Les Este, déjà ducs de Modène et de Reggio, marquis puis ducs de Ferrare, vont être des grands constructeurs de palais princiers dont la plus forte partie a aujourd’hui disparu, leurs richesses inouïes ayant été dispersées. L’évocation de Ferrare dans ce Blog, ne serait pas complète sans revisiter les prestigieux palais de Ferrare construits par les Este et les fameux « delizie » édifiés dans la campagne autour de Ferrare. La disparition de ces merveilles d’art est une tragédie dont l’Etat pontifical est en grande partie responsable, n’ayant porté, à compter de l’éviction des ducs d’Este, en 1598, aucun intérêt à l’entretien du patrimoine laissé par les ducs de Ferrare.
Les quatre palais princiers évoqués dans cet article, ne sont pas les seuls, construits par les ducs d’Este, à avoir disparu. Mais ce sont les plus emblématiques de la grande période fastueuse du quattrocento et du début du cinquecento de la renaissance italienne.
La première résidence des marquis de Ferrare: le palais municipal
Avant la construction du Castello, les marquis d’Este résidaient dans cet édifice situé en vis-à-vis de la cathédrale de Ferrare. Une série de transformations au cours des siècles, ont, peu à peu, complètement transformé la physionomie de ce bâtiment au point que l’image du vieil édifice initial a totalement disparu. Ce palais a vécu pourtant de bien curieux souvenirs historiques.
Il a abrité Petrarque en 1370, lorsque ce dernier se rend de Padoue à Rome. Le pape Eugène IV, qui vient à Ferrare (voir l’article sur ce Blog sur Le Pogge: la première renaissance littéraire à Florence) pour y tenir le concile oecuménique, bientôt transféré à Florence à cause d’une épidémie de peste, est reçu dans ce palais d’où il va bénir la population de Ferrare et qui va abriter les premières sessions du concile. C’est le même palais qui abrite le pape Pie II lorsqu’il traverse Ferrare pour se rendre au congrès de Mantoue (voir sur ce Blog l’article sur l’ascension des Borgia de Calixte III à Alexandre VI) en 1459. C’est dans ce palais que réside Calvin, qui trouve, grâce à la protection de la princesse Renée de France, fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne et duchesse de Ferrare, qui l’a invité, un abri, en 1535.
C’est Azzo VII d’Este (voir sur ce Blog l’article sur Une grande famille de la renaissance, les Este de Ferrare), qui édifie ce palais en 1242, deux ans après sa reconquête de Ferrare sur Salinguerra Taurelli, où il rédige, dit-on, son testament. Le palais est brûlé par la faction gibeline de Ferrare à la fin du treizième siècle, l’édifice est alors complètement reconstruit mais de graves incendies survenus en 1328, en 1509 et en 1532, vont y occasionner des dégâts irréparables. Le palais a été magnifiquement décoré au cours du quatorzième et du quinzième siècle.
Disparues les fresque du Giotto (1266-1337), exécutées en 1318, après la reconstruction. Disparues les fresques commandées par le duc Borso d’Este à Piero della Francesca (1415-1492) et à Cosme Tura (1430-1495). Disparues la statue équestre de Nicolas III et la statue assise de Borso, placées en 1472 aux côtés de l’entrée du palais qu’on appelle dès lors « volto del cavallo« . Où est passé le double portique qui servait de bourse pour les affaires de Ferrare et où leurs seigneurs recevaient souvent les suppliques de leurs sujets ? Où est passée la majestueuse tour de Rigobello ou tour de l’horloge, tour construite sous Obizzo II en 1283, et dans laquelle Borso avait installé sa bibliothèque ?
Elle s’est écroulée en 1553, après avoir beaucoup souffert d’un tremblement de terre en 1496 et avoir été en partie détruite par la foudre, en 1536: elle n’a jamais été reconstruite. Disparue, la longue loggia avec des colonnes de marbre, construite en 1503 par Ange Francesco Sardi en face du palais épiscopal. Disparue également cette grande salle au-dessus de la loggia où on avait placé des décors fixes et où seront jouées plusieurs comédies dont celles de l’Arioste (1474-1533).
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Le palais de Belfiore: la première « delizie«
Albert d’Este, qui règne de 1388 à 1393, fait construire ce palais en 1392 par Bertolino di Maestro Giovanni da Novara, dans la partie du faubourg de Saint Leonard, aujourd’hui intégrée dans la ville. A l’époque de sa construction, où les coups de mains restent fréquents, les seigneurs de Ferrare ne veulent pas trop s’éloigner de la capitale de façon à pouvoir s’y réfugier très rapidement en cas d’attaque imprévue.
