout le monde dans la danse de l’ensemble de la hiérarchie cléricale comme le pape, les cardinaux, évêques, abbés, chanoines, prêtres, des représentants du monde laïque, les empereurs, rois, ducs, comtes, chevaliers, médecins, marchands, usuriers, voleurs, paysans et jusqu’à l’enfant innocent. La Mort ne regarde ni le rang, ni les richesses, ni le sexe, ni l’âge de ceux qu’elle fait entrer dans sa danse».
La Danse Macabre de Bernt Notke (1434-1509) Eglise Saint Nicolas à Tallinn Source Wikipedia (EN) et Estonie.
Inspiration mythologique ou allégorique ?
Revenons maintenant à notre miniature 41v. Certains auteurs ont voulu voir dans cette œuvre un sujet mythologique. Ahuva Belkin nous fait d’abord remarquer que si l’artiste avait voulu centrer l’attention autour du centaure, il n’aurait pas peint une femme sauvage sur son dos. Ce qui fait la caractéristique de cette œuvre, c’est la présence, outre les trois personnages du centaure et de ses deux agresseurs, de la femme sur son dos et de la mort qui l’attaque. Il ne s’agit pas, à l’évidence d’un sujet mythologique. Il peut s’agir en revanche d’une miniature allégorique.
Dans ce cas, quelle est la signification du centaure portant une femme sur son dos ? Et quel sens faut-il donner à la Mort qui vient frapper le centaure ?
Tout d’abord, le centaure : c’est un sujet mythologique qui exprime d’habitude la lutte des Centaures et des Lapithes. Chiron, le Centaure est un ami d’Hercule qui se blesse accidentellement d’une flèche empoisonnée.
Filippino Lippi Le Centaure blessé – Huile sur toile – Université d’Oxford Collèges Le sujet de cette œuvre provient d’un texte d’Ovide qui raconte comment Chiron le Centaure se blessa accidentellement et mortellement avec les flèches d’Hercule enduites du poison de l’Hydre de Lerne.
Ce sujet mythologique n’est manifestement pas celui de la miniature car dans cette dernière, le centaure se défend contre l’agression de deux hommes. Il convient donc d’examiner d’autres occurrences iconographiques.
Piero di Cosimo – 1462-1522 Le Combat des Centaures et des Lapithes Huile sur panneau H 0,71 L 2,60 National Gallery Crédit Photo Via Wikipedia (Article sur Piero di Cosimo) The Yorck Project: 10.000 Meisterwerke der Malerei
Dans cette peinture de Piero di Cosimo, le combat des centaures est présenté dans le cadre d’une opposition classique entre la tribu des centaures et celle des Lapithes à l’occasion du mariage de Pirithoüs et Hippodamie. Il n’y a pas de femme sauvage dans cette lutte.
Les trois personnages du centaure et de ses deux agresseurs ont été empruntés à une gravure de IAM de Zwolle « La mort du centaure » qui est clairement un sujet mythologique. Le fait d’y ajouter des éléments supplémentaires montre la volonté de déborder et déformer le sujet initial.
La mort du Centaure par IAM de Zwolle Image proposée, sans indication de source, par Fineart América
Le centaure dans l’imaginaire chrétien médiéval
Force est donc d’examiner la représentation du centaure dans l’imaginaire médiéval chrétien. C’est un monstre mi-homme mi-cheval : c’est une allégorie de la « bête ». Mais que fait donc cette scène de combat dans l’Office des morts d’un livre d’heures ?
D’après Ahuva Belkin, il s’agit probablement d’une illustration du thème plus général de la lutte de l’homme contre la bête, de l’homme contre les forces obscures. Il est de fait que l’usage de la mythologie pour représenter d’autres sentiments, s’est répandu dans l’art aux XIVème et XVème siècles à une époque où les allégories étaient à la mode.
A la fin du XVème siècle, on puise abondamment dans les métamorphoses d’Ovide pour trouver de nouvelles allégories. Plusieurs textes latins et français présentaient du reste Ovide comme un moraliste c’est-à-dire non seulement un poète moral, mais « quelqu’un par qui on pouvait apprendre des leçons de morale. »
Erwin Panovski[vi] a placé le personnage d’Hercule gravé par Albrecht Dürer dans un tableau allégorique de la vertu qui lutte contre le vice. C’est la vertu descendue de son château qui attaque la femme nue dans les bras du satyre, qui représente la volupté. La présence d’Hercule dans ce tableau, semble du côté du vice car il fait mine de parer avec son bâton les coups vengeurs de la Vertu.