A la mort d’Albert, en 1393, le palais de Belfiore n’est pas achevé. Son fils, Nicolas III, ordonne tardivement d’en poursuivre les travaux qui seront cependant suspendus à sa mort en 1441. C’est Lionel, le nouveau marquis d’Este, qui décide d’en faire sa résidence. L’époque des guerres civiles et du Castello est désormais révolue. L’heure est aux résidences d’agrément et aux palais ouverts pour le plaisir de vivre. Voulant y habiter même l’hiver, Lionel y fait ajouter des appartements exposés au sud et ne renonce à rien qui puisse l’embellir. Antonio del Cossa et Antonio Brassavola sont chargés d’achever le palais dont la décoration est confiée à Jacopo da Sansigni, dit Sagramoro.
Les efforts de Lionel d’Este vont surtout porter sur la décoration du studiolo, voulu par ce dernier, l’écrin de ses collections, afin de répandre partout, grâce à la république des lettres, le renom du prince au bon gouvernement. Le décor en est particulièrement soigné et le programme, confié à l’humaniste de Cour, Guarino da Verone, en liaison avec les artistes, pour exalter la personnalité du commanditaire. Le studiolo d’Este, qui est le premier du genre à la Renaissance est conçu pour mettre en scène les qualités humanistes du Prince de la renaissance italienne et son bon gouvernement. Le palais de Belfiore a disparu mais on peut se faire une idée du luxe de ce studiolo, en visitant celui du duc d’Urbin, Frédéric de Montefeltre, imité, d’après celui de Ferrare, que le grand condottiere a bien connu lors de ses visites à Borso d’Este (voir sur ce Blog la cour fastueuse du duc d’Urbun, mécénat et grandeur).
Cette petite pièce devra abriter les collections les plus précieuses de celui qui règne sur Ferrare. Il pourra y recevoir, sans façons, presque familièrement, les ambassadeurs, les humanistes, les savants et les professeurs de l’Université de Ferrare, qui pourront, par le spectacle des merveilles, qui y sont rassemblées, y trouver de nouvelles sources d’inspiration. Lionel d’Este innove ainsi, à l’instar de tous les princes d’Italie une forme nouvelle du prince, proche de ses sujets mais un guide, qui se situe à la pointe du savoir et des arts.
Les boiseries sculptées sont confiées à Arduino da Baisio tandis que la marqueterie est réalisée par des artistes allemands et italiens, les frères Lorenzo et Cristoforo Canossi da Lendinara, Biagio da Bologna, Agostino, Leonardo et Simone di Alemagna, Bartolommeo di Niccolo Giovanni, Giovanni de Alemagna et Giorgio et Giustino Tedeschi, qui vont y produire, de 1449 à 1543, des marqueteries « d’une exquise élégance« .
Le programme iconographique des neuf muses, est confié à Cosme Tura (1430-1495), le peintre de cour, qui associe ses élèves, notamment Angelo Maccagnino de Sienne et Francesco del Cossa (1436-1478).

Studiolo de Belfiore muse Uranie Angelo Maccagnino élève de Cosme Tura Image Wikipedia Pinacoteca Nazionale de Ferrare Palazzo dei Diamanti

Studiolo de Belfiore muse Erato Angelo Maccagnino Image Wikipedia Pinacoteca Nazionale de Ferrare Palazzo dei Diamanti
Le studiolo de Lionel comprenait également une petite collection de manuscrits infiniment précieux. Il y installe également un triptyque de Rogier van der Weyden, le peintre flamand, qui fait un séjour de trois ans à Ferrare, représentant Adam et Eve chassés du paradis, la descente de croix et un roi agenouillé: ce fait est décrit par Facio de la Spezia, dans son livre « de viris illustribus » écrit entre 1453 et 1457, une anecdote rapportée Gustave Gruyer qui précise par ailleurs qu’il est possible que le tableau de la « Pieta » du Musée des Offices (n°795) soit un fragment de ce triptyque.
Sous le règne de Borso, le palais de Belfiore reçoit de nouveaux embellissements : dans son ouvrage « De amaenitate, utilitate, magnificentia Herculei Boschi« , Lodovico Carbone rapporte que « toutes les faces de l’édifice étaient ornées de portiques, que, sous celui de la façade, Angelo da Siena (Maccagnino), avait peint le portrait et les exploits du marquis Albert et que Cosimo Tura orna plusieurs pièces de ses oeuvres magistrales« . Alphonso di Spagna et Gherardo di Andrea da Vicenza (1424-1485), enrichissent également le studiolo ou Borso se plait, comme son frère, à recevoir les poètes et les ambassadeurs.

Gherardo di Andrea Fiorini da Vicenza Detail du triomphe de Ceres Palais Schifanoia
Sous le règne d’Ercole Ier, Ercole Roberti est chargé de diriger les travaux des artistes qui interviennent à Ferrare. Un peintre nommé Lazaro Grimaldi peint en 1496, la fable de Psyché, dans le grand salon. Fino Marsigli de Vérone, qui est présent à Ferrare, de 1472 jusqu’à sa mort en 1505, peint de son côté des sangliers, des écrevisses et des tigres, dans des salles qui prennent les noms de ces animaux, réalise des fresques de huit figures sur des fonds de verdure dans une loggia et une frise représentant un château fort.
C’est au palais de Belfiore que sera signée, en 1450, la paix entre Alphonse, roi de Naples et Venise et que Borso y loge Jean Galeazzo Sforza, en 1459, venu à Ferrare avec une suite de trois cent dix personnes pour assister à l’entrée solennelle de Pie II. Ricciarda de Saluces, la mère d’Ercole 1er, y habite de 1472 à sa mort en 1474. En 1501, c’est à Belfiore qu’est conclu l’accord verbal entre les envoyés d’Alexandre VI et le duc Ercole, pour le mariage d’Alphonse d’Este et de Lucrezia Borgia. Le 28 juillet 1502, le duc de Valentinois, Cesare Borgia, passe déguisé, accompagné de cinq cavaliers, à Ferrare, pour y surprendre sa soeur: il n’y reste que deux heures et repart en hâte avec Alphonse pour se rendre auprès du roi Louis XII à Milan.
Biaggio Rosetti est chargé par Ercole d’agrandir le palais de Belfiore et d’y ajouter deux parcs appelés le Barco et le Barchetto, ce dernier, contigu au château. Des murs et des fossés entourent alors le barchetto et on y accède par quatre portes munies de pont-levis. Au milieu se trouvait une pièce d’eau circulaire, dont le centre était orné d’une loggia. Le reste du terrain était consacré aux fleurs et aux arbres fruitiers. Quant à l’aménagement du Barco, qui va nécessiter le travail de deux mille paysans, réquisitionnés, il est peuplé d’animaux (lapins, lièvres, sangliers, daims, cerfs et paons. Ercole organise au Barco, entre 1486 et 1498, des courses de chevaux, d’ânes, de boeufs et même de femmes.
En 1632, le palais de Belfiore est encore intact. Depuis lors, nul ne sait ce qu’il est devenu.
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Le palais de Belriguardo
Le palais de Belriguardo, situé à sept kilomètres de Ferrare, près de Voghera, a été commencé par ordre du marquis d’Este, Nicolas III. Les travaux ont débuté en 1435 sous la direction de l’architecte Giovanni da Siena. Le palais de Belriguardo a l’apparence au début, d’un château fort, avec des remparts crénelés. Jacopo Turola va peindre des fresques, en 1441, dans les tours et il décore un colombier. Plusieurs autres artistes s’occupent pendant la même période de la décoration des chambres.
Lionel, qui succède à son père Nicolas, comme marquis d’Este, en 1440, préfère le palais de Belfiore. Il fait poursuivre cependant la construction et la décoration du palais de Belriguardo, C’est lui qui fait construire les « chambres vertes » et la « salle des Sibylles« . Sur son ordre, Brassavola réalise des voûtes et des colonnes, en 1445, et Arduino da Baisio « incisor lignaminis » sculpte les boiseries du cabinet du prince.
Lionel fait également travailler des peintres à fresques: Niccolo Panizzato notamment et Jacopo da Soncino dit Zagramoro qui représente en outre, dans la tour du palais, l’emblème de la famille d’Este, un aigle blanc sur fond d’azur et l’emblème particulier de Lionel, un anneau avec un diamant et une marguerite. Le peintre Victor Pisano réalise un tableau pour le prix de 75 ducats d’or, qu’il remet en 1447. Lionel va mourir au château de Belriguardo en 1450, où habite Borso, son successeur.
Le goût de Borso est celui de la renaissance et l’aspect rébarbatif, à l’air de forteresse médiévale, doit être adapté au goût du jour. Borso confie les travaux de consolidation et de modification en profondeur de la structure, à deux architectes, Pier di Ronchogallo, puis, en 1465, Pietro di Benvenuto, placés sous la direction de l’architecte ducal, Rigone. Alvise sculpte des colonnes et des chapiteaux en 1457, Meo di Checo, des couvercles en marbre pour les puits, en 1461 et Cristofano da Mantova amène l’eau du Pô dans les viviers du parc, en 1463. Le peintre Galasso di Matteo Piva intervient en 1451 dans les salles déjà décorées avant la mort de Lionel.