Hercule estampe / AD A. Dürer Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie Permalien
Ici se trouve associée une femme nue, comme dans notre miniature, mais avec un satyre, non un centaure ! Ahuva Belkin s’efforce alors de démontrer que satyres et centaures représentent deux termes distincts d’un même concept de la bête. Elle note que dans son esquisse préliminaire de sa gravure d’une famille de satyres (1505), Dürer avait mis un centaure à la place du satyre : le Satyre comme le centaure étaient en effet considérés, du point de vue chrétien, comme des démons. Dante compte du reste le centaure parmi les terreurs de l’enfer. Elle souligne enfin que le thème de la lutte contre la bête, comme incarnation du mal, est illustré par nombre d’œuvres de la Renaissance.
D’après elle, la miniature 41v évoque donc la lutte de l’homme contre le vice dans une conception médiévale de la psychomachie [vii]. Le centaure et le satyre sont en effet des créatures interchangeables pour l’homme du moyen-âge.
A l’appui de cette déduction, elle cite un dernier exemple, celui du Tableau de Mantegna au Louvre : « L’expulsion des vices du Bosquet ». Minerve avec son casque représente probablement la Prudence, rendue plus forte par les célestes apparitions de la Justice, de la Force d’Ame et de la Tempérance, se précipite pour libérer le bosquet de l’invasion des vices qui s’enfuient en désordre. L’arbre est entouré d’une banderole sur laquelle on peut lire en latin, en grec et en hébreu, « En Avant divers compagnons des vertus, qui nous reviennent de haut, rejetez de nos mers ces monstres affreux des vices ». Bien en vue parmi les vices apparaît le centaure avec une femme sur son dos !
Minerve chassant les Vices du Jardin de la Vertu Fait partie des œuvres ornant le Studiolo d’Isabelle d’Este au Palazzo Ducale de Mantoue Vers 1520 par Mantegna Andrea (1431-1506) Crédit photographique (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot N° d’inventaire INV371 Fonds Peintures Huile sur toile H 1,610 L 1,920 Paris, musée du Louvre
On pourra noter que la représentation du monstre marin par Durer présente également une femme sur son dos : il s’agit probablement d’une variante iconographique de la représentation du vice.
Albrecht Dürer Le monstre marin 1498 Gravure 0,246 x 0,147 mm Metropolitan Museum of Art, New York
Ahuva Belkin estime donc que le centaure mourant, dans l’allégorie de la miniature 41 v représente l’image du vice. Mais que fait la femme sur son dos ?
Le sens de l’allégorie
On remarque tout d’abord que cette femme est couverte d’une fourrure : c’est donc une femme sauvage. L’auteur nous fait observer que dans la tradition littéraire médiévale, les sauvages sont de même nature ainsi que le déclarait Isidore de Séville : « les faunes, les hommes sauvages et les satyres sont identiques entre eux et ils sont même identiques aux centaures ».
L’ensemble du paysage de la miniature est fondamentalement symétrique. Du côté gauche, opposé au château de vertu, il y a le pays inculte soit le symbole du chaos. C’est une forêt épaisse avec des animaux sauvages : un lion apparaît à l’orée de la forêt.
Ainsi, on peut supposer que le centaure et la femme sur son dos ne font qu’un : la personnification du vice. Le Centaure et la femme sauvage sur son dos ont la même nature et représentent le mal dans l’allégorie chrétienne.
Que la Mort ait choisi comme victime une créature mythologique du paganisme ne surprend pas Ahuva Belkin. Selon elle, la présence de la mort s’explique car dans les livres d’heures, la danse macabre apparaît dans l’Office des Morts. Dans beaucoup de livres d’heures, la mort apparaît entourée d’un drap blanc et menaçant sa victime d’une lance.
C’est le cas dans la miniature suivante où la mort vient frapper toutes les classes de la société: c’est donc clairement une variante de la danse macabre.

Le Maître d’Antoine de Bourgogne La mort frappant toutes les classes de la société SMITH LESOUEF 73 BNF
La Mort frappant toutes les classes de la société Livre des bonnes moeurs. – Bruges. Auteur : Jacques Legrand (1360 ?-1425 ?) . Date : 1465(?)-1470 (?). Collection : Antoine, bâtard de Bourgogne ; Charles de Croÿ ; La Rochefoucauld ; Smith-Lesouëf. Maître d’Antoine de Bourgogne (15e siècle) enlumineur Crédit photographique (C) BnF, Dist. RMN-Grand Palais / image BnF N° d’inventaire SMITH LESOUEF 73 Folio 58 Miniatures et enluminures parchemin, peinture sur papier Bibliothèque nationale de France (BnF)
Mais l’auteur de dit pas ce qui, dans la miniature des heures d’Angoulême, lui fait penser à une danse macabre car la mort frappe le centaure un personnage mythique et non un personnage vivant! En dehors de l’association entre la Mort et des personnages vivants, rien dans la miniature ne fait penser à une farandole !
En interprétant la miniature comme une allégorie traitant du mal, du plaisir et du désir, en présence de la Mort, Ahuva Belkin dit suivre une longue tradition. Ce qui paraît partiellement exact : en effet, quand la mort est associée à la femme, l’allégorie n’a pas le même sens. L’allégorie de la jeune fille et la mort n’a rien à voir avec la danse macabre mais davantage avec le plaisir et le désir.
La jeune fille et la mort Hanz Baldung Grien 1520 Musée de Bâle
La jeune fille et la mort est un thème récurrent chez les artistes allemands de la Renaissance : il met en relief le lien entre la sexualité et la mort. « Dans ce type d’iconographie, la demoiselle n’est plus entraînée dans la danse mais dans un échange sensuel qui s’érotise avec le temps. Malgré la sensualité, on n’oublie pas la morale : le caractère éphémère de la vie et de la beauté »[viii].
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Video You Tube Quatuor à Cordes n°14 « La jeune fille et la mort » Franz Schubert 1824 Ré mineur D810
Mais il ne paraît pas possible de relier ce thème à la miniature car la Mort n’est pas en relation avec la jeune fille mais avec le centaure.
Peut-être l’auteur s’est-elle rendue compte que ses explications tombaient un peu court car elle s’est demandée qui sont les vices représentés par le centaure et la femme sauvage ? Elle pousse alors l’argument un peu loin en avançant qu’il s’agit peut-être de Louis XI et Anne de Beaujeu.
Il paraît difficile de la suivre dans cette voie. Même si Charles d’Angoulême avait des raisons de s’opposer politiquement à Anne de Beaujeu, il n’aurait jamais représenté le roi et sa fille dans un tableau symbolique de la mise à mort du vice !
Il faut penser je crois que le mystère de la miniature reste entier. L’auteur a centré toute son analyse sur la mort du Centaure et de la femme sauvage. A aucun moment, elle n’analyse le rôle des deux tueurs et leur symbolique dans l’allégorie.
Si l’on admet qu’il s’agit d’une danse macabre, alors le sens de l’allégorie peut être celui de la lutte des hommes contre le vice, au terme de laquelle, la Mort se présente, inéluctable. Il faut donc travailler aujourd’hui à faire le bien.
Mais si ce n’est pas une danse macabre ? Alors l’allégorie reste une énigme.
Une solution de l’énigme ?
J’émets personnellement une hypothèse qui vaut ce qu’elle vaut car elle demande à être étayée.
Cette hypothèse part de la question suivante : par suite de quels hasards ces gravures de Israhel Van Meckenem et de IAM de Zwolle sont-elles tombées entre les mains de Robinet Testard ?
Beaucoup de chercheurs estiment que la réutilisation de ces dessins dans les Heures de Charles d’Angoulême, prouve l’existence d’une relation entre l’art graphique allemand et les miniaturistes français. C’est la question de l’œuf et de la poule : qui a influencé qui et comment ?
Mais ce qui est étonnant c’est que l’on ne retrouve pas, ultérieurement, dans l’œuvre de Robinet Testard la réutilisation de ce procédé. C’eût été facile pourtant pour le peintre enlumineur, d’appliquer la même technique à d’autres dessins !