Le palais de Belriguardo reçoit de nouveaux embellissements sous le duc Ercole d’Este. On sait que, en 1494, Ercole Roberti est attelé à la tâche de décorer à fresque, deux salles du palais, sous le regard passionné du jeune fils d’Ercole, Alphonse. Quant au travail accompli par Cosme Tura, sur la chapelle du palais de Belriguardo, ce sera l’une des oeuvres principales du maître. Une convention est signée le 30 mai 1469 entre Borso d’Este et Cosme Tura, par laquelle ce dernier s’engage à fournir, en cinq ans, les peintures à fresque du palais. Borso lui fournit un logement, un revenu régulier, les couleurs et il choisit les sujets. Mais, avant de commencer son travail, Cosme Tura est parti, sur instruction de Borso, étudier à Brescia, les peintures de Gentile da Fabriano, considéré comme « le maître des maîtres« , réalisées sur la chapelle du Broletto, sur l’ordre de Pandolfo Malatesta. Cosme Tura se met au travail au début de l’année 1470 et il effectue la livraison le 24 mars 1472, après la mort de Borso d’Este.

Gentile da Fabriano Vierge à l’enfant avec saint Nicolas et sainte Catherine. Vers 1405. Tempera sur panneau de bois. Berlin, Staatliche Museen
Le palais de Belriguardo auquel le duc Ercole fait ajouter de nouvelles constructions à la fin du quinzième siècle, par l’architecte Biagio Rossetti, a fini, à en croire les « Discorsi » d’Annibale Romei, par avoir autant de pièces qu’il y a de jours dans l’année et il est renommé pour sa magnificence de bon goût. C’est à Belriguardo que Torquato Tasse, sitôt engagé par Alphonse II, va travailler à son poème de la « Jerusalem délivrée« , qui va connaître un très grand succès d’édition.

Portrait du Tasse 1577 Fürstlich Thurn und Taxissches Schlossmuseum, Ratisbonne, Allemagne Image Wikipedia
Le palais de Belriguardo va être la victime collatérale du coup de force de l’Etat pontifical sur Ferrare. A partir du départ des ducs d’Este pour Modène, le palais n’est plus entretenu. A la fin du XVIIème siècle, il est déjà à l’état de ruine avancée. Il n’en reste plus rien à ce jour.
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La résidence du Belvédère
La résidence du Belvédère est construite par Girolamo da Carpi, entre 1514 et 1516, pour Alphonse 1er d’Este, un peu au delà du Castel Telaldo, sur l’extrémité d’une île du Pô, de forme ovale et d’un mille de longueur environ. Un mur crénelé l’entourait de toutes parts.
On abordait dans l’île par un magnifique escalier en marbre, débouchant, le mur passé, sur une cour ornée de parterres gazonnés et « pourvue d’une fontaine. Au fond de la cour, s’élevait le palais, avec un double portique, soutenu par des colonnes corinthiennes. Un atrium, couvert de peintures, donnait accès aux salles de réception et de festins, couvertes également de peintures et remplies de sculptures. De grandioses escaliers conduisaient à des appartements somptueux qu’avaient décorés les deux Dossi, assistés de Girolamo da Carpi. Plusieurs pièces étaient tendues de tapisseries tissées d’après les dessins ou les cartons de Jules Romain et d’Antonio Licinio, dit le Pordenone. Aux côtés du palais, sur la même ligne, on voyait deux tours, accompagnées de portiques. L’une d’elles, était la retraite préférée du duc, et était contiguë à la chapelle, dont la décoration était entièrement due à Giovanni et Battista Dosso… ».
La résidence est chantée avec enthousiasme par tous les poètes, et notamment par l’Arioste dans son Roland furieux et par Giulio Cesare Bordoni, dans son Elysium, dédié à la princesse Isabelle d’Este. Beaucoup d’auteurs en prose l’ont également célébrée de sorte que les informations sur cette villa, sont assez précises. C’est là que le duc aimait loger ses invités de marque et recevoir le témoignage de leur admiration.
Renée de France, la fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne, qui a épousé le duc d’Este, Alphonse, à Paris, le 28 juin 1528, s’arrête à la villa du Belvédère, avant d’entrer à Ferrare.
« A la fin du seizième siècle, la résidence appartenait à la duchesse d’Urbin, qui l’abandonna au cardinal Pietro Aldobrandino, et celui-ci s’empressa de la vendre à son oncle Clément VIII, devenu maître de Ferrare. Afin de tenir en respect ses nouveaux sujets, le souverain pontife fit construire une vaste forteresse dont une partie engloba l’île du Belvédère. Tout ce que l’on admirait dans cette île, fut sacrifié en 1603 à des calculs stratégiques. Du reste, ce ne fut pas seulement la résidence du Belvédère qui disparut alors: on abattit aussi pour le même motif, plusieurs palais dans le faubourg de Saint-Jacques, quelques tours, un couvent, six églises, un hôpital et le castel Tedaldo, construit à la fin du dixième siècle. Après deux cents ans d’existence, la forteresse fut détruite à son tour« .
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[i] Cet article a été réalisé à partir du livre en deux volumes, « L’art Ferrarais à l’époque des Princes d’Este » par Gustave Gruyer, Vol 1 et Vol 2, PLON, Paris, 1897.
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