Il y a à mon avis un nom qui aurait pu compter pour beaucoup dans cette relation : Anthoine Vérard, l’imprimeur du Comte d’Angoulême[ix]. Dès 1484, Vérard se spécialise en effet sur un nouveau créneau d’activité : la gravure sur bois enluminée (une technique qui vise à colorier des gravures sur bois pour donner l’illusion de l’enluminure) qui lui permet d’accélérer la vitesse de conception et de réalisation de ses éditions. Il est donc très probable que, à l’occasion de sa recherche de gravures sur bois, il ait également collecté des gravures sur métal, dont un autre des contemporains de Robinet Testard, Israhel Van Meckenem inondait alors l’Europe. Que le comte d’Angoulême, en relation très étroite avec Anthoine Vérard, ait récupéré directement chez l’imprimeur ces gravures, qui lui plaisaient très certainement, pour les remettre à son peintre enlumineur, est une probabilité.
A .Matthews qui a examiné en détail les « Heures de Charles d’Angoulême » [x] a noté la probabilité d’une parfaite entente entre Robinet Testard et son commanditaire. Il est possible que Testard, dont il s’agissait là de la première œuvre d’importance, ait cherché avant tout à faire plaisir ou flatter le comte d’Angoulême en réutilisant des gravures que ce dernier lui aurait présentées. D’autant que le travail à réaliser était extrêmement important et que le principe de la participation d’autres peintres (Bourdichon et son atelier) à la conception de cette œuvre, semble avoir été prévue depuis le départ.
Si tel est le cas, Testard serait parti de la gravure de IAM de Zwolle qu’il aurait transformée et non d’une allégorie qu’il aurait cherché à illustrer.
Si cette interprétation est fondée, peut-être ne faut-il pas trop s’attacher au sens exact de l’allégorie et y voir simplement comme le suggère du reste Ahouda Belkin, une rencontre à caractère général, du vice, du plaisir et du désir face à la Mort ?
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[i] Ahuva Belkin Article « La mort du Centaure – A propos de la miniature 41 v du livre d’heures de Charles d’Angoulême » Artibus et Historiae Vol 11 n°21 – 1990. Lien Jstor .
[ii] Exposition organisée en 2010 par la Réunion des Musées Nationaux (RMN) au Grand Palais sur le thème « FRANCE 1500 ENTRE MOYEN ÂGE ET RENAISSANCE ». Le dossier pédagogique à l’usage des enseignants, présenté par la RNM, comprend un exposé succinct mais complet de l’art et des artistes de cette période de transition qui s’ouvre à la Renaissance. Les informations, puisées à la meilleure source, donnent, pour chacun des sujets abordés un outil puissant d’analyse et de compréhension.
[iii] Que l’on peut trouver dans une édition de 1914 présentée par Stéphane Glixelli, Docteur de l’Université de Paris, sur le site « La Mort dans l’Art« . Il y a en effet cinq poèmes différents qui reprennent la même histoire, écrite par des auteurs distincts.
[iv] Stephane Glixelli op.cit.
[v] Toujours sur le site très complet « La Mort dans l’Art« . Voir également l’article de la REVUE FRANCOPHONE DE GÉRIATRIE ET DE GÉRONTOLOGIE • MAI 2007 • TOME XIV • N°135.
[vi] Hercule à la croisée des chemins et autres matériaux figuratifs de l’Antiquité dans l’art plus récent (1930), traduit par Danièle Cohn, Flammarion, 1999. Panovski y travaille entre 1927 et 1929, et le publie à Leipzig en 1930 (cf.PANOFSKY À LA CROISÉE DES CHEMINS OU : L’INVENTION DE LA RENAISSANCE, UN CHOIX « HUMANISTE » ? LECTURE MÉTACRITIQUE D’UNE MYTHOPOÉTIQUE PANOFSKIENNE « Panofsky CRIC Sorbonne« .
[vii] La psychomachie (article Wikipedia) est une œuvre du poète chrétienPrudence (né en 348 et mort après 405) qui met en scène le combat entre les figures allégoriques des vices et des vertus. Le poème présente sept combats de vertus avec son vice, contraire exact.
[viii] « La mort dans l’Art » : déjà cité.
[ix] Voir l’article sur Antoine Vérard dans ce même Blog.
[x] Dans l’article « L’usage des Gravures dans les Heures de Charles d’Angoulême ».
[…] Il y a d’abord la mort du centaure. (Voir l’article : La mort du Centaure par Robinet Testard: un mystère éclairci ou épaissi ?) […]